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De Taïwan à la Hongrie, mystère autour de la fabrication des bipeurs du Hezbollah

AFP , Mercredi, 18 septembre 2024

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Des radios bidirectionnelles et d’autres téléavertisseurs semblent avoir été détonés dans les zones de Beyrouth. Photo : X

Où ont été assemblés les bipeurs qui ont tué douze personnes et fait des milliers de blessés au Liban? Les compagnies taïwanaises et hongroises mises en cause ont démenti toute responsabilité dans leur fabrication.

Au lendemain d'une attaque sans précédent visant le système de radiomessagerie utilisé par le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah, la piste est d'abord remontée vers Taïwan.

Mais le groupe Gold Apollo, dont la marque figure sur les appareils, a nié être le fabricant, renvoyant la balle à son partenaire hongrois BAC.

"En vertu d'un accord de coopération, nous autorisons BAC à utiliser notre marque pour la vente de produits dans certaines régions, mais la conception et la fabrication des produits sont de l'unique responsabilité de BAC", basée à Budapest, a indiqué dans un communiqué Gold Apollo.

Quelques heures plus tard, le mystère s'est épaissi quand les autorités hongroises ont à leur tour apporté un démenti.

Cette société est "un intermédiaire commercial, sans site de production ou opérationnel en Hongrie", a écrit le porte-parole du gouvernement Zoltan Kovacs sur le réseau social X.

"Les appareils en question n'ont jamais été sur le sol hongrois", a-t-il ajouté, et "cette affaire ne pose aucun risque à la sécurité nationale".

 Unique employée 

La PDG de la compagnie, Cristiana Barsony-Arcidiacono, interrogée par la chaîne américaine NBC, a également rejeté un quelconque rôle dans la fabrication des bipeurs, tout en confirmant travailler avec Gold Apollo.

"Je ne fais pas les bipeurs. Je suis juste une intermédiaire. Vous faites erreur", a-t-elle déclaré par téléphone.

L'AFP n'a pas pu la joindre dans l'immédiat.

Fondée en 2022, la compagnie BAC Consulting est enregistrée à Budapest, dans un bâtiment de deux étages situé en périphérie de la capitale et appartenant à une entreprise qui fournit des adresses de domiciliation, selon une femme présente sur les lieux mercredi matin.

Mme Barsony-Arcidiacono apparaît comme la seule employée, selon les documents légaux consultés par l'AFP qui font par ailleurs état d'un chiffre d'affaires annuel de 210 millions de forints (530.000 euros) pour des bénéfices de quelque 45.000 euros.

Sur son site internet, désormais inaccessible mais dont l'AFP a pu consulter une version archivée, BAC dit "oeuvrer à l'échelle internationale en tant qu'acteur de changement avec un réseau de consultants".

La PDG se présente elle-même comme une "conseillère stratégique pour des organisations internationales".

Enquête à Taïwan 

Le groupe taïwanais a démenti des informations du quotidien américain New York Times, selon lesquelles il avait lui-même fabriqué et vendu au Hezbollah les bipeurs, du modèle AR924.

"Notre entreprise n'apporte que l'autorisation d'utiliser la marque et n'est pas impliquée dans leur conception et leur fabrication", a-t-il insisté.

"Ce ne sont pas nos produits (...) du début à la fin", avait affirmé plus tôt mercredi le directeur de l'entreprise, Hsu Ching-kuang, à des journalistes à Taipei.

Le parquet taïwanais a annoncé l'ouverture d'une enquête. "Nous avons confié l'affaire au procureur général de l'équipe de sécurité nationale (...). Nous allons clarifier les faits au plus vite et si nous constatons des faits illégaux, ils seront sévèrement punis conformément à la loi", selon un communiqué.

Citant des responsables américains et d'autres nationalités, le New York Times a affirmé que les services secrets israéliens étaient parvenus à intercepter les bipeurs avant leur arrivée au Liban et à cacher de petites quantités d'explosifs et un détonateur à côté de la batterie.

Toujours selon le quotidien américain, un message apparaissant comme venant de la direction du Hezbollah a fait biper l'appareil mardi pendant plusieurs secondes avant de déclencher l'explosif.

Ces informations vont dans le sens de la théorie, avancée mardi par plusieurs experts, selon laquelle les services israéliens seraient parvenus à infiltrer la chaîne logistique du Hezbollah pour planifier cette attaque.

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