La frontière sud d’Israël avec la bande de Gaza montre un soldat de l’armée israélienne au sommet d’un char le long de la frontière avec le territoire palestinien. Photo : AFP
Huit organisations, dont Amnesty International France, ont annoncé jeudi des procédures en justice pour exiger "la suspension des livraisons d'armes" de la France à Israël, une action décrite comme "parfaitement exceptionnelle".
« Il existe clairement un risque que les armes et les équipements militaires que la France exporte vers Israël soient utilisés pour commettre de graves crimes contre des populations civiles dans la bande de Gaza occupée », s'alarment ces ONG, associations et syndicats - dont Attac et Solidaires - dans un communiqué.
« Ce faisant, la France viole les règles internationales relatives notamment au traité sur le commerce des armes et risque de devenir complice de violations du droit international - y compris de crimes de guerre - et d'un possible génocide", alertent ces organisations, qui ont ou vont déposer trois procédures juridiques d'urgence distinctes.
Fin mars, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, avait démenti la vente à Israël, en guerre contre le Hamas à Gaza depuis le 7 octobre, de composants pour des pièces de cartouches.
Selon les sites d'investigation Disclose et Marsactu, "la France a autorisé, fin octobre 2023, la livraison à Israël d'au moins 100.000 pièces de cartouches pour des fusils mitrailleurs susceptibles d'être utilisés contre des civils à Gaza".
« Il y a une opacité extrême autour des conditions dans lesquelles la France aujourd'hui intervient et fournit des armes », a dénoncé lors d'une conférence de presse Me Vincent Brengarth, avocat de six organisations - dont l'Association France Palestine Solidarité - qui devaient saisir dans les prochaines heures le tribunal administratif de Paris pour exiger la suspension de toutes les licences d'exportation de matériels de guerre vers Israël.
« Les actes de complicité que constitue la fourniture d'armes sont à l'envers de l'obligation de prévenir le génocide », a estimé pour sa part Me William Bourdon, alors que plus de 33.000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, selon le Hamas, dans des opérations d'Israël en représailles à l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre.
L'ONG Action Sécurité Éthique Républicaines (ASER) a déjà saisi le tribunal administratif de Paris pour demander la suspension d'une licence d'exportation vers Israël de matériels de guerre de la catégorie ML3 (munitions et éléments de munitions).
De son côté, Amnesty International France va exiger la suspension des licences d'exportation de matériels de guerre pour les catégories ML5 (matériels de conduite de tir) et ML15 (matériels d'imagerie).
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