Plus d’un an après la conclusion de l’accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, en avril 2014, les deux mouvements palestiniens ont consommé cette semaine leur rupture. Le premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, a remis mercredi dernier la démission de son gouvernement d’union au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
L’OLP, dominée par le Fatah, et le Hamas s’étaient réconciliés en avril 2014 après des années de déchirement qui ont tourné à une quasi-guerre civile en 2007. Un gouvernement d’unité avait été constitué, composé de technocrates, peu avant la guerre de juillet 2014 dans la bande de Gaza. Mais cet accord de réconciliation n’est jamais entré en application en raison des querelles continuelles entre les deux mouvements. Tandis que le Fatah de Mahmoud Abbas accuse le Hamas de « ne pas vouloir céder le pouvoir dans la bande de Gaza » et de « mener des négociations indirectes avec Israël » court-circuitant ainsi l’Autorité palestinienne, le Hamas accuse le Fatah de « comploter secrètement contre lui » et de vouloir « l’exclure de l’équation politique ». Les deux camps s’accusent mutuellement de faire obstacle à la reconstruction de l’enclave de Gaza après les dévastations de la guerre de l’été 2014 avec Israël. Et les élections promises dans un délai de six mois après la formation du gouvernement n’ont jamais eu lieu.
Les raisons de cette rupture sont multiples. Il s’agit surtout de la fragilité de l’accord de réconciliation. Celui-ci n’a jamais été basé sur une entente réelle entre les deux mouvements, mais plutôt sur les intérêts réciproques. Le Hamas, qui avait choisi de se rallier au camp islamiste dans le sillage du Printemps arabe en soutenant le régime des Frères musulmans en Egypte, s’est retrouvé isolé après la chute des Frères. En se positionnant contre le régime de Bachar Al-Assad, le Hamas avait perdu un soutien financier vital fourni par l’Iran. Le gouvernement d’union était pour lui une solution pour sortir de son isolement et atténuer sa crise financière en bénéficiant du budget de l’Autorité palestinienne. Le Fatah, lui, décrédibilisé par l’échec des négociations avec Israël, était à la recherche d’une nouvelle légitimité.
Mais derrière cette réconciliation de façade dictée par les intérêts se cachait un énorme fossé idéologique. A la différence du Fatah qui est laïque, le Hamas est un mouvement à caractère religieux.
La rupture entre le Fatah et le Hamas fait bien évidemment le jeu d’Israël. L’union palestinienne ne pouvait en effet qu’améliorer l’image des dirigeants palestiniens auprès des Occidentaux et des instances internationales, et favoriser le projet d’établissement de l’Etat palestinien. Avec cette lutte fratricide et un processus de paix au point mort depuis des années, les perspectives de création d’un Etat palestinien semblent plus sombres que jamais.
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