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Trois secteurs, trois priorités

Amani Gamal El Din , Mercredi, 21 août 2024

Le plan de modernisation de l’industrie égyptienne comprend trois secteurs-clés : l’automobile, le textile et l’aluminium. Retour sur leur développement et les défis à relever.

Trois secteurs, trois priorités

L’industrie automobile sur les rails

 Le gouvernement a récemment pris la décision de faire démarrer trois usines automobiles dans la zone industrielle d’Al-Sokhna. Selon le site d’informations économiques Enterprise, le gouvernement entend y investir 1,4 milliard de L.E. Il s’agit d’un tournant décisif pour l’Egypte qui compte localiser l’industrie automobile à l’instar des grands constructeurs africains comme le Maroc et l’Afrique du Sud. Et ce, à l’heure où la facture de l’importation des véhicules est estimée à 4 milliards de dollars annuellement selon les déclarations du premier ministre, Mostafa Madbouly, lors d’une visite à la cité industrielle du 10 du Ramadan.

La première usine fabriquera les pièces de rechange intérieures des véhicules et la teinture, la deuxième usine sera spécialisée dans le lithium et les batteries de nickel-cadmium et la troisième produira des structures en acier, des panneaux et des batteries pour véhicules électriques.

Le gouvernement entend redonner à la compagnie publique Al-Nasr sa gloire d’antan. Lors d’une récente réunion avec le ministre du Secteur public des affaires, Mohamed Shimy, le premier ministre a passé en revue la situation au sein de la compagnie Al-Nasr. « Les travaux d’infrastructures sont sur les rails pour ressusciter l’industrie automobile et développer les lignes de montage et d’assemblage des châssis et des moteurs », a déclaré le premier ministre dans un communiqué.

En avril 2021, un cluster industriel automobile avait été créé. Ce complexe, situé sur la route Le Caire-Aïn Sokhna, s’étend sur 57 feddans. Il dispose de salles de vente de voitures neuves et d’occasion, en plus de services ayant trait à cette industrie comme la maintenance et la fabrication des pneus

19 usines d’assemblage

Selon une étude menée par la banque d’investissement Al-Naeem, l’Egypte a un faible taux de motorisation (nombre de voitures par habitant) comparé aux économies émergentes, ce qui donne au pays une importante marge de croissance dans le secteur automobile.

La localisation de l’industrie automobile est l’un des moyens de remédier à la hausse de la facture des importations et aux problèmes liés aux transports, dont les prix ont augmenté de 80 %, comme l’affirme Khaled Saad, secrétaire général de la Chambre de l’automobile au sein de l’Union égyptienne des industries. « Aujourd’hui, nous sommes prêts pour une production de masse. Nous disposons de l’infrastructure nécessaire avec 19 usines prêtes à l’assemblage », assure-t-il. Hicham Hamdy, analyste du secteur à la banque d’investissement Al-Naeem, explique que certaines marques comme Proton et BYD envisagent d’ouvrir de nouvelles usines. « Le secteur privé possède déjà des lignes d’assemblage qui ne fonctionnent pas à pleine capacité comme celles de GB Auto et d’Al-Amal (Lada). Il y a donc une opportunité d’accélérer le rythme de la production du secteur privé qui détient un grand potentiel », affirme Hamdy.

Régulations et incitations

Afin d’accélérer la localisation de l’industrie automobile, deux cadres régulateurs ont été mis en place. Il y a six mois, le Conseil des députés a ratifié l’Automotive Directive, une loi régulant l’industrie automobile. Celle-ci exige 4 conditions aux constructeurs. La première est de produire 10 000 véhicules au minimum. La deuxième est que le pourcentage de composants locaux soit supérieur à 45 % et aucun plafond n’a été fixé. La troisième condition est l’exportation d’une partie de la production et la quatrième se rapporte à la production de véhicules électriques sans en déterminer le nombre.

Le second cadre régulateur est l’Automotive Industry Development Program (AIDP) qui définit les incitations proposées aux hommes d’affaires opérant dans le secteur de l’industrie automobile. Les incitations dépendront de l’engagement de chaque constructeur. Il s’agit essentiellement d’incitations fiscales et douanières. « Les constructeurs sont appelés à présenter leurs bilans financiers tous les six mois pour évaluer la quantité et le volume des incitations qu’ils doivent percevoir. Le programme régularise la localisation elle-même et les entreprises devront produire au moins 5 000 unités par an par modèle et 10 000 unités par usine pour être éligibles au programme d’incitations », explique Saad.

Plusieurs entreprises se sont inscrites au programme, comme General Motors, Nissan et GB Corp.

Pour les voitures électriques, 5 acteurs du secteur privé ont affiché leur désir de produire les batteries des véhicules électriques, selon le site d’informations économiques Economy Plus. Il s’agit de GB Corp, Nissan, Chevrolet, Global Auto et Kasrawy Group. « En plus, le gouvernement déploie des efforts pour encourager les entreprises à se convertir aux voitures électriques. Les consommateurs aussi, car ceci permettrait d’économiser 60 % des coûts du carburant et les véhicules seront respectueux de l’environnement. L’un des défis demeure l’infrastructure limitée dans le domaine des chargeurs électriques », conclut Saad.

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