Samedi, 25 janvier 2025
Dossier > Moyen-Orient >

Corne de l’Afrique : Instabilité chronique et conflits disparates

Racha Darwich , Mercredi, 28 août 2024

La corne de l’Afrique est la scène de nombreux conflits impliquant différentes parties et menaçant la stabilité de la région.

Corne de l’Afrique : Instabilité chronique et conflits disparates

Située dans la partie orientale du continent africain, elle prend la forme d’une corne de rhinocéros sur la carte et occupe une importance stratégique grâce à son emplacement géographique. Il s’agit d’une zone stratégique qui comprend trois unités politiques, à savoir la Somalie, Djibouti et l’Ethiopie. Mais ce terme, dans son acception la plus large basée sur l’importance économique et stratégique, désigne 10 pays allant de l’Erythrée, au nord, à la Tanzanie au sud, en passant par le Soudan du Sud, le Soudan, le Burundi, le Rwanda, Djibouti, la Somalie, l’Ethiopie, la Tanzanie, le Kenya et l’Erythrée.

Cette région a de tout temps été la scène de conflits influencés par des facteurs politiques, économiques et sociaux interdépendants. « La Corne de l’Afrique est l’une des régions de l’Afrique, voire du monde, les moins stables. Elle a connu des vagues successives de changements qui ont rarement abouti à une situation stable durable », explique Ahmed Amal, directeur de l’unité des études africaines au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS).

Historiquement, la région de la Corne de l’Afrique est le théâtre géostratégique de concurrence et de conflits internationaux et régionaux, vu son importance stratégique dans l’équation de la sécurité internationale et de l’économie. Par son emplacement géographique qui s’étend de l’océan Indien à l’entrée sud de la mer Rouge, par le détroit de Bab Al-Mandab, elle supervise des ports stratégiques sur l’océan Indien, le golfe d’Aden et la mer Rouge, par où passe près de 30 % du commerce mondial. Par ailleurs, la région jouit d’énormes ressources naturelles, qu’il s’agisse d’hydrocarbures, d’eau ou de terres fertiles.

Différentes formes de conflits

Les conflits liés aux ressources représentent l’un des modèles de conflits les plus enracinés dans la Corne de l’Afrique et ils sont liés à d’autres ethniques, politiques et frontaliers. Les conflits sur les ressources naturelles sont le plus souvent alimentés par les Etats voisins ou par des puissances extérieures dans l’objectif de transformer les pays en Etats fragiles, et ce, afin de créer un prétexte pour y trouver place d’une manière ou d’une autre. Vu la rareté des ressources hydriques dans cette partie du monde, ces conflits se traduisent en conflits autour des terres fertiles entre plusieurs pays régionaux et internationaux pour y installer différents projets. Les conflits sont encore plus évidents autour des richesses minières.

Ils sont également liés aux conflits autour du pouvoir qui amènent à l’émergence de groupes armés non étatiques, comme le Soudan l’a récemment connu. Ce qui se traduit par l’effondrement des institutions étatiques.

 Par ailleurs, les conflits ethniques sont largement répandus dans tous les pays de la région. Ils prennent différentes formes, qu’il s’agisse de conflits séparatistes ethniques, de conflits ethno-existentiels, de conflits ethniques avec des dimensions nationales ou de conflits à base raciale. Cette diversité a conduit à l’exacerbation des conflits et à l’échec de leur règlement en raison de la présence de causes profondes difficiles à résoudre et très complexes.

D’ailleurs, les frontières entre les pays de la Corne de l’Afrique, comme du reste de l’Afrique, ont été tracées au gré des puissances coloniales, dans un contexte de rivalité entre celles-ci. Elles ont dans bien des cas fait fi des réalités ethniques, linguistiques, religieuses et politiques des peuples africains. La négligence et la méconnaissance du substrat géographique et des divisions sociopolitiques traditionnelles engendrèrent des conflits séparateurs, comme les Tigrés en Ethiopie. Vu que de nombreux pays contestent le tracé colonial, des frontières sont apparues des conflits liés à des ambitions autour des ressources ou des routes maritimes mondiales, comme ce fut le cas du mémorandum d’entente entre l’Ethiopie et le Somaliland, qui dévoile les ambitions de l’Ethiopie à se créer une présence militaire et commerciale sur la mer Rouge.

Les pays de la Corne de l’Afrique affrontent également la menace des activités des groupes armés extrémistes qui cherchent à provoquer des effets transfrontaliers impactant la sécurité de la région à l’instar des Houthis du Yémen, du mouvement des jeunes combattants (Harakat Chabab Al-Mojahedine) en Somalie et de Daech. Le rapprochement entre ces mouvements, comme c’est le cas entre les Houthis et le mouvement des jeunes combattants, constitue un facteur qui multiplie les troubles et l’instabilité dans tous les pays de la région, ainsi que dans la région de la mer Rouge.

Enfin, l’un des plus grands enjeux auquel est confronté la Corne de l’Afrique est l’émergence de milices ou de groupes armés non étatiques qui constituent une menace majeure pour la sécurité et la stabilité de la Corne de l’Afrique.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique