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Les limites de l'EI

Dimanche, 16 août 2015

Le groupe de l’Etat Islamique (EI) a revendiqué l’attentat du 6 août visant une mosquée du quartier général des forces spéciales en Arabie saoudite à Abha, chef-lieu de la province d’Assir dans le sud du pays. L’attaque, l’une des plus meurtrières de ces dernières années, avait fait 15 morts dont 12 policiers. Dans un communiqué de sa branche Province d’Al-Hijaz, l’Etat islamique a affirmé que l’attentat avait été commis par « l’un de ses combattants » Abou Sinan Al-Najdi, qui a fait détoner sa ceinture d’explosifs dans la mosquée. La région est proche de la frontière avec le Yémen, où l’Arabie saoudite dirige une coalition arabe contre les chiites houthis soutenus par l’Iran, afin de les empêcher de prendre le contrôle du pays. L’attentat du 6 août est le quatrième d’une série d’attaques menées par le groupe extrémiste au sein du Royaume wahhabite. Trois précédents attentats suicide menés en juillet et en mai derniers en Arabie saoudite avaient également été revendiqués par le groupe, notamment dans les régions de Qatif et de Dammam.

Le ministère saoudien de l’Intérieur a révélé quelques jours après l’attentat l’identité de son auteur, un Saoudien de 21 ans dénommé Youssef Bin Sleimane Bin Abdallah Al-Sleimane.

Après avoir dominé de larges segments des territoires iraqiens et syriens, l’EI a les yeux rivés sur l’Arabie saoudite qu’il cherche à déstabiliser en exacerbant les tensions sectaires. Le groupe, dont l’idéologie est basée sur l’idée du califat islamique, cherche à fonder un Etat transnational au Moyen-Orient en y semant le chaos. L’avènement de l’EI en Iraq et en Syrie a été notamment favorisé par le vide sécuritaire et politique dans ces deux pays, résultant des conflits sectaires apparus après l’invasion américaine de l’Iraq. L’avancée de l’EI en Iraq a été surtout favorisée par le mécontentement de la minorité sunnite, victime de la politique discriminatoire de l’ancien premier ministre iraqien, Nouri Al-Maliki. Ce dernier, craignant une insurrection sunnite contre son pouvoir, avait marginalisé les sunnites au profit des chiites avec l’appui de l’Iran. En Syrie, l’EI a certes profité des politiques brutales du régime alaouite contre la majorité sunnite, qui lui ont donné l’opportunité de se présenter comme « le défenseur des sunnites». Les groupes extrémistes, comme l’EI et Al-Qaëda, ont réussi à s’implanter dans les pays où sévissent des conflits sectaires ou politiques et où l’Etat centralisé est faible ou quasi inexistant comme au nord du Mali et en Libye. Mais la situation est différente dans les autres pays de la région, que l’EI tente de déstabiliser, comme la Jordanie ou l’Arabie saoudite, où les sunnites représentent l’écrasante majorité de la population, où les institutions de l’Etat sont fermement contrôlées, et où il n’y a pas de conflits sectaires à proprement parler. Dans un tel contexte, l’EI a bien peu de chance de réussir .

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