Le gouvernement libyen a appelé les pays arabes à lancer des frappes aériennes contre le groupe Etat Islamique (EI) qui vient de s’emparer de nouveaux territoires en Libye. Les autorités libyennes, reconnues internationalement et qui ne contrôlent qu’une fraction du territoire libyen, affirment ne pas être en mesure de faire face aux terroristes de l’EI en raison de l’embargo sur les armes imposé à la Libye. La progression de l’EI en Libye a été favorisée par le recul des deux gouvernements en place dans ce pays, affaiblis politiquement et financièrement par les luttes internes et la guerre civile. Le pays compte en effet deux gouvernements. Le gouvernement, internationalement reconnu, siège à Tobrouq à l’est, tandis que son rival siège à Tripoli à l’ouest.
Avec la progression de l’EI en Libye, le pays fait face à un scénario des plus catastrophiques et pourrait devenir un nouvel Afghanistan ou une nouvelle Somalie. Le groupe intégriste se pose désormais comme une menace pour les pays de la région. L’Egypte s’inquiète tout particulièrement de l’avènement de groupes terroristes à ses frontières Ouest, fait qui l’amènerait à lutter contre le terrorisme sur deux fronts différents (le Sinaï et sur la frontière libyenne). Le groupe intégriste avait tué en février dernier 21 coptes égyptiens dans la région de Misrata, ce qui avait poussé Le Caire à lancer des frappes aériennes contre les fiefs du groupe en Libye. Mais outre l’Egypte, la progression de l’EI en Libye est une source d’inquiétude pour des pays comme le Tunisie, l’Algérie et même le Mali et le Maroc. La présence de l’EI à la frontière tunisienne implique, en effet, un risque de déstabilisation pour la Tunisie. Les combattants de l’EI pourraient facilement s’infiltrer à l’intérieur du territoire tunisien, et essayer de recruter de nouveaux membres. Selon le ministère tunisien de l’Intérieur, 3 800 Tunisiens sont embrigadés dans les rangs de l’EI en Iraq et en Syrie. Or, ces combattants qui ont reçu un entraînement militaire retourneront un jour dans leur pays. Le risque d’une immigration massive de Libyens fuyant les combats est également très vif. La présence de l’EI en Libye lui ouvre la voie vers le Sahel, une région habitée par des tribus où il n’y a aucune présence étatique.
L’Europe n’est pas épargnée non plus par la menace de l’EI. A partir de la Libye les combattants de l’EI peuvent facilement menacer les frontières sud de l’Europe. Le chaos libyen pourrait en outre accentuer le problème de l’émigration clandestine vers l’Europe, sans parler du risque que l’EI exploite cette immigration clandestine pour infiltrer des combattants en Europe. Toutes ces considérations rappellent l’urgence d’une action internationale pour faire face au groupe terroriste. Car en l’absence d’une telle action, les conséquences politiques, sociales et économiques pour les pays de la région peuvent s’avérer fâcheuses .
Lien court: