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Le ministère de la Santé de Gaza fait état de 104 morts dans une distribution d'aide qui tourne au « massacre »

Ahraminfo , (avec AFP) , Jeudi, 29 février 2024

L’ONU s’est dit « consternée par les informations rapportant des centaines de morts et de blessés lors d'un transfert de fournitures humanitaires à l'ouest de la ville de Gaza ».

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Archive - hôpital al-Shifa à Gaza. Photo : AFP

Le bilan du massacre de la rue al-Rashid où une distribution alimentaire avait lieu à la ville de Gaza, s'élève désormais à 104 morts et 760 blessés, a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère de la Santé palestinien à Gaza, Ashraf al-Qudra, révisant à la hausse un premier bilan hospitalier qui faisait état d'au moins 50 morts.

« On dénombre des martyrs et des blessés, incluant des femmes et des enfants, à la suite de tirs des forces d'occupation en direction de milliers de citoyens », a déclaré le directeur des urgences de l'hôpital al-Chifa.

"Nous étions dans la rue al-Rachid, et soudain des chars nous ont pris d'assaut. Il y avait des colis remplis d'aide. Les gens, à cause du manque de nourriture et de farine ont foncé pour les récupérer. C'était le chaos, il y avait des foules de gens, mais les forces d'occupation continuaient à nous tirer dessus, il y a eu tant de martyrs et de victimes", a déclaré à l'AFP un témoin refusant de révéler son identité.

"Je suis l'un des blessés, j'étais dans la rue al-Rachid. Nous étions debout pour obtenir de la nourriture pour nos enfants (...). Mais nous avons payé cette aide de notre sang", a indiqué un autre témoin.

Des cadavres ont été transportés à l'aide d'une charrette tirée par un âne le long de la route longeant la côte de la bande de Gaza, selon un collaborateur de l'AFP sur place. Dans un communiqué conjoint les factions palestiniennes ont dénoncé un "crime odieux sur des civils sans défense".

Ces dernières semaines, les organisations humanitaires ont tiré la sonnette d'alarme sur la situation humanitaire à Gaza, l'ONU estimant que 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées de famine, en particulier dans le nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l'acheminement de l'aide humanitaire.

Selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), un peu plus de 2.300 camions d'aide sont entrés dans la bande de Gaza au mois de février, une baisse d'environ 50% par rapport à janvier, et une moyenne quotidienne de quelque 82 camions par jour.

D'après l'ONU, environ 500 camions entraient en moyenne quotidiennement dans la bande de Gaza avant le début de la guerre le 7 octobre, alors que les besoins de la population locale était alors moindres.

Dans un entretien récent à l'AFP, le chef du bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU pour les Territoires palestiniens, Andrea De Dominico, a fait état des problèmes liés à l'acheminement de l'aide dans le nord de Gaza, où la situation tient de "la misère à l'état pur". A l'arrivée de convois, disait-il, des "milliers de personnes bloquent les camions pour les décharger au risque de se faire tirer dessus".

L’ONU s’est dit « consternée par les informations rapportant des centaines de morts et de blessés lors d'un transfert de fournitures humanitaires à l'ouest de la ville de Gaza », a indiqué le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, Martin Griffiths, sur son compte X. 

« Les signes de vie disparaissent de Gaza à une vitesse effrayante », a-t-il regretté.

Si les sources israéliennes ont confirmé des tirs sur la foule, elles ont rejeté leur responsabilité dans la lourdeur de ce bilan, l'armée israélienne évoquant par ailleurs des décès liés à des personnes piétinées par la foule.

« Des soldats israéliens se sentant menacés ont tiré à balles réelles sur des Palestiniens lors d'une distribution d'aide humanitaire ayant tourné au chaos jeudi dans le nord de la bande de Gaza », ont indiqué à l'AFP des sources israéliennes.

La présidence palestinienne a condamné « le massacre odieux » commis par l'armée israélienne, précisant que les autorités d’occupation israéliennes en portent l’entière responsabilité, indique l’agence palestinienne WAFA. 

« La poursuite de ces massacres confirme clairement que le véritable objectif des autorités d’occupation est de massacrer le peuple palestinien et de le déporter de ses terres, ce que nous ne permettrons jamais », indique l’agence WAFA soulignant la nécessité d'une intervention immédiate de la communauté internationale pour mettre fin à cette agression.

Le ministère de la Santé palestinien à Gaza a annoncé jeudi 29 février que le nombre de morts dans la bande de Gaza était de « plus de 30 000 » depuis le début de la guerre le 7 octobre.

Ce bilan est communiqué alors que les principaux médiateurs dans la guerre, les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar, disent espérer obtenir une trêve permettant la libération d'otages détenus à Gaza avant le début du Ramadan, le mois de jeûne sacré musulman qui commence autour du 11 mars.

L’Egypte, de son côté a condamné le ciblage des Palestiniens par Israël au rond-point de Nabulsi dans la bande de Gaza, considérant ce fait comme « un crime honteux » et « une violation flagrante » du droit international et du droit humanitaire international, ainsi qu'un « mépris de la valeur de l'être humain », indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, jeudi 29 février.

Le Caire a retiré son appel à faire pression sur Israël pour qu'il se conforme aux dispositions du droit international, soulignant la nécessité de lever tous les obstacles qui empêchent le flux de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. 

 

 

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