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Ali Atef : Téhéran fait face à la menace par la menace

Ola Hamdi , Lundi, 07 octobre 2024

Ali Atef, du Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS), explique l’impact de la confrontation irano-israélienne sur les calculs stratégiques de l’Iran.

Ali Atef

Al-Ahram Hebdo : Un an après la guerre à Gaza et avec l’escalade sur le front libanais, comment évaluez-vous les calculs internes de l’Iran ?

Ali Atef : La crédibilité du principe de dissuasion iranien a été fortement ébranlée ces dernières semaines par les frappes dirigées par Israël contre l’Iran et ses mandataires dans la région, notamment le Hezbollah libanais, dont le secrétaire général Hassan Nasrallah a été assassiné par Israël le 27 septembre 2024. En fait, ce principe militaire et sécuritaire iranien s’est effondré avec ces frappes israéliennes, ce qui a poussé Téhéran à diriger des attaques militaires contre Israël le 1er octobre pour tenter de rétablir l’équilibre du principe de dissuasion. Il convient de noter que des différends internes ont éclaté en Iran concernant la question de savoir s’il fallait ou non lancer une attaque militaire contre Israël. Les partisans de la ligne dure préconisant l’attaque de sites sensibles à l’intérieur d’Israël, tandis que d’autres rejetant toute attaque.

— Quel est l’impact de ces deux fronts sur les objectifs politiques et économiques du projet iranien dans la région ?

— La guerre israélienne, principalement contre des groupes mandataires iraniens dans la région, menace la survie du régime iranien lui-même, car ce dernier compte sur la force de ces groupes pour dissuader Israël d’envisager d’attaquer l’Iran. Téhéran utilise ses mandataires comme un moyen de pression indirecte et une carte de négociation avec les Américains et les Occidentaux en général lorsqu’il s’agit de discuter des dossiers sensibles, comme le dossier nucléaire ou les missiles iraniens. C’est pourquoi le déracinement de ces groupes par Israël menacera d’une part la survie du régime iranien, mais aussi son influence politique et militaire dans la région. Par conséquent, nous constatons que les déclarations du guide suprême tournent autour de l’ouverture de larges fronts de combat sur le territoire libanais afin de maintenir l’influence de ces groupes mandataires et de ne pas menacer les intérêts iraniens. Nous assisterons peut-être dans les prochains jours à un scénario d’une guerre étendue et généralisée entre les mandataires iraniens et Israël, et la possibilité que Téhéran s’engage dans ces affrontements n’est pas loin au vu des frappes directes entre lui et Israël. Téhéran a dirigé sa deuxième frappe militaire contre Israël le 1er octobre dernier, et à partir de ce moment-là, on s’attend à ce qu’Israël réponde de la même manière prochainement.

— Quelles sont donc les implications de l’attaque iranienne contre Israël ? Va-t-elle conduire à un plus grand élargissement du conflit ?

— Téhéran a été contraint de répondre à Israël pour qu’il ne pense plus à attaquer l’Iran à nouveau. Cette attaque a eu lieu en réponse à l’assassinat de nombreux dirigeants de groupes pro-iraniens dans la région et de nombre de dirigeants des Gardiens de la Révolution iranienne dans la région au cours des derniers mois, dont le dernier était le responsable du dossier Liban au sein de la Force Al-Qods, Abbas Nilforoushan, tué aux côtés de Nasrallah lors de l’attaque qui a eu lieu dans la banlieue sud de Beyrouth. Cette attaque iranienne montre l’insistance de Téhéran à affronter la menace par la menace et qu’il se sentait réellement menacé par Israël de sorte qu’il a voulu devancer les événements et envoyer un message à Tel-Aviv qu’il ne resterait pas silencieux face à l’élimination des groupes mandataires de l’Iran dans la région. L’attaque iranienne contre Israël entraînera une nouvelle escalade des tensions sécuritaires et militaires dans la région. Car Israël réagira probablement en prenant pour cible les installations nucléaires ou des missiles iraniens, voire les raffineries et les puits de pétrole en Iran. De telles frappes pourraient ouvrir la voie au déclenchement d’une guerre régionale globale qui pourrait affecter d’autres pays de la région et les intérêts des pays occidentaux en général.

— Quelles sont les options de réponse d’Israël ?

— Pour Tel-Aviv, toutes les options sont ouvertes pour répondre aux attaques iraniennes du 1er octobre. Je crois que les attaques israéliennes pourraient se concentrer sur plus d’une cible. Tel-Aviv pourrait cibler des installations nucléaires ou des missiles iraniens, ou des sites de fabrication de drones. Et il est possible de frapper des sites et des puits pétroliers. En effet, Israël pourrait frapper les sites nucléaires de Téhéran, car il s’agit d’une cible israélienne de longue date et de la principale raison pour laquelle Israël a modifié la nature de son attaque et de son conflit stratégique avec l’Iran depuis l’attaque du consulat le 1er avril de l’année dernière.

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