L’affaire concernant l’Application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans la bande de Gaza (AfriqueduSud c. Israël) devant la CIJ. Photo : X
La Cour internationale de justice CIJ a consacré deux jours d'audiences publiques, le 16 et le 17 mai, à la demande de l’Afrique du Sud d'enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah, dans le Sud de la bande de Gaza. Aucune décision à cet égard n'a été encore annoncée.
Dans sa demande du 10 mai, l’Afrique du Sud avait affirmé que les mesures conservatoires précédemment indiquées « ne sont pas susceptibles de répondre pleinement à l’évolution de la situation ».
Pretoria a déclaré vendredi 17 devant la CIJ que "le génocide" commis par Israël avait atteint un "niveau horrible", évoquant notamment des fosses communes, des actes de torture et un blocage de l'aide humanitaire.
Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Les ordonnances de la CIJ, qui tranche les différends entre Etats, sont juridiquement contraignantes mais la Cour n'a aucun moyen de les faire respecter.
Pour Pretoria, l'évolution de la situation sur le terrain, notamment l'opération à Rafah, nécessite une nouvelle ordonnance de la CIJ.
Pretoria demande à la cour trois nouvelles mesures d'urgence en attendant qu'elle se prononce sur le fond de l'affaire, à savoir l'accusation selon laquelle Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.
L'Afrique du Sud a souhaité que la Cour ordonne à Israël de cesser "immédiatement" toutes les opérations militaires à Gaza, y compris à Rafah, de permettre l'accès humanitaire et de rendre compte des mesures prises pour la mise en œuvre de ces ordonnances.
« L'Afrique du Sud avait espéré, lors de notre dernière comparution devant cette cour, mettre à terme à ce processus génocidaire afin de préserver la Palestine et son peuple », a dit Vusimuzi Madonsela, ambassadeur de l'Afrique du Sud aux Pays-Bas.
"Au lieu de cela, le génocide d'Israël s'est poursuivi à un rythme soutenu et vient d'atteindre un nouveau et horrible niveau", a-t-il ajouté.
Dernière étape
Un avocat de l'Afrique du Sud a déclaré jeudi devant la plus haute juridiction de l'ONU que l'opération israélienne à Rafah était la "dernière étape" dans la destruction de Gaza, appelant les juges à protéger le peuple palestinien.
Israël s'est défendu vendredi au siège de CIJ. « Une guerre tragique est en cours mais il n'y a pas de génocide », a rétorqué Gilad Noam, procureur général adjoint chargé des affaires internationales pour Israël.
Sur le terrain, les combats s'intensifient dans le nord et le sud de la bande assiégée. Selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), 600.000 personnes ont fui Rafah depuis l'intensification des opérations militaires.
Pretoria a souligné que la seule manière de mettre en oeuvre les décisions de justice existantes était un "cessez-le-feu permanent à Gaza".
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a juré d'anéantir le Hamas, est déterminé à lancer une offensive terrestre d'envergure contre Rafah, où seraient retranchés selon lui les derniers bataillons du Hamas.
Inquiets pour la population civile, les Etats-Unis, comme une grande partie de la communauté internationale, sont opposés à une telle offensive dans cette ville située à la frontière égyptienne, où s'entassent des centaines de milliers de déplacés.
Les Palestiniens tués dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre sont à 60%, voire plus, des femmes et des enfants, selon une estimation onusienne présentée le 14 mai sur la base des chiffres du ministère de la santé de Gaza.
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