Des dizaines de milliers de palestiniens déplacés et soucieux de revenir chez eux à Gaza et dans le nord de l’enclave subissent de lourdes difficultés en attendant le retrait des troupes militaires israéliennes près du « corridor de Netzarim », l’axe de sept kilomètres de long militarisé par Israël qui divise la bande de Gaza en deux, selon les médias présents sur place.
« Plus le temps passe, plus la situation devient tragique », a assuré le correspondant de la chaîne de télévision égyptienne Al-Qahera News, depuis le point de l’avenue Salah al-Din, l’axe routier qui traverse la Bande de Gaza du sud au nord, le plus proche de Netzarim, dans l'espoir que les gazaouis soient autorisés à se rendre au nord.
Le correspondant a également précisé que les forces d'occupation stationnées à Netzarim tirent de temps en temps en direction des citoyens pour les éloigner du corridor, et a ajouté que la police palestinienne avait empêché des centaines de déplacés d'atteindre ce corridor, où plusieurs chars et véhicules blindés israéliens bloquent le passage, pour éviter des affrontements.
Selon l’accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier, Israël doit se retirer de Netzarim, mais la foule palestinienne attendait toujours le retrait israélien dimanche 26 janvier à 8 heures du matin.
Israël conditionne désormais le retour des déplacés à la libération de la prisonnière Arbel Yehud, qui aurait, selon lui, dû faire partie samedi de l’échange.
Le Hamas a indiqué qu’Arbel Yehud serait libérée dans le cadre du troisième échange de prisonniers, prévu samedi 1er février, et a accusé à son tour Israël d’avoir pris ce prétexte pour violer l'accord de trêve en empêchant le retour des habitants du nord de la bande de Gaza. Ceux-ci avaient été contraints ces derniers mois de fuir vers le sud les bombardements et combats.
Le mouvement palestinien a indiqué « suivre le dossier avec les médiateurs » et « tenir Israël pour responsable du retard dans l'application de l'accord ».
Dans un communiqué publié sur X en arabe, le porte-parole de l'armée israélienne Avichay Adraee a confirmé que les Gazaouis n'étaient toujours pas autorisés à s'approcher du corridor de Netzarim, « jusqu'à ce qu'il soit annoncé ouvert », a rapporté l’AFP.

La situation sur terrain
Depuis plusieurs jours, des milliers de Palestiniens se sont rassemblés dans les rues Rashid et Salah al-Din après avoir été chassés de chez eux par les forces israéliennes pendant la guerre commencée le 7 octobre 2023.
Démontant leurs tentes, beaucoup des déplacés ont bravé le froid glacial le long de la côte méditerranéenne lors de la nuit de samedi à dimanche, espérant un dénouement imminent, a constaté Al-Qahera News.

Un correspondant de WAFA, l’agence palestinienne, a rapporté que des dizaines de milliers de déplacés, dont beaucoup de familles avec de jeunes enfants, attendaient avec impatience de pouvoir rentrer chez elles. Pour beaucoup, ce retour nécessiterait une marche exténuante de 7 kilomètres à travers les décombres et la destruction.

Une femme déplacée a décrit comment elle et sa famille avaient été obligées de brûler des planches de bois prévues pour construire des abris de fortune juste pour rester au chaud pendant la nuit.
Même s’ils savent que leurs maisons ont vraisemblablement été détruites dans les bombardements, certains Palestiniens gardent espoir et emportent avec eux des tentes qu’ils installeront sur les restes de leurs habitations.
De nombreux de Palestiniens transportent leur peu de couvertures, de vêtements et d’effets personnels dans des véhicules de fortune et des charrettes, en prévision du moment où ils seront enfin autorisés à rentrer chez eux. Certains sont déterminés à reconstruire leur vie et leur maison, tandis que d’autres recherchent toujours des membres de leur famille perdus sous les décombres de ce qui était autrefois leur quartier.

« Nous voulons rentrer chez nous, mais nous craignons que l’occupation israélienne ne nous prenne à nouveau pour cible. Il n’y a aucune garantie de sécurité pendant ce voyage », a reconnu Mohammad al-Kahlout, 46 ans, inquiet pour sa famille.
Originaire de Beit Hanoun, dans le nord de l’enclave, Ismail al-Shanbari a exprimé lui sa détermination à rentrer malgré les pertes dévastatrices qu’il a subies.
« Ma maison a été détruite au début de la guerre », a-t-il déclaré. « Nous sommes fatigués de cette humiliation et de ce déplacement. Nous reviendrons quel qu’en soit le prix, même si nous sommes tués. Que ce soit dans le nord ou dans le sud, nous reviendrons sur nos terres, même si nous devons installer des tentes sur les décombres de nos maisons. »
« Je n’ai aucune idée de ce qui est arrivé à ma maison à Gaza, mais je reviendrai, même si je dois faire tout le chemin à pied », a ajouté Sara Baker, enceinte de sept mois.
Selon l’Autorité Palestinienne, l’ampleur des dégâts est inimaginable et plus de 80% des infrastructures de Gaza sont aujourd’hui en ruine. Environ 1,6 million de personnes déplacées sont actuellement hébergées dans des camps de tentes et luttent pour survivre à la crise humanitaire en cours.
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