Dans l’ensemble des pays du monde arabe, on parle beaucoup de l’extrémisme dans l’enseignement, que ce soit dans les programmes scolaires ou dans la vie scolaire elle-même. Des voix s’élèvent réclamant la révision des programmes considérés comme incitant à l’extrémisme, bien qu’il soit difficile de mettre tous les systèmes scolaires dans le même panier, car les situations politiques, culturelles et sociales diffèrent d’un pays à l’autre. Certains programmes sont influencés par l’extrémisme et tentent de s’en débarrasser, alors que d’autres ont été bâtis sur des fondements extrémistes et nécessitent une révision complète. C’est donc autour d’une table regroupant 30 chercheurs de différents pays arabes qu’une vaste discussion s’est engagée autour de l’enseignement et de l’extrémisme, à l’invitation du Centre de Jérusalem pour les études politiques, en Jordanie.
D’abord, il existe une unanimité à dire que les programmes scolaires renferment différentes sortes d’extrémisme, allant des exagérations évidentes au fanatisme et à la haine. Cependant, une vague de changement a atteint de nombreux pays qui se sont hâtés d’intégrer de nouvelles notions dans les systèmes éducatifs comme le pluralisme, la diversité, l’acceptation de la différence et la tolérance. Même si ces notions ont été intégrées de manière superficielle, marginale ou inerte, ne permettant nullement l’interaction des élèves. Ces valeurs ne sont rien de plus que des notions intégrées dans les programmes scolaires, sans avoir pour objectif de convaincre les élèves de l’importance de ces notions et de les adopter dans leur vie quotidienne. Ce qui a largement réduit l’importance de ces révisions. De plus, dans les pays qui connaissent un pluralisme religieux, confessionnel et ethnique, les systèmes éducatifs n’ont pas présenté d’images justes de l’autre. Au contraire, dans de nombreux cas, elles ont été déformées ou ont présenté un aspect erroné : ce sont là les résultats d’une étude de terrain.
Ensuite, il existe une autre unanimité, à dire que le processus éducatif n’est pas seulement un programme scolaire : c’est aussi ce qu’on appelle le programme parallèle qui a trait aux relations des enseignants avec les élèves, aux activités éducatives et à la vie scolaire de manière générale. Dans ce contexte, il est important de signaler l’atmosphère porteuse d’extrémisme avec la dominance du « par coeurisme », la suppression de la pensée critique, l’oppression, l’absence d’imagination, la faiblesse de participation et le manque d’ouverture sur la société extérieure. De quoi faire passer l’école d’une institution sociale ouverte à une institution bureaucratique fermée. Afin de comprendre l’importance de l’aspect pratique dans la construction d’une culture civile contemporaine chez les élèves, nous devons lire le pacte moral adopté par les écoles de France.
Les courants extrémistes ont fait de l’enseignement un objectif immédiat et dans les systèmes éducatifs, il est difficile d’isoler les situations éducatives dépassées de la faiblesse de l’immunité face à l’extrémisme tandis que malheureusement, dans de nombreux pays arabes, les institutions éducatives sont devenues caduques et ne contribuent en rien à la formation intellectuelle et psychologique des élèves. Elles ne présentent pas de diplômes capables d’entrer en concurrence sur le marché du travail régional ou international. Ce sont là des choses que l’on ne peut négliger dans notre lutte contre l’extrémisme. Dans celles-ci, la première arme n’est pas la révision des programmes scolaires, mais la création d’une nouvelle culture attrayante et constructive. Si l’extrémisme apporte une culture rigide refusant la différence de l’autre, il faut en contrepartie présenter une culture alternative basée sur le dialogue, la démocratie et l’ouverture sur la société. Il faut inculquer aux élèves la vision humaine de la vie et leur permettre d’exercer cette vision à l’intérieur comme à l’extérieur de l’école .
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