Lévon Amirjanyan, représentant de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) pour le Moyen-Orient.
Photos: Ahmed Refaat
Al-Ahram Hebdo : Qu’est ce qui distingue la célébration du mois de la francophonie cette année ?
Lévon Amirjanyan : 2024 sera marquée par le 19e sommet des chefs d’Etats et de gouvernement de la francophonie qui se tiendra en octobre prochain à Villers- Cotterêts en France sous le thème « Créer, innover et entreprendre en français. Cette même thématique inspire nos festivités tout au long du mois de la francophonie et jusqu'à octobre. Elle symbolise non seulement la raison d’être de notre organisation – la langue française et la promotion du multilinguisme mais aussi la force et le potentiel qui représente aujourd’hui la francophonie transformée et modernisée, qui a mis la création, l’innovation et l’entreprenariat au centre de son action, répondant pertinemment aux aspirations et aux besoins des populations francophones, plus particulièrement des jeunes et des femmes. Cette année, aussi nous sommes en train de concevoir un plan de formation des diplomates et des fonctionnaires qui travaillent dans le domaine des relations internationales.
Une représentation de l’OIF au Moyen-Orient a récemment ouvert ses portes à Beyrouth. Quel impact cela aura-t-il sur la promotion de la langue française dans cette région ?
Nous avons en effet récemment ouvert une représentation de l’OIF à Beyrouth qui couvre plusieurs pays de la région dont, outre le Liban, l’Egypte, les Emirats arabes unis et le Qatar. Notre implantation territoriale va contribuer davantage à l’approfondissement des relations avec les pays de la région.
Comme vous le savez, la promotion de la langue française ainsi que de la diversité linguistique et culturelle est une des missions principales de la Francophonie parmi d’autres, comme la promotion de la paix de la démocratie, des droits de l’homme, l’appui à l’éducation etc. Le renforcement de la place de la langue française est notre priorité ; par exemple, concernant l’Egypte, nous envisageons la formation des fonctionnaires et des diplomates en et au français.
Comme vous venez de le dire, la mission principale de l’OIF est de promouvoir la langue française. Quels en sont les défis auxquels vous faites face, notamment au Moyen-Orient ?
L’OIF n’impose pas la langue française comme une langue universelle, elle promeut la langue française dans la diversité linguistique et le dialogue entre les langues. Ce n’est pas secret que l’anglais est répandu dans la région. Afin de renforcer la place de la langue française et maintenir cet équilibre qui existait, on a besoin des efforts conjoints de tous les acteurs : des autorités, de l’OIF, des pays francophones. Il faut conjuguer les efforts afin de parvenir à des résultats effectifs. De plus, aujourd'hui la région traverse une période particulièrement difficile, marquée par l'instabilité et l'insécurité. Nous espérons que, grâce aux efforts continus des acteurs internationaux impliqués, y compris de l'Egypte, une paix juste, durable et globale sera rétablie et une solution équitable, respectueuse des droits de l'homme, sera trouvée.
Dans ses diverses missions, l’OIF est préoccupée de la femme qui célèbre également sa journée en mars …
Bien sûr, la promotion de l’égalité femmes-hommes est une des priorités et les femmes sont le public cibles de nos actions. La pandémie de Covid-19 en 2020 comme exemple, a engendré des répercussions négatives à l’échelle mondiale, particulièrement pour les femmes. C’est pourquoi l'OIF a a mis en place un dispositif de de solidarité, un fonds intitulé « La Francophonie avec Elles ». Ce projet créé en 2020 avait comme objectif de favoriser l’autonomisation économique des femmes, surtout celles qui se trouvent dans une situation de vulnérabilité au sein de l’espace francophone, ceci par le biais des formations.
En outre, avec la transformation numérique des sociétés, l’OIF met également en œuvre le programme « D-CLIC, formez-vous au numérique » pour renforcer les compétences numériques des jeunes et des femmes de l’espace francophone et multiplier leurs chances d’accéder à des emplois dans le domaine numérique.
L’Egypte maintient une coopération continue avec l’OIF. Qu’y a-t-il de nouveau ?
L’année dernière était marquée par la mission économique et commerciale de prospection organisée par l’OIF en Egypte qui avait comme objectif de promouvoir les échanges économiques et commerciaux entre les entreprises de l’espace francophone, mettant en valeur la langue française en tant qu’actif économique, en cherchant des résultats tangibles dans le domaine parmi ces actions de la francophonie économique.
Cette année, nous sommes en train de discuter avec les autorités en Egypte pour mettre en place un partenariat visant à renforcer la langue française en Egypte, y compris la formation de diplomates et de fonctionnaires dans le domaine de la diplomatie. De plus, dans le cadre de la cinquième édition du projet « La Francophonie avec Elles », un appel à candidatures sera lancé prochainement : les associations égyptiennes de la société civile peuvent y participer pour porter leurs projets qui visent l’autonomisation économique des femmes vulnérables par les biais de formation.
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