Pendant des centaines d’années, différents envahisseurs ont échoué à diviser le peuple égyptien. Les envahisseurs sont partis et l’Egypte est restée unie. Seuls les Frères musulmans, qui sont arrivés au pouvoir un an après la révolution du 25 janvier 2011, ont réussi à diviser le pays. Et après leur départ, les impacts de cette division ont persisté jusqu’aux élections parlementaires qui se sont dernièrement tenues pour donner naissance à un parlement dont l’image reste ambiguë et inquiétante.

D’abord, le nouveau parlement ne repose pas sur la base populaire qui correspond à la phase importante que vit actuellement l’Egypte. Le taux de participation aux élections a été très faible, ce qui exprime une position claire du peuple envers son parlement. Notons aussi que les divisions à l’intérieur du nouveau parlement provoquent un manque de crédibilité. Et le peuple, grâce à sa conscience, a compris que les élections parlementaires ne se sont pas caractérisées par la transparence requise. Cela non à cause de la fraude ou d’un rôle négatif de l’Etat, mais à cause de l’achat des voix par les candidats, ce qui est encore plus dangereux.

Ensuite, certaines figures du régime de Moubarak se sont infiltrées dans le nouveau parlement. Leur position dépendra de l’évolution des conflits à l’intérieur du parlement.

Et en plus des tentacules de l’ancien régime, des salafistes ont réussi à obtenir des sièges. Même si leur nombre est minime, ils peuvent être influents et personne ne sait encore de quel côté ils se rangeront.

Il existe aussi un énorme bloc parlementaire qui luttera pour le pouvoir, tandis que l’équilibre sous la coupole est encore incertain. Ce bloc conservera-t-il son union ou connaîtra-t-il des divisions face au conflit d’intérêts ? A noter que les prémices de cette division sont apparues quand certaines forces ont refusé d’adhérer au front de Daam Misr (le soutien de l’Egypte), alors que d’autres s’en sont effectivement retirés.

Par ailleurs, malgré la pluralité des forces et groupes dans le nouveau parlement, personne ne peut prétendre qu’il défend les droits des pauvres d’Egypte, lesquels constituent la réelle force de la société.

En effet, les paysans, les ouvriers, les artisans et les habitants des régions rurales et des zones sauvages ne sont pas représentés dans le parlement qui, en réalité, ne représente pas le peuple égyptien. C’est pour cela qu’un important écart persistera entre les Egyptiens sous la coupole et ceux à l’extérieur.

C’est-à-dire que les grandes questions qui concernent les pauvres du pays resteront non traitées par le parlement, surtout que tous les blocs, toutes identités confondues, ont des intérêts personnels auxquels ils accordent la priorité et qu’ils ont l’intention de défendre coûte que coûte.

L’Egypte a aujourd’hui plus que jamais besoin de l’union de son peuple avec des députés qui, avant de mettre le pied au parlement, ont déjà commencé leurs querelles.

A ce parlement, il manque une mobilisation populaire convenable, de vrais symboles politiques et nationaux, un peuple uni et des personnes qui réalisent l’ampleur de cette responsabilité. Et il lui manque surtout la vision et les objectifs sur lesquels il y aurait une unanimité, loin des intérêts personnels.

Le paysan égyptien cherchera dans ce parlement divisé des voix qui pourraient le défendre et protéger ses droits.

Les habitants des zones sauvages chercheront des personnes qui adopteront leur cause et croiront en leur droit de vivre avec respect et humanité.

Et les jeunes de ce pays chercheront des symboles capables de réaliser les rêves des deux révolutions. Pour l’instant, nombreux sont ceux qui observent de loin les conflits entre les forces d’un parlement qui n’est pas encore entré en vigueur.

L’Egypte a aujourd’hui plus que jamais besoin de s’unir, car la réalité qui nous entoure est effrayante : guerres civiles, ingérences étrangères, peuples éparpillés à cause des divisions et des conflits.

Le feu nous cerne et personne ne peut prédire le destin d’une nation arabe sinistrée.

Je garde encore la conviction que les membres du nouveau parlement se réuniront en un seul bloc pour l’intérêt de l’Egypte et pour affronter une réalité difficile et assumer leur réelle responsabilité.