L’introduction en Bourse de TAQA Arabia, une première depuis une vingtaine d’années d’une entreprise privée dans le secteur de l’énergie, a suscité l’enthousiasme des investisseurs. La performance de l’action TAQA Arabia a dépassé les prévisions des analystes au sein des banques d’investissement. Elle avait connu une hausse vertigineuse au cours du premier jour d’échange en Bourse avant de graduellement baisser au cours des 5 sessions suivantes, demeurant tout de même au-dessus des prévisions. « Les investisseurs attendaient depuis longtemps l’introduction en Bourse de TAQA Arabia, qui devait intervenir il y a 8 ans. C’est pourquoi ils ont liquidé les actions qu’ils détenaient pour investir dans le nouvel entrant en Bourse », a noté à l’Hebdo Hanan Ramses, membre du conseil d’administration de la société de courtage El-Horreya Securities. TAQA Arabia, créée en 2006, est l’une des filiales de la firme d’investissement égyptienne Qalaa Holding, qui gère des investissements dans 15 pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Elle opère dans 4 secteurs économiques de grande importance : le gaz, l’électricité, les produits pétroliers et le dessalement de l’eau. Son introduction en Bourse intervient à un moment crucial où le gouvernement cherche à attirer des investissements locaux et étrangers par l’introduction des entreprises publiques et privées sur le marché financier, ainsi que par la vente d’actifs publics.
Hanan Ramses a expliqué le trajet de l’action pendant les premiers jours d’échange en Bourse : « D’une valeur nominale de 50 piastres, l’action a été échangée le premier jour sans limites, atteignant 50 L.E., puis 500 L.E. ». Cette montée rapide et sans précédent a amené les autorités boursières à annuler toutes les transactions sur l’action en vue de protéger les petits investisseurs. « Le deuxième jour, le prix de l’action a clôturé à 20 L.E. Ce taux est le plus élevé jamais atteint », explique Ramses, ajoutant que les cours de l’action ont ensuite baissé pour clôturer dimanche 16 juillet à 12,51 L.E. et lundi à 11,74 L.E. Amr El-Alfy, président du département des recherches auprès de Prime Holding, estime que la juste valeur de l’action est de seulement 5,70 L.E. « Avant le début de l’échange, nous avons prévu une valeur de 7,40 L.E. dans 12 mois. Nous prévoyons que la valeur de l’action va poursuivre la baisse jusqu’à arriver à sa juste valeur », prévoit-il.
Ramses a attribué la performance imprévisible de l’action à deux raisons principales. La première est liée à la montée exagérée du cours de l’action pendant le premier jour d’échange. « La montée du prix pendant le premier jour d’échange était le meilleur moyen de promotion. Le public s’est interrogé sur le titre et a voulu y investir, non pas à cause du secteur auquel il appartient, mais à cause de cette hausse surprenante du prix de l’action », renchérit-elle, ajoutant que la ruée des investisseurs vers l’action a conduit à des vagues de vente et à une performance modeste des indices boursiers. Selon le rapport hebdomadaire de la Bourse égyptienne, l’indice boursier principal EGX 30, des actions les plus actives, a augmenté de 1,4 % au cours de la semaine, clôturant le 13 juillet sur 17 342 points, alors que l’introduction d’une action aussi importante doit normalement résulter en une hausse bien plus grande. Le second facteur qui explique la performance inattendue de l’action est lié à la méthode d’introduction de l’entreprise en Bourse. TAQA Arabia a été introduite par Offre Publique Directe (OPD), selon laquelle les actionnaires vendent directement les actions qu’ils détiennent aux investisseurs en Bourse et les prix se déterminent selon l’offre et la demande. Cette méthode est différente de celle de l’offre publique initiale, où la souscription a lieu par l’intermédiaire des banques d’investissement qui aident à déterminer le prix de l’offre et à trouver des investisseurs pour acheter l’action. La banque d’investissement vend ensuite les actions à des investisseurs institutionnels et, enfin, au grand public. Les OPD sont moins courants dans les introductions en Bourse, mais peuvent constituer une bonne option pour les entreprises qui souhaitent éviter de payer des frais aux banques d’investissement. « Il aurait été préférable que l’action soit négociée selon la méthode de l’offre publique initiale qui attire un large segment d’investisseurs. Cependant, la société a vu que l’offre directe est meilleure en raison de la rapidité de l’offre et de la possibilité d’obtenir rapidement les fonds nécessaires pour payer les obligations dues, que ce soit par la société mère (Al-Qalaa Holding) ou TAQA », souligne Ramses. Al-Qalaa Holding prévoit d’introduire sa deuxième filiale de la Société nationale d’imprimerie en Bourse égyptienne en présentant les documents à l’Autorité égyptienne de surveillance financière (EFSA) en septembre prochain.
Expansion dans les énergies renouvelables
Selon le site économique spécialisé Mubasher, TAQA Arabia a annoncé cette semaine la hausse de ses bénéfices nets à 4,45 milliards de L.E. pendant le premier trimestre de 2023 contre 2,16 milliards au cours de la même période de l’année dernière. Le PDG de la société, Pakinam Kafafi, a déclaré que les investissements totaux de la société au cours de l’année en cours s’élevaient à environ 1,7 milliard de L.E. et qu’il est prévu qu’ils augmentent au cours de la période à venir. Kafafi a ajouté, lors d’une conférence de presse à l’occasion du début des échanges sur l’action de la société, le 9 juillet, que TAQA Arabia avait des plans d’expansion en Afrique de l’Est, notamment au Mozambique, ainsi que dans les pays arabes du Golfe. « TAQA Arabia a l’intention de terminer dans un mois les procédures de création d’une société opérante dans le domaine des énergies nouvelles et renouvelables en Arabie saoudite », a-t-elle déclaré. Kafafi a expliqué qu’en ce qui concerne le marché des énergies renouvelables, la société étudie son entrée sur le marché de l’énergie éolienne, ainsi que plusieurs projets de production d’énergie solaire, dont le plus important est celui de la station de Benban à Assouan, au sud de l’Egypte. Dans le domaine du dessalement de l’eau de mer, l’entreprise fait partie des 17 entreprises qui ont récemment obtenu les permis requis pour opérer sur le marché.
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