La Conférence de Paris sur le Changement climatique (COP 21) s’ouvrira le 30 novembre sous haute sécurité, avec pour ambition de sceller un accord mondial contre le réchauffement climatique. Plus de 140 chefs d’Etat ont confirmé leur présence, dont tous ceux du G20. La présidence égyptienne a aussi confirmé à Al-Ahram Hebdo la présence du président Abdel-Fattah Al-Sissi.
Prévu depuis plusieurs mois, le sommet vise à donner une impulsion aux négociations sur le climat. La conférence, qui réunira 195 pays du 30 novembre au 11 décembre au Bourget, près de Paris, doit tenter de limiter à 2 degrés la hausse du thermomètre par rapport à l’ère pré-industrielle. Au-delà, le dérèglement climatique rendrait de nombreuses régions du globe inhabitables : cyclones, sécheresses, montée du niveau des océans, chute des rendements agricoles, extinction d’espèces...
Les vifs débats au G20, mi-novembre, qui ont abouti à une déclaration finale a minima sur le climat, témoignent des divergences qui restent à aplanir. L’Inde et l’Arabie saoudite, notamment, ont bataillé contre la mention des 2° dans le texte. Le pays « le plus problématique, c’est l’Inde », souligne Pascal Canfin, du World Resources Institute (WRI).
Quatrième émetteur de gaz à effet de serre (6,5 %), l’Inde, membre du groupe de négociation dudit « G77 » (134 pays en voie de développement et émergents), « émet des signaux très ambigus », selon Célia Gautier, du Réseau Action Climat.
D’un côté, elle se tourne vers les énergies renouvelables avec des objectifs très ambitieux dans le solaire. De l’autre, le pays, qui produit 60 % de son électricité à partir du charbon, a « encore du mal à imaginer son développement sans nouvelles centrales à charbon ». Delhi ne veut pas entendre parler d’un mécanisme de révision à la hausse, tous les 5 ans, des engagements de réduction des émissions des pays. Les promesses faites à ce jour étant insuffisantes pour respecter les 2 degrés, cette question sera au coeur des discussions à la COP21. L’Inde, comme les pays les plus pauvres d’Afrique et d’Asie et les Etats insulaires, attend par ailleurs des engagements financiers des pays du Nord vers le Sud.
L’Arabie saoudite, elle aussi hostile à tout cycle de révision, pourrait essayer d’entraîner d’autres pays dans une attitude de blocage. Or, selon les règles de l’Onu, un accord « doit être approuvé par consensus de tous les pays, ce qui est un défi énorme », rappelle Jennifer Morgan, du WRI. Pour faciliter ce consensus, Laurent Fabius s’est rendu depuis vendredi en Inde, en Afrique du Sud et au Brésil. Selon son entourage, il a reçu du premier ministre indien Narendra Modi l’assurance qu’il souhaitait un succès à Paris et que les 2° étaient un objectif partagé.
Point positif de la COP21, par rapport à celle de Copenhague en 2009 : les deux principaux pollueurs, la Chine (24 % des émissions) et les Etats-Unis (15,5 %), « unissent désormais leurs forces pour aboutir à un succès », souligne Elliot Diringer, du Center for Climate and Energy solutions.
Rejoignant l’Union européenne (11 %) et les Etats-Unis, la Chine s’est convertie à l’idée d’une révision tous les 5 ans des engagements et à un premier bilan avant 2020, date d’entrée en vigueur de l’accord. Mais bien que pays émergent riche, elle n’acceptera pas d’être « contrainte » à participer aux financements climat des pays du Sud, c’est « sa ligne rouge », selon Pascal Canfin.
Autre difficulté, la nature juridique de l’accord de Paris. Washington a dit qu’il accepterait « un accord hybride », dont les contraintes juridiques s’appliqueraient au suivi des promesses, mais non à leur réalisation concrète. Enfin, sur le délicat dossier des dommages subis par les pays du Sud du fait du changement climatique, pas question qu’ils envisagent une compensation fondée sur la responsabilité historique des pays riches dans les émissions.
A une semaine de la Conférence climat de Paris, 170 pays ont remis à l’Onu leurs engagements de réduction des gaz à effet de serre à l’horizon 2025-2030, une participation inespérée, mais ces promesses restent insuffisantes pour contenir le réchauffement sous le seuil des +2°C.
Si tous ces engagements étaient tenus, la planète se réchaufferait de +3° en 2100 par rapport au niveau d’avant la révolution industrielle, contre +4 à 5° si rien n’était fait. Ces pays représentent plus de 90 % des émissions actuelles. « Vouloir revenir à 1,5 serait un énorme risque, on mettrait les pays devant un mur trop haut. Car aujourd’hui pour faire 1,5 il faudrait pratiquement arrêter de respirer ! », analyse Michel Colombier, chercheur à l’Institut des relations internationales (IDDRI).
En outre, « Le 2° est utile car il est devenu un emblème politique, qui oblige les pays à se situer dans des scénarios d’émissions. 2° est déjà une grosse avancée » l
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