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Des inconnus qui pèsent tout de même

Nada Al-Hagrassy , Mercredi, 30 octobre 2024

Aux côtés de Trump et Harris se trouvent plusieurs autres petits candidats. Loin de remporter l’élection, ces candidats peuvent aisément faire pencher la balance vers l’un d’eux. Qui sont-ils ?

Des inconnus qui pèsent tout de même

Aux Etats-Unis, de nombreuses voix contestent le système électoral et veulent changer la donne politique de l’élection présidentielle. Celui-ci repose sur un système de bipartisme étroit qui reflète les grands intérêts des grandes multinationales et de l’élite au détriment de la grande diversité de la nation. Ce profond mécontentement s’est manifesté par l’émergence de ce qui est connu comme les candidats tiers. Il s’agit de candidats soit appartenant à d’autres partis politiques outre que les deux grands partis qui monopolisent la vie politique, soit des candidats dits indépendants, mais ayant des idées partagées par une grande tranche de la société.

A côté des deux grands candidats, il y a sept autres candidats dits tiers qui briguent également la présidence. La première et bien connue, puisque son nom figure sur 46 bulletins des 50, est la septuagénaire Jill Stein, candidate du Parti Vert. Médecin de métier, son programme politique se résume en trois mots : « Peuple, Patrie et Climat ». Tandis que le second candidat n’est autre que le célèbre Robert Kennedy Jr, neveu du célèbre président assassiné John F. Kennedy. Bien qu’il soit démocrate, il a déclaré en août dernier la suspension de sa course à la Maison Blanche et a nettement déclaré son soutien à Donald Trump. Le troisième candidat est l’universitaire Cornel West, spécialiste de la question raciale aux Etats-Unis. Il se définit comme un socialiste non marxiste. Il est pro l’établissement d’un cessez-le-feu permanant à Gaza et le retrait israélien du territoire palestinien. Le quatrième candidat est Chase Olivier, âgé de 39 ans, candidat du Parti libertarien. Il veut retirer les Etats-Unis de tout conflit à l’étranger et aussi réduire le soutien américain à l’Ukraine comme à Israël. Il souhaite décriminaliser la consommation des drogues et veut simplifier les procédures d’obtention de la nationalité aux nouveaux venus. Il ne reste que les trois derniers candidats qui sont Randall Terry, candidat du Parti de la Constitution, Peter Sonski, candidat du Parti de la solidarité, et Michael Wood, du Parti de la prohibition.

Comment bouleverser la donne

Même si ces candidats indépendants sont toujours considérés comme des acteurs secondaires dans le processus électoral et ne peuvent en aucun cas rivaliser avec les géants démocrates et républicains en termes d’infrastructures des campagnes et de financement, ils peuvent aisément affecter le résultat final du scrutin par la fragmentation des voix électorales. C’est exactement ce qui s’est passé à l’élection de 2016 entre Hillary Clinton et Donald Trump, qui l’a remporté grâce aux votes en faveur de la candidate du Parti Vert Jill Stein, surtout dans les Etats-clés. Ce même scénario risque de se reproduire pendant cette actuelle élection. Les votes en faveur de Jill Stein peuvent faire pencher la balance contre la candidate démocrate Kamala Harris. Et il en va de même pour le président Donald Trump. Et ce, à cause de la désapprobation grandissante d’une large partie de l’électorat américain face à l’énorme aide financière fournie à l’Ukraine et au soutien aveugle et déraisonnable au premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, accusé de commettre des actes de génocide et d’épuration ethnique à Gaza.

De peur que cela ne se produise, les deux titans de l’élection cherchent à contenir ces candidats tiers et ont réussi le coup, lorsqu’en août dernier, l’avocat Robert Kennedy Jr a déclaré son retrait de la course à la Maison Blanche en faveur de Donald Trump.

 

 Un système électoral unique

 L’élection présidentielle américaine est une élection indirecte. Ce qui veut dire que si le/la candidat à la présidentielle remporte le suffrage populaire, il ne peut être déclaré vainqueur que si le Collège électoral le désigne comme tel. En effet, le Collège électoral est un système vieux de plus de deux siècles, mis en place par la Constitution. Il s’agit d’un compromis entre les pères fondateurs des Etats-Unis qui ont débattu pour savoir si le président devait être choisi par le Congrès ou par un vote populaire. L’avis a penché contre le vote populaire direct. Ainsi fut établi le système de Collège électoral. Une manière de s’assurer que tout candidat, quel qu’il soit, ne sort pas de l’establishment politique et ses directives. Comme l’élection présidentielle, la désignation des membres du Collège électoral qualifiés comme « grand électeurs » est déterminée par chaque Etat.

Les autorités des Etats républicains choisissent un grand électeur de tendance républicaine pourvu qu’il ne soit pas un fonctionnaire fédéral. Il en va de même pour les Etats démocratiques. Cette désignation se tiendra le 17 décembre. Pour qu’un candidat remporte l’élection présidentielle, il/elle doit remporter un ensemble de 270 voix d’un total de 538 membres qui forment le Collège électoral. Ce nombre est égal à celui des deux Chambres du Congrès+100 sénateurs et trois électeurs représentants au district de Columbia, qui n’est pas un Etat, mais qui fait partie de la capitale Washington DC. Par ailleurs, il incombe au Collège électoral de changer les résultats de l’élection présidentielle. En 2000, lorsque le candidat démocrate Al Gore a obtenu 543 895 voix dans le suffrage direct de plus que le républicain George W. Bush, les voix du Collège électoral ont décidé autrement et G. W. Bush est devenu le président. Le même scénario s’est répété en 2016 quand la démocrate Hillary Clinton a reçu 2,86 millions de voix au suffrage de plus que le républicain Donald Trump, devenu le 45e président des Etats-Unis.

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