John Dramani Mahama, leader de l'opposition ghanéenne et ex-chef d'Etat, espère reconquérir le pouvoir à l'issue de la présidentielle du 7 décembre, à l'heure où le parti de Nana Akufo-Addo est confronté au mécontentement de la population secouée par une grave crise économique.

Pour sa troisième course à la présidentielle, le candidat du National Democratic Congress (NDC, principal parti d'opposition) affrontera Mahamudu Bawumia, candidat du New Patriotic Party (NPP, au pouvoir).

Né dans le nord du Ghana, M. Mahama, 66 ans, a passé son enfance dans la seule maison de son village disposant d'un générateur diesel.

Son père, ancien ministre, a été brièvement détenu et interrogé par les putschistes du coup d'Etat militaire de 1966, avant d'être libéré sain et sauf.

Président du Ghana de 2013 à 2017, M. Mahama a fait campagne dans tout le pays, organisant plusieurs rassemblements avec la population et des rencontres avec des chefs traditionnels et religieux.

En cas de victoire, il a promis de relancer l'économie et de mettre en place des réformes anti-corruption.

"Les Ghanéens sentent que la situation économique est difficile, et la stratégie de campagne de M. Mahama semble axée sur son expérience et la promesse qu'il fera les choses différemment", a déclaré à l'AFP Kwame Asah-Asante, professeur de sciences politiques à l'université du Ghana.

"Cependant, M. Mahama doit aussi faire face à son propre passé, qui comprend des luttes sur le plan économique et les fameuses coupures d'électricité appelées +dumsor+ (qui signifie, +allumé et éteint+ en langue Akan). La question est de savoir si les électeurs sont prêts à lui donner une seconde chance", a ajouté M. Asah-Asante.

Un adversaire coriace

John Mahama ambitionne de lutter contre le chômage élevé qui touche le pays, en maintenant les industries en activité 24 heures sur 24.

Selon les experts, l'élément notable de sa campagne est la nomination de l'ancienne ministre de l'Éducation, Jane Naana Opoku-Agyemang comme colistière.

"En choisissant une femme comme colistière, Mahama montre l'exemple", a indiqué l'activiste Shamima Muslim. "Cette décision est bien accueillie, et particulièrement par les électrices, qui voient cela comme une étape pour briser les barrières dans la politique ghanéenne", a-t-elle poursuivi.

Le principal rival de M. Mahama, le vice-président ghanéen Mahamudu Bawumia, est considéré comme un candidat redoutable, doté d'une solide formation en économie.

Avec une inflation élevée et une monnaie faible, la capacité de M. Bawumia à se distancier des performances économiques du gouvernement sortant pourrait être la clé de son succès.

John Mahama compte sur sa popularité dans le nord pour prendre l'avantage, malgré l'enracinement de son adversaire dans la région.

"Les gens sont à la recherche de changement et ils font confiance à M. Mahama pour orienter le pays dans une meilleure direction", a déclaré à l'AFP Mustapha Gbande, porte-parole de la campagne de John Mahama.

Baffour Agyeman-Duah, expert politique et directeur général de la Fondation John A. Kufuor, estime qu'il sera difficile pour M. Mahama de regagner la confiance du public, en raison des allégations de corruption qui ont entaché des membres de son parti, bien qu'aucune accusation n'ait été formellement portée contre lui.

"M. Mahama doit convaincre les Ghanéens que son administration sera différente cette fois-ci. Ses promesses semblent bonnes, mais l'électorat risque d'être sceptique au vu de son précédent bilan", a indiqué M. Agyeman-Duah.

Au cours de sa campagne, M. Mahama a cherché à contrer les critiques en mettant en avant ses expériences sur la scène internationale, notamment son rôle dans la lutte contre l'épidémie d'Ebola comme président de la CEDEAO.

Sondages

Les sondages annoncent une élection serrée entre les candidats du NPP et du NDC, dont plusieurs donnent gagnant John Mahama.

Le rapport d'octobre de l'Eurasia Group note la frustration des électeurs à l'égard de la gestion économique de l'administration du NPP, qui pourrait faire pencher la balance en faveur de M. Mahama.

"Avec les manifestations qui ont éclaté dans tout le Ghana à cause des difficultés économiques, beaucoup pensent que M. Mahama est prêt à faire son retour", a déclaré M. Asah-Asante.

"Toutefois, les électeurs pourraient également exiger de M. Mahama une vision claire et des réformes concrètes afin d'éviter que les erreurs du passé ne se répètent", a t-il poursuivi.

La victoire de John Mahama marquerait un retour historique, faisant de lui le premier président de la Quatrième république du Ghana à reprendre la présidence après en avoir été chassé par les urnes.