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Préserver les trésors de Sainte-Catherine

Doaa Elhami , Dimanche, 10 septembre 2023

La bibliothèque du monastère de Sainte-Catherine, au Sinaï, fait l’objet d’un projet de numérisation visant à préserver ses manuscrits d’une valeur inestimable. Focus.

Préserver les trésors de Sainte-Catherine
(Photo : Early Manuscripts Electronic Library)

Le projet de numérisation des manuscrits et des documents de la bibliothèque du monastère de Sainte-Catherine au Sinaï est l’un des plus importants en Egypte. Cette numérisation des manuscrits et des documents du monastère est d’une grande importance pour les archéologues, les chercheurs et le grand public. Elle ouvre de nouveaux chantiers de recherches, offre de nouvelles informations et dévoile autant de secrets.

La durée de ce projet, qui vise la digitalisation de tout le contenu de la bibliothèque, est de 12 ans, si les travaux se poursuivent sans interruption. « L’objectif essentiel de ce projet est non seulement de conserver et de préserver ces pièces du facteur temps, mais, en plus, de créer une base de données en ligne de ces manuscrits pour qu’ils soient accessibles au grand public », souligne Malak Nosshi, inspecteur en archéologie au département des musées. « On photographie chaque page et chaque document de tout manuscrit. Malgré l’arrêt actuel du projet, pour des raisons administratives, il nous a enrichis de beaucoup d’informations et de détails sur la vie ecclésiastique au sein du monastère, son état économique, les relations des moines du monastère de Sainte-Catherine avec les tribus et les habitants aux alentours, ainsi qu’avec les souverains et les voyageurs qui s’y rendaient souvent au fil des époques », explique-t-il. Il ajoute que c’est la deuxième plus grande ancienne bibliothèque après celle du Vatican, puisqu’elle renferme près de 4 500 manuscrits en 12 langues, dont le grec, l’arabe, le turc, le persan, le géorgien, le copte, le syriaque, l’amharique, le slave, l’arménien et le polonais.

« Ces manuscrits se sont accumulés au fil du temps depuis la fondation du monastère par l’empereur Justinien en 540. Du coup, le monastère est devenu la station des moines, des touristes et des pèlerins venant du monde entier », souligne Abdel-Réhim Rihan, ex-directeur du comité des propriétés du monastère de Sainte-Catherine au ministère du Tourisme et des Antiquités. Les manuscrits grecs et arabes occupent une place considérable dans la bibliothèque. Les manuscrits grecs, au nombre de 2 319, occupent plus que la moitié des manuscrits. Cette profusion tient aux moines grecs qui ont fondé le monastère. Quant aux manuscrits arabes, ils remontent aux moines qui ont emmené avec eux leurs codex et leurs manuscrits liturgiques écrits en arabe quand ils sont venus des monastères de la Grande Syrie pour séjourner à Sainte- Catherine.

Les thèmes de ces manuscrits ne se limitent pas aux sujets religieux ou théologiens, mais comprennent tous les types de sciences et de connaissances comme la philosophie, la médecine, l’astronomie, l’histoire, la géographie et le droit. La bibliothèque renferme également 1 742 documents, dont des parchemins de divers volumes et longueurs, certains atteignant plusieurs mètres. 1 072 parmi ceux-ci sont en arabe, alors que 770 sont en turc. « La plupart de ces documents sont des décrets et des alliances émis par les califes et les sultans de l’Etat islamique au fil des époques, à titre de recommandation en faveur des moines du monastère », reprend l’inspecteur Malak Nosshi. Il indique que d’autres documents renferment des publications, des traités, des fatwas, des arguments, ainsi que des ordonnances administratives. Le document le plus ancien date du XIIe siècle, de l’époque de la construction de la mosquée fatimide au coeur du monastère, « reflétant les relations caractérisées par un esprit de tolérance et de courtoisie entre les califes et sultans et les chrétiens », renchérit l’inspecteur.


Le père Justin, chef du monastère de Sainte-Catherine, consultant un manuscrit.

La numérisation de la bibliothèque du monastère facilite l’étude détaillée des manuscrits et des documents, notamment les notes des marges. L’étude de ces notes permet de savoir le mode de vie des moines au fil des époques successives. « Ces notes sont parfois rédigées par le propriétaire du manuscrit, ou par une personne qui l’a vu et y a inscrit ses remarques comme les visites rendues au monastère, ou la description des phénomènes naturels qui ont eu lieu à des époques variées, telles les éclipses solaire et lunaire », souligne l’inspecteur. « Si ces notes sont regroupées et étudiées, elles vont aider les chercheurs à savoir l’état social des ermites du monastère, leur relation avec les habitants des alentours et les visiteurs du monastère, les origines des moines et leur ville natale », ajoute-t-il. Les notes renferment également les détails de la nourriture et ses types comme les céréales l

Les manuscrits du monastère

Nombre global : 4 500

Grecs 2 319

Arabes 750

Syriaques 284

Géorgiens 86

Amhariques 12

Persans 5

Coptes 2

Un seul manuscrit en latin, turc, slave, arménien et polonais.

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