Archives : Le gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salamé, lors d'une interview à Beyrouth, au Liban. Photo : Reuters
L'ancien gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, accusé de détournement massif de fonds publics, a été maintenu en détention lundi à l'issue de son interrogatoire par un juge à Beyrouth.
M. Salamé, 74 ans, qui était étroitement lié à la classe politique, est la première personnalité de premier plan arrêtée depuis le début de l'effondrement économique du Liban il y a près de cinq ans.
Il a été gouverneur de la banque centrale de 1993 jusqu'en juillet 2023 et est accusé par ses détracteurs d'être l'un des principaux responsables de l'effondrement financier du pays.
L'ancien banquier d'affaires franco-libanais avait été arrêté le 3 septembre à Beyrouth puis placé en détention provisoire.
Le premier juge d'instruction de Beyrouth, Bilal Halawé, a "issu un mandat d'arrêt à son encontre", une formalité de procédure, après l'avoir entendu pendant deux heures et demie lundi matin, en présence de son avocat, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.
L'interrogatoire doit reprendre jeudi, selon cette source qui a refusé d'être identifiée.
M. Salamé est suspecté de détournement massif de fonds publics libanais et de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et financier.
Il se défend de toute malversation et a affirmé vendredi dans un communiqué "coopérer avec la justice libanaise".
- "Mon argent s'est envolé" -
"Je suis au chômage et mon argent s'est envolé", a déclaré à l'AFP Simon al-Barrak, un manifestant d'une soixantaine d'années. "On est là pour soutenir la justice même si on est sceptiques (...). Il n'y pas que Riad Salamé que nous voulons voir en prison".
M. Salamé était arrivé lundi matin au palais de Justice pour être interrogé par le juge.
A l'arrivée du convoi le transportant devant le palais de Justice, une trentaine de manifestants avaient tenté de prendre les voitures d'assaut, criant "Salamé est un voleur", a constaté un journaliste de l'AFP.
Après son interrogatoire, il a regagné le siège de la Sûreté générale libanaise où il est détenu dans une cellule individuelle, "dans de bonnes conditions", selon la source judiciaire.
Le procureur financier avait engagé des poursuites contre M. Salamé au lendemain de son arrestation pour "détournement de fonds publics, enrichissement illicite et blanchiment d'argent".
Il avait été arrêté après avoir été interrogé par le procureur général au sujet de soupçons de détournement de fonds de la BDL dépassant 40 millions de dollars.
Depuis octobre 2019, le Liban est en plein effondrement économique et la livre libanaise a perdu plus de 98% de sa valeur.
Les épargnants sont privés d'accès à leurs comptes en banque et 44% des Libanais vivent désormais sous le seuil de pauvreté, selon un rapport de la Banque mondiale publié en mai dernier.
M. Salamé, qui n'a pas répondu à une convocation d'un juge français en mai 2023, fait depuis l'objet d'un mandat d'arrêt international. Le Liban refuse néanmoins d'extrader ses ressortissants.
La justice allemande a de son côté annulé en juin dernier un mandat d'arrêt contre lui, sans pour autant boucler l'enquête à son encontre.
Les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni ont imposé des sanctions économiques pour corruption contre M. Salamé, Washington estimant que ses "actions corrompues et illégales ont contribué à l'effondrement de l'Etat de droit au Liban".
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