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Nigeria: la sécurité renforcée face à des manifestations contre la hausse du coût de la vie

AFP , Jeudi, 01 août 2024

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Des policiers nigérians se mettent en ligne alors que les manifestants se rassemblent lors de la manifestation contre la mauvaise gouvernance à Ikeja, Lagos. Photo : AFP

Les autorités nigérianes ont renforcé jeudi la sécurité dans la mégapole de Lagos et la capitale Abuja, à l'occasion de manifestations contre la hausse du coût de la vie dans ce pays où l'armée a mis en garde contre toute reproduction des violences récentes au Kenya.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, traverse l'une de ses pires crises économiques depuis des années à la suite des réformes mises en place par le président Bola Ahmed Tinubu, arrivé au pouvoir en mai 2023.

Baptisé #EndbadGovernanceinNigeria (Mettre fin à la mauvaise gouvernance au Nigeria), le mouvement de protestation a obtenu de nombreux soutiens sur les réseaux sociaux, à l'heure où le pays connaît une hausse des prix généralisée avec une inflation des denrées alimentaires dépassant les 40% et un triplement du prix de l'essence.

Les manifestants demandent à M. Tinubu de revenir sur certaines de ses réformes, comme la suspension de la subvention au carburant, mais aussi de "mettre fin à la souffrance et à la faim" dans le pays.

À Abuja, les forces de sécurité ont bloqué les routes menant au populaire parc Eagle Square, l'un des lieux de protestation prévus, tandis qu'à Lagos, des policiers et des soldats ont été placés à des points stratégiques, notamment au péage de Lekki, où des manifestations en 2020 s'étaient soldées par un bain de sang.

Dans la capitale et à Lagos, la participation pour l'heure était faible. Quelques dizaines de manifestants étaient rassemblés devant le stade national d'Abuja tandis que dans le quartier d'Ikeja à Lagos, les policiers étaient plus nombreux que les dizaines de manifestants.

"La faim m'a poussé à manifester", a commenté Asamau Peace Adams, un manifestant de 24 ans, devant le stade national d'Abuja. "Tout cela est dû à la mauvaise gouvernance" a-t-il ajouté.

Une poignée de manifestants s'est également rassemblée dans la ville de Kano, dans le nord du pays, a constaté un journaliste de l'AFP.

À la veille des manifestations, les représentants du gouvernement avaient appelé les jeunes à éviter les rassemblements et à laisser le temps aux réformes du président Tinubu de porter leurs fruits.

De nombreux Nigérians faisant face à des difficultés économiques croissantes disent par ailleurs s'inquiéter de l'insécurité pendant les manifestations.

- "vigilance" -

Les organisateurs de ces manifestations, une coalition informelle de groupes de la société civile, ont promis de poursuivre leurs actions malgré des recours juridiques visant à limiter les manifestations aux parcs publics et aux stades.

Pour dissuader la population de descendre dans la rue à partir de jeudi, le gouvernement a dressé mercredi la liste des aides qu'il a proposées pour atténuer les difficultés économiques, notamment l'augmentation du salaire minimum et la livraison de céréales dans les États du pays.

"Le gouvernement du président Tinubu reconnaît le droit de manifester pacifiquement, mais la circonspection et la vigilance doivent être nos mots d'ordre", a déclaré à la presse le secrétaire du gouvernement de la Fédération, George Akume.

"Nous appelons les Nigérians à poursuivre sur la voie de la paix, du dialogue et de la collaboration", a-t-il ajouté.

La semaine dernière, l'armée nigériane a mis en garde contre toute reproduction des violences récentes au Kenya, à l'occasion des manifestations contre la hausse du coût de la vie.

Le Kenya a été le théâtre de manifestations meurtrières qui ont forcé le gouvernement de William Ruto à retirer son projet de nouvelles taxes en juin. Au moins 50 personnes ont été tuées, selon l'agence nationale de protection des droits humains.

Le dernier grand mouvement de protestation au Nigeria a eu lieu en octobre 2020. Baptisé #EndSARS, il entendait mettre fin aux abus d'une brigade de police, la SARS, et s'est ensuite étendu à une contestation politique.

Ce mouvement était parvenu à obtenir la dissolution de cette unité de police, mais les manifestations se sont terminées dans un bain de sang avec au moins 10 manifestants tués, selon Amnesty International. Le gouvernement et l'armée ont nié toute responsabilité.

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