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Egypte-UE : Nouvelles perspectives de coopération

Ola Hamdi , Jeudi, 04 juillet 2024

Les relations égypto-européennes ont connu une évolution significative ces dernières années. Les deux parties souhaitent à présent renforcer leur partenariat face aux défis géopolitiques. Explications.

Egypte-UE : Nouvelles perspectives de coopération

Les relations égypto-européennes ont connu un élan important ces dernières années, tant au niveau bilatéral que multilatéral. Elles s’appuient sur une longue histoire de coopération de plus de 200 ans. C’est, en effet, à l’époque du président Sadate que les axes de la politique étrangère égyptienne ont changé et le pays a commencé à se rapprocher du bloc occidental. Ce rapprochement s’est notamment concrétisé après la signature de l’accord de la Politique Méditerranéenne Globale (PMG) en 1972 entre la Communauté économique européenne et l’Egypte. En plus, le partenariat euro-méditerranéen signé en 1995 a ouvert la voie à certains progrès dans les relations entre l’Union Européenne (UE) et l’Egypte, menant à un nouvel accord de partenariat signé le 25 juin 2001 dans le cadre du processus de Barcelone, entré en vigueur en juin 2004 et qui a permis une plus grande coopération et des échanges commerciaux et culturels.

Au cours des dix dernières années, les relations égypto-européennes ont connu de nouvelles évolutions significatives aux niveaux politique et économique. En mars dernier, la coopération s’est transformée en partenariat stratégique après que le président Sissi et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avaient signé une déclaration visant à élever le niveau des relations égyptiennes avec l’UE au niveau d’un « partenariat stratégique global », en présence des chefs de gouvernement de Chypre, de Grèce, d’Italie et d’Autriche.

« Ce partenariat stratégique marque un tournant décisif dans les relations, car il concrétise la vision de l’UE vis-à-vis de l’Egypte, la considérant comme un partenaire fiable et privilégié dans de multiples domaines de coopération et dans la lutte contre les défis communs », a déclaré au journal Al-Ahram Badr Abdel-Aty, ambassadeur d’Egypte en Belgique et accrédité auprès de l’UE. Et d’ajouter : « Avec la signature de la déclaration conjointe sur le partenariat stratégique global, suivie de la première Conférence sur l’investissement entre l’Egypte et l’UE, les relations entre les deux parties ont changé, passant du stade de donateur-receveur à celui de véritable partenariat entre deux parties qui ont besoin l’une de l’autre dans un contexte régional et international d’une grande complexité ». Selon Abdel-Aty, « le dossier de l’investissement constitue l’épine dorsale des relations, basée sur le principe de réalisation de gains mutuels, en permettant d’une part aux entreprises européennes de profiter des opportunités d’investissement considérables qui existent en Egypte, et d’autre part, à l’Egypte de bénéficier des flux d’investissement, du transfert de technologie et de l’augmentation de la compétitivité des biens et des produits égyptiens ».

Moteurs de rapprochement

« Les conditions actuelles dans la région du Moyen-Orient, les tensions dans les régions de la mer Rouge et du golfe d’Aden, la guerre à Gaza et l’escalade des tensions entre le Hezbollah et Israël ont donné lieu à une transformation des relations entre l’UE et l’Egypte. Celles-ci ont été hissées au stade de partenariat stratégique global, ce qui a permis à l’Egypte de recevoir une aide financière de 7,4 milliards d’euros pour la période 2024-2027 et de renforcer la coopération dans nombre d’autres domaines », explique Aya Abdel-Aziz, chercheuse au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS).

En mars 2024, Von der Leyen avait, en effet, annoncé l’octroi d’un soutien financier à l’Egypte dans les domaines du commerce et des investissements d’un montant d’environ 7,4 milliards d’euros, comprenant des prêts d’une valeur de 5 milliards d’euros et des investissements d’une valeur de 1,8 milliard d’euros, ainsi que 400 millions d’euros d’aide pour des projets bilatéraux et 200 millions d’euros de soutien aux programmes ayant trait à l’immigration. Le partenariat stratégique global avec l’Egypte comprend une collaboration dans six domaines d’intérêt commun, à savoir le dialogue politique, la stabilité économique, l’investissement, le commerce, l’immigration et la sécurité.

Promouvoir le dialogue politique

Il a été également convenu de promouvoir le dialogue politique entre les dirigeants des deux parties et d’organiser un sommet au niveau présidentiel tous les deux ans, alternativement au Caire et à Bruxelles. Le dialogue politique porte sur la promotion de la démocratie et des droits de l’homme, la situation à l’échelle internationale et la limitation de l’immigration clandestine, en plus de la coopération entre les deux parties.

« Le partenariat égypto-européen s’est manifesté lors de la guerre à Gaza, où les deux parties ont convenu de réduire l’escalade, de limiter l’expansion du conflit dans la région et de contenir les répercussions de la situation actuelle, qui menace la sécurité régionale et la paix internationale », explique Aya Abdel-Aziz. Pour la chercheuse, l’UE est consciente de l’importance accordée par l’Egypte à la lutte contre l’idéologie terroriste et extrémiste, ainsi que sa volonté de soutenir les pays de la région et les pays africains dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.

L’Egypte et l’UE ont présidé la 21e réunion du Comité de coordination du Forum mondial de lutte contre le terrorisme, qui s’est tenue le 4 mai 2023 au Caire, en présence de plus de 150 hauts responsables de la lutte contre le terrorisme et de la justice pénale de plus de 30 pays.

Faire face aux défis communs

« Le dossier de l’immigration est une priorité pour les deux parties. L’Egypte a adopté un plan global pour résoudre ce dossier, basé sur un ensemble de dimensions humanitaires, sécuritaires et législatives, conformes aux conventions internationales. L’Egypte a lancé aussi la première stratégie nationale de lutte contre l’immigration clandestine (2016-2026), elle a accueilli des millions de réfugiés et les a intégrés dans la société », note Heba Zein, chercheuse au ECSS. L’UE a reconnu les défis croissants auxquels est confrontée l’Egypte, notamment les répercussions des conflits et de l’instabilité dans la région qui lui imposent des coûts supplémentaires pour sécuriser ses frontières et faire face aux défis résultant de l’immigration clandestine.

Sur un autre plan, pour l’Europe, l’Egypte joue un rôle crucial dans le domaine de l’énergie, notamment dans le cadre du Forum du gaz de la Méditerranée orientale, considéré par l’Europe comme une source majeure qui répond à ses besoins énergétiques, afin de combler le déficit résultant de la réduction de la dépendance à l’égard de la Russie en tant que fournisseur d’énergie. Le document de la déclaration conjointe signé en mars entre les deux parties souligne que « l’Egypte et l’UE reconnaissent que la nouvelle réalité géopolitique et le marché de l’énergie exigent un renforcement de leur partenariat, afin de soutenir la sécurité énergétique des deux parties. A cette fin, l’Egypte et l’UE ont convenu de consolider leur coopération en se concentrant particulièrement sur les sources d’énergie renouvelables, les activités énergétiques et la collaboration dans les domaines des autres technologies sécurisées, durables et à faible émission de carbone ».

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