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Absence de stratégie antiterroriste

Dimanche, 12 juillet 2015

Nombreux sont les discours sur le terro­risme et ses séquelles ainsi que sur la nécessité de le contrer. Mais les méthodes jusqu’ici utilisées sont trop traditionnelles et reflètent une incapacité de penser de manière créative. La guerre contre le terrorisme fut déclarée voilà deux ans au moins et le bilan de victimes ne cesse de croître. Et ce, en l’absence d’une stratégie de lutte à long terme. Au milieu de tout ce bouillonnement il existe un quasi-consensus que l’on peut repérer dans les dis­cours des responsables et les écrits des intellec­tuels, experts et analystes sur le fait que ladite lutte ne doit pas être exclusivement sécuritaire. Ces propos ne sont cependant que des opinions individuelles qui ne se sont pas concrétisées en un plan d’action. Ce qui fait que, dans la plu­part du temps, les débats sur la lutte antiterro­riste se limitent à des rencontres, des col­loques, ou des déclarations, des condamnations très fortes, souvent sans connaissance suffi­sante des faits et encoure moins de la réaction adéquate. Tout cela ne représente pas une base sur laquelle nous pouvons construire une stra­tégie antiterroriste à long terme. Le moins que l’on puisse dire est que nous avons affaire à une attitude désuète qui appartient notamment aux élites voulant se rapprocher du pouvoir sans se soucier de mettre au point une politique méthodique pour contrer le terrorisme.

Une stratégie de lutte antiterroriste doit opé­rer à plusieurs niveaux : sécuritaire, culturel, religieux et politique. Toutes ces composantes doivent se complémentariser dans le cadre d’une stratégie claire, souple et susceptible d’évoluer.

L’enseignement, par exemple, souffre de problèmes majeurs, le système ne nourrit plus l’esprit critique et d’initiative chez les étu­diants et ne leur assure plus une formation culturelle suffisante. Ceci sans parler des pro­grammes bourrés d’idées incitant à l’extré­misme.

Il en est de même pour la culture qui souffre d’un recul et qui s’est limitée à une élite acadé­mique au langage hautain, incapable de com­muniquer un message à la société. Or, la culture doit être à portée de tous. Il s’agit de rendre accessibles la lecture, le théâtre et la musique afin de réaliser une « justice cultu­relle », que ce soit au niveau géographique ou générationnel. L’existence de structures cultu­relles closes ou non performantes ne sert à rien, ces entités doivent travailler plus effica­cement et devenir productives pour les masses. Quant aux institutions religieuses, elles sont régies par des considérations compliquées et sont toujours incapables de développer le dis­cours religieux adapté à la vie quotidienne et plus centré sur les relations humaines et sociales entre les citoyens. En effet, le produit religieux est rigide et les responsables demeu­rent incapables de le faire évoluer en liant la religion à la liberté, au développement, à la lutte contre la discrimination et la pauvreté. Le discours religieux traditionnel se limite aux rites alors que la société grouille de change­ments sociaux, culturels et économiques. Le mot d’ordre est donc la mobilisation des citoyens en stimulant leurs capacités, en solli­citant leur participation et en leur donnant l’espoir et l’optimisme nécessaires à cette entreprise de changement. Ce qui ne saurait se réaliser en dehors d’un cadre de transparence, de lutte contre la corruption et de respect des droits et des libertés .

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