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Quelles conséquences en Catalogne et en Espagne après le retour éclair de Puigdemont ?

AFP , Samedi, 10 août 2024

Puigdemont
Le leader indépendantiste catalan Carles Puigdemont donne un discours lors de sa réapparition éclair à Barcelone. Photo : AFP

Le retour éclair jeudi à Barcelone de Carles Puigdemont, et sa fuite vers la Belgique, ont mis en difficulté la police catalane et suscitent des interrogations tant sur la stratégie du leader indépendantiste que sur les conséquences pour le Premier ministre Pedro Sanchez.

 Pourquoi Puigdemont est-il revenu en Catalogne jeudi ?

Le leader indépendantiste avait annoncé plusieurs fois qu'il comptait assister au débat d'investiture du président de la Catalogne, après sept ans passés à l'étranger pour fuir les poursuites qui le visent en Espagne.

Il est revenu le jour du vote, a donné un discours sur un podium à deux pas du Parlement, mais ne s'y est finalement pas rendu et s'est éclipsé discrètement, échappant aux policiers.

"On peut imaginer qu'il voulait mettre un maximum de pression pour empêcher l'investiture de Salvador Illa", le candidat socialiste devenu jeudi soir le premier président du gouvernement régional à ne pas être issu des rangs nationalistes depuis 2010, estime le politologue Pablo Simon.

"Son arrivée surprise pouvait semer le trouble, donner lieu à des manifestations, faire que la séance plénière soit reportée, et que l'investiture n'ait pas lieu", poursuit l'analyste. "C'était sa dernière cartouche pour empêcher l'investiture et mettre la pression sur ERC", le parti de gauche séparatiste à la tête de la région jusqu'ici.

Concurrent direct de Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne), le parti de Carles Puigdemont, dans la mouvance indépendantiste, ERC a finalement choisi de soutenir Salvador Illa pour son élection --non sans avoir négocié un accord offrant de nouveaux pouvoirs au gouvernement régional.

Quelles conséquences pour l'Espagne et la Catalogne ?

"L'Etat espagnol est tourné en ridicule. Puigdemont apparaît comme le plus malin et l'image de l'Espagne sur la scène internationale est celle d'une police humiliée", juge Pablo Simon.

Le quotidien national El Pais déplore samedi l'"incapacité" des Mossos d'Esquadra, la police catalane, qui "a réveillé les vieilles craintes d'une politisation de l'institution policière, des craintes d'autant plus nourries que les trois personnes arrêtées pour leur participation présumée à cette fuite sont précisément des agents de ce corps policier".

Trois Mossos ont en effet été interpellés, accusés d'avoir aidé à s'enfuir le dirigeant indépendantiste, toujours visé par un mandat d'arrêt pour son rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.

"De cette fuite ne restent que des Mossos en état de choc, la colère de la Cour suprême (dont un juge instruit le cas visant Carles Puigdemont) et Junts qui est isolé", résume le quotidien catalan La Vanguardia.

Pedro Sanchez peut-il être mis en difficulté ?

Officiellement en congés, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez n'a pas commenté le retour de Carles Puigdemont.

Le gouvernement, à la majorité très fragile, est soutenu au Parlement par Junts, qui avait négocié en échange de son appui une loi d'amnistie, dont ne bénéficie toujours pas Carles Puigdemont pour l'ensemble des faits qui lui sont reprochés.

Son ministre de la Justice Félix Bolaños a renvoyé vendredi la responsabilité du fiasco de jeudi sur les Mossos, "compétents pour garantir aussi bien le déroulement normal du débat d'investiture que l'application des mandats d'arrêt".

Mais cette "humiliation internationale", va, d'après Pablo Simon, apporter de l'eau au moulin de l'opposition qui y verra "un affront préparé par le gouvernement lui-même pour ne pas arrêter Carles Puigdemont".

Et de fait, à droite comme à l'extrême droite, les opposants au gouvernement de Pedro Sanchez n'ont pas mâché leurs mots.

"Le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur et la directrice du Renseignement auraient démissionné de honte dans n'importe quel pays avec une once d'Etat de droit", a écrit sur X Santiago Abascal, dirigeant du parti d'extrême droite Vox, fustigeant un gouvernement "non pas incompétent, mais complice".

Le leader du Parti populaire (droite) Alberto Núñez Feijóo a quant à lui dénoncé une "farce" et exigé "une comparution" du Premier ministre et la mise à pied de plusieurs ministres pour leur "négligence dans le dispositif policier".

 

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