Cette photo montre la destruction sur le site d’une frappe aérienne israélienne qui a visé Baalbek dans la vallée de la Bekaa à l’est du Liban, avec le temple romain de l’ancienne ville en arrière-plan. Photo : AFP
Le Conseil de l'Union des archéologues arabes s’est inquiété de la destruction accélérée du patrimoine archéologique, notamment à Gaza, au Liban et au Soudan, lors de sa 27e conférence annuelle qui s’est tenue les 9 et 10 novembre à Sheikh Zayed.
« La bande de Gaza a perdu en 2024 environ 200 sites archéologiques, qui remontent à l'Âge du bronze, sur un total de 325 en raison des destructions systématiques et continues perpétrées par l'armée israélienne depuis l'opération +Tempête d'Al-Aqsa+ du 7 octobre dernier », a ainsi assuré l’archéologue palestinienne Rawan Azmi Shuokhy à Ahraminfo.
Selon la scientifique, des sources palestiniennes officielles ainsi que l'ONG israélienne « Emek Shaveh », spécialisée dans les questions archéologiques, ont affirmé qu'Israël détruisait délibérément des centaines de sites archéologiques palestiniens, afin d’éradiquer et changer l'identité historique de Gaza.
A Gaza, des bombardements ont ainsi réduit en cendre en décembre 2023, la grande mosquée Omari, sanctuaire millénaire tour à tour lieu de culte chrétien et musulman.
Le 6 novembre, une frappe a elle touché au Liban le parking du temple romain de Baalbek, à quelques mètres seulement des ruines antiques classés au patrimoine mondial de l’humanité. Depuis fin octobre, la ville côtière de Tyr, dont plusieurs sites remontant à la civilisation phénicienne sont également classés par l'Unesco, est également la cible de frappes israéliennes.
« Le ministère de la Culture libanais a demandé à l'UNESCO de prendre des mesures urgentes pour protéger des dizaines de sites culturels libanais des frappes israéliennes », a indiqué Maha El-masri, professeur à la faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université Libanaise, Département d'Arts et d'Archéologie, également interrogée par Ahraminfo.
Depuis des décennies, a-t-elle rappelé, le Liban est victime de multiples invasions, guerres et actions militaires israéliennes, à commencer par le raid de 1968 sur l'aéroport international de Beyrouth, ou encore l'opération Litani, l'invasion de 1982, l'opération Raisins de la colère en 1996 et la guerre de juillet 2006.
La situation au Soudan, en proie depuis avril 2023 à un conflit entre l'armée régulière et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui a provoqué la mort de dizaines de milliers de Soudanais et déplacé plus de 11 millions de personnes, est également lourde de conséquences sur le patrimoine national.
« Cette guerre a mis en évidence une attaque ciblée contre l'identité culturelle du Soudan, à travers la destruction systématique des sites archéologiques, des musées et de tout son patrimoine », a dénoncé la directrice des musées de l'Autorité nationale des Antiquités du Soudan Ikhlas Abdel Latif.
Abdel Latif a souligné auprès d’Ahraminfo l'importance du Bureau d'urgence du Caire, créé en juin 2023 pour le compte de l'Autorité soudanaise des antiquités, afin d'intervenir rapidement pour préserver le patrimoine soudanais menacé par « les ennemis ».
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