Al-Ahram Hebdo : Comment évaluez-vous la tenue de la Conférence Egypte-Europe sur l’investissement en ce timing précis ?
Christian Berger : Cet événement jouit d’une grande importance pour plusieurs raisons : tout d’abord, il a donné lieu à la signature d’un paquet de soutien d’un montant d’un milliard d’euros entre le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et la présidente de l’Union Européenne (UE), Ursula von der Leyen. Je pense que l’aspect le plus important est le fait de donner au secteur privé, pendant la conférence, l’opportunité d’exprimer son soutien à l’Egypte. Au cours des deux journées de la conférence, nous avons vu la signature de mémorandums de coopération, y compris les plus récents concernant les projets d’ammoniac et d’hydrogène vert signés dimanche 30 juin. De même, la conférence a permis au secteur privé de se lancer en discussion avec les institutions financières internationales, l’UE et le gouvernement égyptien sur les nécessités de faire promouvoir le climat de l’investissement en Egypte, qui est déjà sur la bonne voie.
Le montant des investissements européens en Egypte est très élevé, mais il doit croître davantage à l’avenir, et je pense que cette conférence tenue à ce moment précis est l’occasion de réaliser cet objectif. Tout au long des deux journées de la conférence, les patrons des entreprises européennes n’ont cessé de tenir des discussions, et des dialogues ont été entamés dès ce matin avec les institutions financières internationales pour rechercher les moyens de financement du secteur privé. En gros, je pense que cette conférence est une bonne occasion arrivant au bon moment, car nous avons besoin d’asseoir en Egypte une stabilité macro-financière. Je pense qu’effectivement, la conférence et la présence des investisseurs réunis tous sur place y contribueront.
— Vous avez évoqué plusieurs mémorandums signés entre le côté européen et l’Egypte. Quels sont les défis face à la mise en application de ces mémorandums, selon vous ?
— Les défis sont multiples. Tout d’abord, nous avons vraiment besoin de mettre en marche les projets signés. A mon avis, leur concrétisation est proche, mais j’ai besoin de voir l’impact de ces projets et de ces programmes sur le terrain.
Du côté égyptien, il y a un défi au niveau de la mise en application des réformes qui ont permis au secteur privé de devenir plus compétitif. Il faut que des régulations soient instaurées pour faciliter l’obtention des terrains dans la Zone économique du Canal de Suez ; ce serait un atout pour l’économie égyptienne. Bien que le gouvernement ait déjà pris des mesures effectives pour faciliter la tâche des investisseurs, il n’en demeure pas moins que le secteur privé doit s’activer au cours de cette conférence pour faire parvenir sa voix et ses besoins. Et ce, afin de pouvoir augmenter ses investissements en Egypte.
— Les relations bilatérales entre l’Egypte et l’UE ont connu une progression importante. Quel est l’impact sur les deux parties ?
— Nous avons signé en mars dernier un accord de partenariat stratégique avec l’Egypte basé sur six axes, qui sont l’investissement, le commerce et l’économie, la migration et l’engagement humain. Nous avons voulu envoyer un message selon lequel la conférence est le point de départ qui sera suivi par d’autres mesures de la mise en application de l’accord de partenariat stratégique. C’est cette progression future qui hissera les relations entre l’Egypte et l’UE à un niveau plus élevé.
— Comment évaluez-vous les dernières réformes économiques adoptées par le gouvernement égyptien ?
— La conférence est un moyen de permettre aux investisseurs européens de venir voir les mesures prises sur le terrain et comment le climat d’investissement pourrait être amélioré. Le secteur privé a besoin d’avoir accès au terrain, à l’infrastructure, aux transports, et de voir clair les politiques de taxation et des douanes stipulées par le gouvernement. Quant à l’accord avec le Fonds Monétaire International (FMI), il a certainement donné une impulsion au climat d’investissement dans le pays. En plus, le paquet de soutien d’un milliard d’euros alloué par l’UE pourrait également devenir dans l’avenir une étape-clé au niveau des investissements dans le pays. Ainsi, il pourrait constituer un socle pour attirer plus d’investissements étrangers directs au pays.
— Quel rôle les institutions financières internationales peuvent-elles jouer pour encourager le secteur privé européen à investir en Egypte ?
— On a octroyé un paquet de financement de 1,6 milliard d’euros au secteur privé avec des garanties facilitées. On a besoin de travailler conjointement avec les institutions internationales pour fournir ces montants aux entreprises privées visant à investir en Egypte. Ceci dit, les investisseurs européens, qui visent à avoir pour destination l’Egypte, pourraient obtenir un financement avec les garanties de l’UE à travers les banques égyptiennes. Et donc, la coopération est nécessaire entre le système bancaire et le secteur privé pour attirer ces investissements en Egypte et les garantir. Le paquet de 1,6 milliard d’euros est complètement différent des 5 milliards d’euros alloués par l’UE sous forme de crédits au gouvernement égyptien dans l’objectif de soutenir l’économie.
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