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Washington et la visite du roi Salman

Dimanche, 06 septembre 2015

La visite cette semaine aux Etats-unis du roi Salman d’Arabie saoudite reflète la volonté de Washington et de Riyad d’apaiser leurs relations quelque peu tendues. Cette visite est la première du monarque saoudien à la Maison Blanche, depuis son accession au trône en janvier dernier. Riyad et Washington sont en froid depuis que Barack Obama a donné son appui aux négociations nucléaires avec l’Iran. Négociations qui ont mené à la conclusion, le 14 juillet dernier, d’un accord entre Téhéran et les grandes puissances. En vertu de celui-ci, la République islamique accepte de soumettre ses installations nucléaires au contrôle de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) en échange d’une levée des sanctions internationales imposées depuis 2006.
Or, Riyad et ses alliés du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) voient d’un mauvais oeil l’accord en question. Ils craignent que la levée des sanctions ne favorise un renforcement de l’influence de l’Iran dans la région. Le roi Salman ne s’était pas rendu à un sommet organisé en mai dernier à Camp David par Barack Obama pour tenter de rassurer les pays du Golfe sur l’accord, ce qui avait été interprété comme un signe de mécontentement, même si officiellement, l’Arabie saoudite a finalement « bien accueilli » l’accord avec l’Iran. Outre l’accord nucléaire iranien, Riyad et Washington sont également en désaccord sur la Syrie et le Yémen. L’Arabie saoudite, qui soutient le départ du régime de Bachar Al-Assad à Damas (allié de l’Iran), n’a pas apprécié la décision de Barack Obama de ne pas intervenir militairement en Syrie en 2013 après l’usage d’armes chimiques par le régime syrien.
Enfin concernant le Yémen, bien que les Etats-Unis aient soutenu la volonté saoudienne de contrer les rebelles chiites Houthis dans ce pays (soutenus par l’Iran), ils ont mis en garde à plusieurs reprises contre l’impact du conflit sur les civils. Face au spectre d’une montée en puissance de l’Iran, l’Arabie saoudite exige un rehaussement de ses relations militaires avec Washington. Elle demande à savoir comment Washington entend contrer l’influence iranienne au Proche-Orient, et elle réclame un soutien plus grand des Américains à l’opposition syrienne. Mais en dépit de toutes ces divergences, Washington et Riyad ont tenté de contenir leurs différends. Lors de brèves remarques dans le Bureau ovale, le roi Salman a souligné que sa visite était « le symbole de la relation forte et profonde entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis ».
Quant à Obama, il a parlé d’une « amitié profonde et durable entre les deux peuples ». En réalité, chaque pays a besoin de l’autre. L’Arabie saoudite compte essentiellement sur les Etats-Unis pour sa défense. Et pour Washington, Riyad reste l’un des principaux clients de l’armement américain. Enfin, les Etats-Unis ont besoin de leur allié saoudien pour la lutte contre le terrorisme notamment contre l’Etat Islamique (EI), sans compter que Riyad possède les plus grandes réserves de pétrole au monde, même si aujourd’hui les Américains produisent autant sinon plus d’or noir. Le partenariat stratégique entre Riyad et Washington est toujours vivant même s’il a quelque peu perdu de son lustre .
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