Kamala Harris et Donald Trump se sont disputé vendredi les électeurs américains indécis des Etats clés du nord industriel, le Wisconsin et le Michigan, dernière ligne droite d'une présidentielle folle et à l'issue totalement imprévisible.
Et dans une nouvelle escalade verbale de la campagne la plus agressive de l'histoire récente des Etats-Unis, l'ancien président républicain s'est attiré les foudres de la vice-présidente démocrate pour avoir menacé l'une de ses soutiens.
"OK le Wisconsin! Il reste quatre jours avant probablement l'élection la plus importante de notre vie. Nous allons gagner!", a proclamé Mme Harris, sous les acclamations de ses partisans, lors de trois meetings de suite dans cet Etat pivot, au bord des Grands lacs qui séparent les Etats-Unis du Canada.
A Milwaukee, la démocrate a été précédée sur scène par la rappeuse new-yorkaise d'origine caribéenne Cardi B pour qui la première femme qui pourrait être élue présidente le 5 novembre est "empathique et, surtout, pas délirante".
Dans cette même grande ville du Wisconsin, là où il avait été triomphalement investi cet été candidat du Parti républicain, Donald Trump a lancé à ses supporteurs coiffés de leurs casquettes rouges: "Je ne veux pas de votre argent, je veux votre fichu vote. OK? Nous voulons cette élection".
- "Rêver en grand"
Et lançant un rare slogan positif, le tribun populiste, à la rhétorique de plus en plus sombre, raciste et autoritaire, a exhorté ses électeurs à "rêver en grand".
Au moins 70 millions d'Américains ont déjà soumis leur bulletin de manière anticipée mais le climat est particulièrement électrique, avec une controverse par jour et des craintes de violences après l'élection de mardi, attendue dans le monde entier.
M. Trump a déclenché depuis jeudi soir une nouvelle polémique: il a suggéré que la fille de l'ancien vice-président républicain Dick Cheney (2001-2009), Liz Cheney -- elle et son père soutiennent Kamala Harris -- soit placée devant un peloton d'exécution, "face à neuf canons d'armes lui tirant dessus".
Le dirigeant conservateur a qualifié cette ancienne parlementaire, issue de son Parti républicain mais passée dans le camp Harris, de "va-t-en-guerre radicale" qui "n'a pas les tripes pour se battre".
Liz Cheney lui a répondu qu'il comptait être un "tyran" et Kamala Harris a jugé son rival "disqualifié" pour retourner à la Maison Blanche.
La vice-présidente de 60 ans et l'ancien président de 78 ans sillonnent depuis des semaines, sans relâche, les sept Etats-clés, à raison de plusieurs meetings par jour.
Dans ces "swing states", des dizaines de milliers d'électeurs détiennent les clés d'une élection hors du commun, marquée par l'irruption en juillet de Mme Harris, après le retrait du président Joe Biden âgé de 81 ans, et par deux tentatives d'assassinat contre Donald Trump.
- Electorats afro-américain et latino
Afin de convaincre l'électorat noir américain, Donald Trump a affirmé sans preuve devant des ouvriers de l'automobile en meeting dans le Michigan que "les emplois des Afro-Américains étaient à leur plus bas niveau (et) qu'ils allaient tous à des migrants" venus d'Amérique latine.
Il s'est arrêté aussi à Dearborn, ville-berceau du géant Ford et plus grande municipalité à population majoritairement d'origine arabe. M. Trump veut courtiser cet électorat arabo-musulman dont une partie en veut à l'administration Biden-Harris pour le soutien sans faille à Israël dans ses guerres au Proche-Orient.
Donald Trump "comprend maintenant plus que jamais (...) notre valeur pour remporter des Etats cruciaux comme le Michigan, l'Arizona ou la Pennsylvanie", a dit à l'AFP Bishara Bahbah, président de l'association des Arabo-américains pour Trump.
Mme Harris obtient, elle, les soutiens de nombre de superstars du cinéma, de la musique et du sport, comme ces jours-ci Cardi B, Beyoncé, Bruce Springsteen, Jennifer Lopez et LeBron James.
Elle veut séduire les Latino-américains, dont le poids démographique ne cesse de croître aux Etats-Unis, mais qui sont de plus en plus attirés par M. Trump. La démocrate veut aussi rattraper son retard avec de jeunes hommes noirs qui peuvent être tentés par le discours entrepreneurial du milliardaire de l'immobilier new-yorkais.
Le Wisconsin avait basculé pour Donald Trump en 2016, puis pour Joe Biden en 2020, avec moins d'un point de pourcentage d'écart à chaque fois.
Alors que l'élection de mardi pourrait être encore plus serrée, avec un délai de plusieurs heures voire jours avant un résultat national, l'entourage du républicain, qui n'a jamais reconnu sa défaite en 2020, a commencé à alimenter des rumeurs d'irrégularités commises dans les opérations de vote.
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