Le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités a donné son accord aux responsables de l’Integrated Management of Cultural Tourism (IMCT), financé par l’USAID, pour restaurer et développer cette saison 10 sites archéologiques au Caire historique et au gouvernorat de Louqsor. Il s’agit de 8 sites au Caire divisés en 3 groupes : Bab Zoweila, Al-Darb Al-Ahmar et Darb Al-Labbana, ainsi que 2 sites à Thèbes. « C’est le Conseil Suprême des Antiquités (CSA) qui détermine et choisit les sites archéologiques pour chaque institution étrangère, selon ses intérêts archéologiques et patrimoniaux », souligne Mostafa Waziry, secrétaire général du CSA. Mais selon les responsables de l’IMCT, l’identification des sites dans le quartier d’Al-Darb Al-Ahmar, riche en monuments islamiques fatimides, mamelouks et ottomans et abritant près de 1 000 sites, dont la plupart est inexploitée, est un travail bilatéral. Chaque monument choisi subit des études techniques d’ingénierie par des experts en architecture islamique et égyptienne, pour déterminer l’état de chaque édifice, les étapes de travail, la durée et le coût estimés pour la restauration et la réhabilitation de chacun d’entre eux. Puis vient l’étape du choix de la meilleure exploitation de chaque site et de la discussion avec le gouvernement des projets présentés. Sachant que les travaux peuvent commencer en parallèle dans les sites du Caire et ceux de Louqsor.
« Bien que beaucoup d’institutions égyptiennes et étrangères travaillent au Caire historique, surtout au quartier d’Al-Darb Al-Ahmar, l’IMCT vise non seulement à restaurer et à réhabiliter des sites comme sabil Roqaya Doudou (fontaine) ou celui de Farag Ibn Barqouq, ainsi que tékiyat Al-Kalchéni (maison de réception et de commerce), mais également à les utiliser dans des projets en faveur des citoyens », souligne Riham Arram, experte en développement touristique et l’une des responsables du projet de l’IMCT.
Exemple de projet
Juste en face de Bab Zoweila se trouve sabil Farag Ibn Barqouq visé par le projet de l’USAID. L’objectif est de le transformer en café géré par le secteur privé et de faire un lien entre cet endroit touristique (Bab Zoweila) et le quartier d’en face d’Al-Khayamiya. Son décor et ses meubles doivent être en harmonie avec l’environnement qui l’entoure. « Pour nous, les sabils sont les plus ciblés, car ils permettent d’accueillir des activités touristiques sans contradiction avec leurs utilisations originelles », explique le responsable du projet.
« Parmi les 10 sites choisis, il y a certains qui ont besoin d’une intervention urgente à cause de leur importance historique et leur état dégradé », explique Waziry, signalant que le plus important est de préserver l’intégrité des sites. Il donne l’exemple de Bawabet Mangaq Al-Sélihdar, qui exige une restauration urgente et minutieuse, d’autant plus qu’elle cache derrière elle une vaste cour et des couloirs qui peuvent être réutilisés. Mais leur exploitation dépend toujours de l’histoire même du site, ce qui exige de ressusciter l’utilisation ancienne des sites dans un contexte plus contemporain. En effet, la réhabilitation de quelques sites dans la région de souk Al-Sélah va offrir des services aux citoyens, ainsi qu’aux touristes, comme des distributeurs automatiques de billets de banque ou des marchés pour vendre les produits artisanaux dont le quartier est célèbre.
L’intervention de l’IMCT dans la Vallée des nobles à Louqsor est bien différente. Il s’agit non seulement d’aménager des chemins d’accès convenables menant aux tombes, mais aussi de créer des toilettes sèches modernes, car le ministère continue les fouilles sur les sites. « On réutilisera la maison de la mission David (dite maison de David ou Métropolitaine) fermée depuis des siècles pour qu’elle soit un centre d’accueil des touristes et un lieu de repos après la visite qui offrira des services aux visiteurs », explique Arram. L’objectif de l’IMCT est de jeter les bases d’une approche plus durable de la gestion du tourisme culturel, en positionnant l’Egypte comme une destination touristique pour les années à venir. « Cette année, on travaillera à la réhabilitation de quelques sites importants pour faciliter leur visite », retrace-t-elle.
Tékiyat Taqie Al-Agami.
En effet, l’IMCT a préparé un document pour l’exploitation de certains sites en tant que cafés-restaurants culturels, centres d’accueil d’activités communautaires et d’expositions artistiques, ou ateliers d’artisanat. Pour bien préparer cette transformation, l’IMCT organise des stages pour les artisans égyptiens et les forme au marketing, afin de leur apprendre à commercialiser leurs produits. « On leur apprend aussi la promotion numérique des produits pour faciliter les contacts avec les touristes qui viennent ou vivent en Egypte », assure Arram. Les femmes qui ont participé aux ateliers de formation au Caire historique ont reconnu l’importance de la promotion numérique et ont commencé à présenter leurs produits artisanaux sur des pages Facebook. Selon Arram, le projet de l’IMCT vise aussi à attirer des investissements à cette région magnifique d’Al-Darb Al-Ahmar et à permettre aux habitants d’en bénéficier. « Nous voulons réhabiliter le patrimoine et les sites culturels. Le projet vise en premier lieu à attirer le secteur privé pour investir dans le domaine artisanal et profiter des sites touristiques pour une expérience touristique exceptionnelle », conclut Arram.
Les 10 sites :
Au Caire
Groupe I : Bab Zoweila
1. Sabil Farag Ibn Barqouq
2. Tékiyat Al-Goulchani
Groupe II : Darb Al-Labbana
3. Tékiyat Al-Bastami
4. Al-Bimaristan Al-Moäyedi
Groupe III : Souk Al-Sélah
5. Sabil Roqaya Doudou
6. Sabil et kotab Kokilian
7. Sabil Moustapha Sénane
8. Bawabet Mangaq Al-Sélihdar
A Louqsor
9. Vallée des nobles (+Maison de David/Métropolitaine)
10. Maison de Carter (partie extérieure)
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