Le régime syrien a perdu samedi la ville stratégique de Jisr Al-Choughour, prise par des combattants du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaëda, et des groupes rebelles islamistes. Ces derniers contrôlent désormais la ville située sur la route menant à la province de Lattaquié, le fief du président Bachar Al-Assad. « Le Front Al-Nosra et des bataillons islamistes sont entrés dans Jisr Al-Choughour après de violents combats avec les forces du régime. Ils ont pris le contrôle total de la ville, et des combats ont lieu désormais au sud et à l’est de la ville », a précisé le directeur de l’Organisation Syrienne des Droits de l’Homme (OSDH).
Jisr Al-Choughour, qui comptait quelque 45 000 habitants avant 2011, a une grande valeur stratégique, car elle est proche de la Turquie, pays favorable à la rébellion. La chute de Jisr Al-Choughour intervient quelques mois après la prise d’Idleb, deuxième capitale provinciale de Syrie à échapper au régime de Bachar Al-Assad, par le groupe Al-Nosra. Le régime syrien semble ainsi perdre son contrôle sur le nord-ouest de la Syrie. Désormais, le territoire qu’il contrôle est entièrement encerclé par les djihadistes de l’EI et du Front Al-Nosra allié aux rebelles. La présence du régime dans la province d’Idleb se limite maintenant aux villes d’Ariha, d’Al-Mastoumé et de Qarlmid où se trouvent d’importantes casernes de l’armée.
Un tournant dans la guerre qui ravage la Syrie depuis 4 ans ? Rien ne permet de l’affirmer pour l’instant. Il s’agit cependant d’une victoire stratégique pour les islamistes qui combattent le régime syrien. Sur le plan militaire, la prise de Jisr Al-Choughour permet aux djihadistes d’ouvrir une route vers Lattaquié à partir d’Idleb et de Hama, ce qui peut favoriser grandement une future offensive sur Lattaquié et les fiefs du régime sur la côte méditerranéenne comme Qardaha. Sur le plan politique, la perte de Jisr Al-Choughour est un coup dur pour le régime de Bachar Al-Assad. Celui-ci se trouve fragilisé à quelques jours des négociations de Genève. Le médiateur de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé en effet qu’il entamerait début mai à Genève des consultations séparées avec des représentants du régime, de l’opposition et de la société civile, ainsi qu’avec des acteurs régionaux. La capture de Jisr Al-Choughour vient une fois de plus rappeler le faible poids de l’opposition modérée face aux djihadistes, soutenus par certains pays du Golfe. La quasi-totalité de la province d’Idleb est désormais sous l’emprise d’Al-Nosra.
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