Tandis que la violence est à son comble dans les territoires occupés, où des dizaines de Palestiniens ont incendié, vendredi dernier, le tombeau de Joseph à Naplouse, site sacré du judaïsme dans le nord de la Cisjordanie occupée, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, s’est hâté d’appeler séparément le président palestinien Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et leur a demandé « d’oeuvrer en vue de ramener le calme dans les territoires ». Kerry, qui espère se rendre au Proche-Orient au moment opportun, a discuté avec Netanyahu d’une éventuelle rencontre en Europe dans un proche avenir, selon un haut responsable du département d’Etat.
La flambée de violences avait débuté le 1er octobre en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, favorisée par les incursions répétées de la police israélienne au sein de la mosquée d’Al-Aqsa, pour mettre fin à des heurts déclenchés par la venue de juifs orthodoxes. Et les violences se sont étendues pour la première fois à la bande de Gaza. La Cisjordanie et Jérusalem-Est sont à présent le théâtre d’affrontements quotidiens entre Palestiniens et soldats et policiers israéliens. Des agressions mutuelles ont régulièrement lieu entre Palestiniens et colons israéliens, ce qui fait craindre une nouvelle intifada.
Face à cette flambée de violence, Netanyahu, soumis à la pression de son opinion publique, mais aussi à celle de ses adversaires politiques qui lui demandent d’endiguer la violence, a joué jusqu’à présent la carte du « tout sécuritaire » en multipliant les mesures de rétorsion à l’égard des Palestiniens : arrestations, confiscation des terres et démolition des maisons, et en déployant des unités de l’armée le long de la frontière avec Gaza. Mais Netanyahu est soumis aussi à des pressions de la part des Américains et de la communauté internationale. Il ne peut maintenir longtemps cette politique dangereuse au risque de produire un embrasement généralisé. Les territoires palestiniens ont déjà connu une intifada en 1987 et une autre en 2000.
Politiquement, le premier ministre israélien aurait beaucoup à perdre d’une troisième intifada, qui risque non seulement de renforcer le poids du Hamas et du djihad islamique en Cisjordanie, mais aussi de lui valoir des critiques acerbes tant au sein de son cabinet et dans les rangs de l’extrême droite qu’au sein de la communauté internationale, pour son incapacité à endiguer la violence. Le premier ministre israélien serait à présent disposé à négocier avec les Palestiniens. Il a annoncé cette semaine être prêt à rencontrer le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Certains analystes évoquent déjà un compromis entre le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne en vertu duquel Israël s’engage à réduire les visites des extrémistes juifs sur l’Esplanade des mosquées, et aurait en échange les mains libres pour mener des opérations en Cisjordanie contre les activistes du Hamas .
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