Le 30 juin 2013. Sur la place Ittihadiya et sur toutes les places d’Egypte, une immense cohorte. Des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes brandissant les drapeaux de l’Egypte sont descendus par millions pour réclamer le départ du régime des Frères musulmans. Une véritable marée humaine. L’intervention de l’armée aux côtés de cette volonté populaire va totalement changer, dans les jours qui suivent, le destin de l’Egypte.
Sur le plan interne tout d’abord, l’Egypte s’éloigne du spectre de l’Etat théocratique religieux et conserve le statut qui a toujours été le sien, celui d’un Etat civil basé sur la citoyenneté et l’égalité des droits, loin de tout sectarisme religieux et loin de toute discrimination basée sur le sexe ou la religion. La nouvelle Constitution égyptienne, adoptée le 15 janvier suite à un référendum, met l’accent sur cette identité civile de l’Egypte et entérine le principe de la citoyenneté. Elle accorde par ailleurs à la femme des droits bien plus larges que ceux de la précédente Constitution votée sous le régime des Frères.
Les Frères étaient en effet venus au pouvoir avec un projet politique visant notamment à « frériser » l’Egypte et la transformer à terme en Etat islamiste et théocratique. Sur le plan externe, la révolution du 30 juin a changé l’équilibre des forces sur la scène régionale, mettant fin au projet des Frères d’intégrer l’Egypte à un axe islamiste régional. Outre le rapprochement avec le régime islamo-conservateur de Recep Tayyib Erdogan en Turquie, les Frères ont opéré un rapprochement, même timide, avec le régime iranien, pensant sans doute pouvoir jouer les médiateurs entre Téhéran et l'Occident.
Ils ont éveillé ainsi les craintes des pays du Golfe et mis en danger les intérêts de l’Egypte dans cette région. Les Frères avaient également pris leurs distances avec l’Autorité palestinienne et amorcé un rapprochement avec le Hamas. Un fait qui inquiétait les pays occidentaux, notamment les Etats-Unis qui considéraient le Hamas comme un mouvement terroriste. Les Frères sont allés jusqu’à encourager les jeunes d’Egypte à faire le djihad contre le régime syrien aux côtés des factions islamistes. Un fait qui portait atteinte à la sécurité nationale. Avec la révolution du 30 juin, l’Egypte s’est replacée sur la scène arabe après une année de « froid » avec les pays du Golfe. Un fait parfaitement en accord avec ses intérêts stratégiques dans le Golfe.
La mauvaise gestion des Frères et leurs efforts au service de leur projet régional ont failli compromettre les intérêts de l’Egypte dans la région. Même si tous les problèmes ne sont pas réglés et même si le chemin est encore long, la révolution du 30 juin a certes rectifié le tir et permis à l’Egypte un nouveau départ .
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