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La Finul décidée à rester sur la frontière entre Israël et le Liban malgré les attaques

AFP , Samedi, 12 octobre 2024

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Des soldats de la paix espagnols de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) coordonnent leur patrouille avec la police militaire libanaise, à Marjayoun dans le sud du Liban, le 8 octobre 2024. Photo : AFP

Les Casques bleus ont refusé de quitter la zone frontalière dans le sud du Liban comme le réclame l'armée israélienne, décidés à y rester malgré les attaques qui ont fait cinq blessés, afin de plaider pour une désescalade, a assuré samedi à l'AFP leur porte-parole.

"Les forces israéliennes nous ont demandé de quitter nos positions le long de la Ligne bleue, de la frontière jusqu'à cinq kilomètres de la Ligne bleue", explique dans un entretien à l'AFP Andrea Tenenti, porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).

La force, qui compte 10.000 hommes, est désormais sous les feux croisés d'Israël et du Hezbollah entrés en guerre ouverte il y a trois semaines.

Si l'armée israélienne a demandé à la Finul de vider "environ 29 positions" près de la frontière, elle n'a pas évoqué son QG, situé à Ras al-Naqoura sur la frontière, qui a essuyé des tirs, notamment israéliens, à plusieurs reprises, selon la force.

"Mais il y a eu une décision unanime pour que nous restions, parce que le drapeau de l'ONU doit flotter dans cette zone et que nous devons pouvoir faire nos rapports au Conseil de sécurité de l'ONU", poursuit-il.

Jeudi, la Finul a accusé les troupes israéliennes de tirer "de façon répétée" et "délibérée" sur ses positions, ce qui a déclenché un tollé diplomatique.

Cinq Casques bleus ont été blessés depuis dans des attaques, selon la force onusienne.

Rome et Paris ont convoqué les ambassadeurs israéliens sur leur sol et l'Italie est allée jusqu'à parler de possibles "crimes de guerre".

Israël, de son côté, a expliqué avoir tiré en direction d'une "menace" près d'une position de la Finul dans le sud du Liban où son armée mène une vaste offensive aérienne et des incursions terrestres contre le Hezbollah, allié du Hamas palestinien.

"Très très difficile"

M. Tenenti affirme que la décision de la Finul de demeurer dans ses positions a été prise malgré des conditions "très très difficiles" et "beaucoup de dégâts, jusqu'à l'intérieur des bases".

"Hier soir (vendredi), des conteneurs à l'intérieur de la position des Casques bleus ghanéens ont été détruits par une explosion juste au-dehors", rapporte-t-il.

"Les Casques bleus doivent rester dans des bunkers (...) et c'est très difficile de vivre comme cela depuis 12 mois, car ça n'a pas commencé hier", affirme M. Tenenti.

Le Hezbollah a ouvert en octobre 2023 un front au nord d'Israël en "soutien" au Hamas.

Aujourd'hui, il est "très difficile de continuer les activités de surveillance parce les bombardements sont incessants", assure M. Tenenti, alors que la mission première de la Finul est, depuis 1978 puis son renforcement en 2006 après une précédente guerre entre Israël et le Hezbollah, de veiller à la cessation des hostilités.

"Nous avons été attaqués à plusieurs reprises et nous en avons parlé publiquement", dit-il.

"Nous parlons régulièrement avec les deux côtés pour amorcer une désescalade et les mettre en garde car attaquer des Casques bleus n'est pas seulement une violation de la résolution 1701 mais aussi du droit humanitaire international", ajoute-t-il.

"Eviter la catastrophe"

Pour lui, "il n'y a pas de solution militaire". Il plaide donc pour des "discussions aux niveaux politique et diplomatique" pour "éviter la catastrophe".

"Le conflit entre le Hezbollah et Israël n'est pas qu'un conflit entre deux pays. Très bientôt, ce pourrait être un conflit régional à l'impact catastrophique pour tous", poursuit-il.

La Finul doit également travailler au déploiement unique de l'armée libanaise à ses côtés dans le sud du Liban, où le Hezbollah est encore présent, et coordonner le travail humanitaire dans la zone.

"Nous travaillons avec les parties pour (...) amener de l'aide aux villages" où "des milliers de personnes sont toujours bloquées dans le sud du Liban", dit-il.

"Nous avons pu acheminer certains" convois "mais de manière très très limitée" dans la région où les tirs transfrontaliers qui durent depuis un an ont désormais laissé place à une guerre ouverte avec combats au sol, salves de roquettes du Hezbollah et raids aériens israéliens.

A travers tout le Liban, depuis le 23 septembre, plus de 1.200 personnes ont été tuées et plus d'un million ont été forcées de fuir leur maison, selon les autorités libanaises.

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