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L’aluminium prend son envol

Amani Gamal El Din , Mercredi, 21 août 2024

Le plan de modernisation de l’industrie égyptienne comprend trois secteurs-clés : l’automobile, le textile et l’aluminium. Retour sur leur développement et les défis à relever.

L’aluminium prend son envol

Le troisième secteur qui fait partie de la stratégie de développement de l’industrie est celui de l’aluminium. En effet, grâce à ses propriétés incomparables, l’aluminium est aujourd’hui utilisé sous forme d’alliages dans de très nombreuses industries. Il est présent dans tous les aspects de la vie moderne : industrie automobile, électroménager, panneaux électriques et solaires, industrie navale, immobilier ... On le trouve également dans notre quotidien, dans les emballages de divers produits et autres.

En effet, l’aluminium a toujours eu une place centrale dans l’industrie égyptienne. Lors de sa rencontre avec le premier ministre, le ministre du Secteur des affaires, Mohamed Shimy, a révélé quelques chiffres au sujet de l’industrie de l’aluminium, méconnue en Egypte. « La valeur des échanges commerciaux des produits en aluminium en 2023 s’est élevée à 230 milliards de dollars et la demande augmente de 6,2 % par an. Les échanges s’élèveront à 394 milliards de dollars d’ici fin 2032 », affirme le communiqué de presse publié à l’issue de la rencontre.

Misr Aluminium Company est la seule usine d’aluminium en Egypte, dotée d’une capacité de production de 310 000 tonnes par an. L’entreprise vise à exporter 60 % de ses produits et à vendre et distribuer le reste sur le marché local. « L’Italie, l’Allemagne, la Grèce et la Pologne sont parmi les plus grands importateurs d’aluminium égyptien et elles représentent environ 96 % des exportations totales d’aluminium, qui ont atteint 174 000 tonnes en 2023, d’une valeur de 452 millions de dollars », a précisé le ministre.

Mohamed Al-Mohandes, responsable de la section aluminium à la Chambre des matériaux de construction auprès de l’Union égyptienne des industries, estime que ces chiffres ne sont pas à la hauteur des ambitions. « Misr Aluminium a été la première compagnie spécialisée dans l’aluminium dans la région arabe. Sa capacité de production aurait dû être le double. L’Egypte était l’un des pays précurseurs dans la production de l’alumine semi-finalisée qui a de multiples usages », explique-t-il.

 Plusieurs problèmes font obstacle à cette industrie. A commencer par les prix de l’aluminium brut qui ont connu une hausse de plus de 100 % durant les trois dernières années. La tonne d’aluminium brut vaut aujourd’hui 180 000 L.E. Al-Mohandes explique que l’alumine (un des dérivés de l’aluminium qui entre dans plusieurs industries) est importée et la facture d’importation est estimée à plusieurs milliards de dollars. « L’Egypte entend donc fabriquer l’alumine mais la compétition est féroce car la région arabe compte plusieurs grands producteurs de cette matière », ajoute l’expert.

Le gouvernement entend investir dans l’alumine. Un projet de création d’une raffinerie d’alumine d’une capacité de production de 2 millions de tonnes par an a été lancé avec l’objectif de répondre aux besoins de l’entreprise Misr Aluminium en minerai d’alumine, estimés en moyenne à 600 000 tonnes par an, d’une valeur de 250 millions de dollars. La raffinerie exportera l’excédent de production, affirme un communiqué de presse publié à l’issue de la rencontre entre le premier ministre et le ministre du Secteur des affaires.

Combler le fossé

D’autres expansions sont en vue pour répondre aux besoins du marché local et international. Un projet d’établissement d’une ligne de production supplémentaire d’une capacité de 200 000 tonnes est prévu. L’objectif est de réduire la facture d’importation de 180 millions de dollars. « Il est question d’augmenter la capacité de production de Misr Aluminium à 510 000 tonnes par an. Un autre projet vise à construire une nouvelle usine de production d’aluminium d’une capacité de 600 000 tonnes afin de se passer des importations à 100 % et de combler le déficit du marché local », a expliqué Shimy.

Selon le ministre, une fois ces projets opérationnels, l’Egypte deviendra l’un des plus importants producteurs d’aluminium, dotée d’une capacité de production de 1,1 million de tonnes par an, et réalisera un excédent d’exportation de 447 000 tonnes par an, avec des recettes de 1,2 milliard de dollars.

Il faut cependant souligner que l’énergie est le problème que le gouvernement doit surmonter pour faire revivre l’industrie de l’aluminium. En effet, ce secteur a besoin de grandes quantités d’énergie pour fonctionner. Cependant, il existe des initiatives pour surmonter ces problèmes. D’après Al-Mohandes, deux compagnies du secteur privé égyptien et émirati ont commencé à utiliser l’énergie solaire pour produire l’aluminium à Sohag et à Minya. « Mais ce n’est pas suffisant, il faut multiplier ces initiatives dans l’avenir proche pour réaliser les objectifs du gouvernement. Ce dernier doit apporter un intérêt au secteur privé et aux petites et moyennes entreprises qui travaillent dans l’informel. Et il faut une cartographie des industriels du secteur du haut au bas de l’échelle », conclut l’expert.

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