Israël a menacé de riposter au lancement par l'Iran de quelque 200 missiles vers son territoire pour venger la mort des chefs du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien, Téhéran répondant mercredi 2 octobre qu'il frapperait "toutes les infrastructures" israéliennes s'il était attaqué.
Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, a affirmé dans la matinée avoir affronté des soldats israéliens tentant de s'infiltrer au Liban, et ciblé avec des roquettes et tirs d'artillerie des troupes israéliennes de l'autre côté de la frontière, au lendemain de l'annonce par Israël d'incursions terrestres le visant dans le pays voisin.
"L'Iran a commis une grave erreur ce soir et en paiera le prix", a averti mardi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, après l'attaque massive de l'Iran, la deuxième en près de six mois.
L'attaque est "terminée", a indiqué dans la nuit Téhéran, selon qui "90% des missiles" ont atteint leur cible. Le chef d'état-major iranien, le général Mohammad Bagheri, a averti que l'Iran frapperait "avec une plus grande intensité" et viserait "toutes les infrastructures" du pays en cas de représailles israéliennes.
Pour la première fois, l'Iran a employé des missiles hypersoniques pour cette opération, baptisée "Promesse honnête 2", selon les médias iraniens.
Selon Israël, la plupart ont été interceptés par le système de défense "Dôme de fer". Des navires américains ont également tiré une dizaine de missiles intercepteurs, selon le Pentagone.
L'attaque a fait deux blessés légers en Israël, selon les secours, et un Palestinien a été tué par des éclats de missile en Cisjordanie occupée, selon un responsable palestinien.
Les sirènes ont retenti à travers tout le pays et l'espace aérien a été fermé.
Des journalistes de l'AFP ont vu des explosions dans le ciel et entendu des dizaines de détonations. Des centaines de personnes à la gare routière centrale de Jérusalem-Ouest ont trouvé refuge dans un parking souterrain, certaines priant. Environ une heure après l'attaque, l'armée a levé l'alerte.
Le Mossad visé
Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique iranienne, ont affirmé avoir "visé le coeur" d'Israël pour venger la mort des chefs du Hezbollah, Hassan Nasrallah, du Hamas Ismaïl Haniyeh et d'un de leurs commandants, Abbas Nilforoushan, tué avec Hassan Nasrallah vendredi au Liban.
Le chef d'état-major iranien a affirmé que les missiles avaient visé "les trois principales bases aériennes militaires du régime sioniste, le Mossad (services secrets israéliens, NDLR), centre de la terreur, la base aérienne de Nevatim pour les avions F-35 et la base aérienne de Hatzerim, utilisée pour assassiner le martyr Nasrallah".
L'Iran "n'a ciblé que les bases militaires", a assuré le général Bagheri sur la télévision nationale.
Si Israël agit "contre notre souveraineté et intégrité territoriale" l'opération "sera répétée avec une plus grande intensité et toutes les infrastructures du régime seront visées", a-t-il averti.
L'Iran a exercé son "droit à l'autodéfense", et agi après "une immense retenue pendant près de deux mois, afin de laisser la place à un cessez-le-feu à Gaza", a écrit sur X son chef de la diplomatie, Seyed Abbas Araghchi.
"Plein soutien" américain
Le 13 avril, en riposte à une frappe meurtrière imputée à Israël sur le consulat iranien à Damas, l'Iran avait tiré vers Israël quelque 350 drones explosifs et missiles, première attaque directe du genre, baptisée "Promesse honnête". La plupart des missiles avaient été interceptés par Israël avec l'aide d'alliés, surtout les Etats-Unis.
"Les Etats-Unis soutiennent pleinement, pleinement, pleinement Israël", a déclaré mardi le président américain Joe Biden, faisant état de discussions "en cours" avec Israël sur la réponse à apporter.
L'Iran a averti Washington contre toute intervention, a déclaré Araghchi, précisant que Téhéran n'avait échangé "aucun" message avec la partie américaine avant son attaque.
Celle-ci a été dénoncée par l'Union européenne, le Royaume-Uni, ou encore le Japon. Elle risque "d'embraser" tout le Moyen-Orient, a averti mercredi 2 octobre le chancelier allemand, Olaf Scholz.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir d'urgence mercredi 2 octobre pour discuter de cette escalade au Moyen-Orient.
L'armée israélienne est en guerre contre le Hamas à Gaza depuis le 7 octobre 2023, au lendemain de laquelle le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en soutien au Hamas.
Vendredi, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a été tué dans un raid israélien dévastateur dans la banlieue sud de Beyrouth.
*Article modifié par Ahraminfo
Le 31 juillet, Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, avait été tué dans un attentat à Téhéran. L'Iran et le Hamas ont accusé Israël.
Après les coups durs portés au Hezbollah, dont plusieurs chefs militaires ont été tués par Israël, et une semaine de frappes au Liban, Israël a averti que la guerre n'était pas finie.
- Frappes au Liban et à Gaza -
Tôt mercredi, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé des "cibles" du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, après avoir ordonné aux habitants d'évacuer.
Une source des services de sécurité libanais a confirmé cette frappe, des journalistes de l'AFP rapportant une vingtaine d'explosions. La télévision du Hezbollah, Al-Manar, a fait état de 11 raids israéliens sur la zone en deux heures.
Le ministère libanais de la Santé a annoncé mardi soir que 55 personnes avaient été tuées et 156 blessées par des frappes israéliennes en 24 heures.
Selon l'unité de gestion des catastrophes, 1.873 personnes ont été tuées au Liban depuis un an.
Mardi, l'armée israélienne avait annoncé des raids au sol contre le Hezbollah dans le sud du Liban, appelant à l'évacuation de 27 localités.
Selon un responsable israélien, il s'agit de "raids localisés d'une ampleur très limitée", destinés à "éloigner les menaces contre les communautés civiles du nord d'Israël", région ciblée par les tirs du Hezbollah.
Mercredi à l'aube, l'armée israélienne a également annoncé avoir attaqué deux écoles dans le nord de la bande de Gaza et une troisième dans le centre, utilisées selon elle par le Hamas comme centres de commandement.
Selon la Défense civile de Gaza, treize personnes ont été tuées par des frappes israéliennes sur Gaza-ville (nord).
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