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Riyad veut contrer le terrorisme

Dimanche, 20 décembre 2015

L’Arabie saoudite a annoncé cette semaine par le biais de son ministre de la Défense et vice-prince héritier, Mohamad Bin Salman, la formation d’une coalition de 34 pays musulmans destinée à contrer le terrorisme. La coalition, dirigée par Riyad, rassemble une pléthore de pays allant du Sahel à l’Afrique noire en passant par le Maghreb, l’Afrique de l’Est ou la région du Golfe.

Des puissances sunnites régionales comme l’Egypte et la Turquie en font également partie. Un centre de coordination doit être mis en place à Riyad dans les prochaines semaines. Selon les responsables saoudiens, la coalition travaillera sur des bases sécuritaires et militaires, notamment l’échange de renseignement, l’entraînement et le déploiement de troupes si nécessaire, et ce, « à la demande des pays concernés » et selon les moyens disponibles. En outre, des mécanismes sont annoncés pour contrer les capacités d’endoctrinement des groupes djihadistes, omniprésents sur les réseaux sociaux.

La coalition intervient dans un contexte régional particulièrement tendu. Riyad, déjà engagée dans une guerre coûteuse au Yémen contre les rebelles houthis soutenus par l’Iran, doit aussi faire face à la menace de l’Etat islamique et de l’Iran. Or, Riyad qui se sent injustement lâché par les Etats-Unis, qui ont conclu en juillet un accord nucléaire avec l’Iran, veut prendre « sa sécurité régionale en main ». La formation de la coalition est à ce niveau très révélatrice. Composée de pays essentiellement sunnites, celle-ci exclut l’Iran et ses deux alliés régionaux, à savoir la Syrie et l’Iraq. Il s’agit donc d’un front sunnite destiné à faire face à la menace iranienne et à celle de l’EI au nord du royaume.

L’Arabie saoudite est déjà engagée avec les autres monarchies arabes du Golfe dans une coalition dirigée par les Etats-Unis et destinée à frapper l’EI en Syrie. Mais les Saoudiens ne semblent pas convaincus de l’efficacité des frappes occidentales contre Daech, et trouvent que ces frappes n’ont bénéficié qu’au régime alaouite de Bachar Al-Assad, grand allié de l’Iran, envers lequel Riyad n’a jamais caché son hostilité.

L’annonce de la coalition intervient également quelques semaines seulement après les attentats de Paris. Or, le Royaume saoudien est excédé par les critiques de la presse occidentale qui l’accuse de liens avec Al-Qaëda. Dans ce contexte, la création de cette coalition est un message aux Occidentaux selon lequel Riyad est déterminée à faire face au terrorisme.

Il reste à savoir sur quelles bases cette coalition va fonctionner, et quel sera concrètement son agenda. Il semblerait que celle-ci ait été mise en place dans la précipitation. Et il faudra sans doute attendre les prochaines semaines pour obtenir des réponses à ces questions .

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