« All Eyes on Rafah » (tous les regards tournés vers Rafah), une image générée par l’IA et un slogan devenus viraux sur les réseaux sociaux, avec notamment plus de 40 millions de partages sur Instagram. La campagne a commencé avec une image montrant une vue d’en haut de la ville surpeuplée avec des camps de déplacés isolés dans une zone géographique limitée et la phrase était écrite : All Eyes on Rafah.
Un slogan qui, selon des experts, a largement contribué à sensibiliser l’opinion internationale envers ce qui se passe à Rafah, notamment en se propageant d’une manière sans précédent à mesure qu’interagissaient des célébrités et des influenceurs du monde entier. Et ce, bien que la photo ait été l’objet de nombreuses critiques vu qu’elle ne donne aucune preuve de ce qui s’est passé à Rafah.
Mais au-delà d’une image et d’un slogan, c’est l’ampleur de la colère mondiale contre Israël dont on témoigne. L’image a été modifiée avec l’intelligence artificielle afin qu’elle ne soit pas supprimée de Meta. La campagne était en particulier basée sur les bombardements israéliens d’un camp de Palestiniens déplacés dans la ville de Rafah, aux premières heures du 27 mai, qui a tué au moins 45 personnes, dont des enfants. Le camp ciblé appartient à l’Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) et était surpeuplé de Palestiniens déplacés de force à Rafah, et ce, bien qu’Israël ait affirmé que la zone était sûre. L’UNRWA a déclaré qu’environ un million de civils avaient été déplacés de la ville après les ordres d’évacuation israéliens.
Israël a lancé des dizaines de raids sur Rafah et a tué plus de 70 Palestiniens au cours des deux jours qui ont suivi la décision de la Cour internationale de Justice de mettre fin à l’attaque contre la ville et d’y protéger des centaines de milliers de civils. Cette zone bombardée était peuplée de centaines de milliers de personnes déplacées qui ont tenté de se sauver, elles et leurs enfants, des massacres commis par l’occupation dans toutes les zones de la bande de Gaza. Elles ont trouvé refuge dans cette zone où siègent actuellement des dizaines d’institutions internationales.
Mot d’ordre : Détruire
Plus loin, à Jabalia, l’armée israélienne a annoncé, le 31 mai, le retrait de ses forces militaires du camp de réfugiés de Jabalia, situé dans le nord de la bande de Gaza, après environ trois semaines d’opérations militaires. Trois semaines qui ont laissé le camp en ruines. Selon le porte-parole de la Défense civile palestinienne à Gaza, Mahmoud Basal, des dizaines de corps ont été sortis des décombres, en majorité des femmes et des enfants. Et les recherches continuent. Les forces d’occupation israéliennes ont complètement détruit la plupart des maisons, le marché central et les infrastructures du camp de Jabalia et ont complètement détruit les principaux générateurs électriques de l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza.
Jabalia est considérée comme un camp en raison de la création de la zone il y a plus de 70 ans par des réfugiés palestiniens qui ont été expulsés ou forcés de fuir leurs foyers dans les zones actuellement sous contrôle israélien, pendant la période de déclaration de création de l’Etat d’Israël. Ils n’ont pas encore été autorisés à rentrer chez eux et Jabalia est devenue une zone où vit toute une communauté de réfugiés, ainsi que leurs descendants. Le nombre de réfugiés palestiniens enregistrés auprès de l’Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine au Moyen-Orient s’élève actuellement à 5,9 millions, dont plus de 1,7 million dans la bande de Gaza, selon un communiqué de l’UNRWA publié en août dernier. La plupart d’entre eux vivent dans des camps. En fait, la bande de Gaza comprend huit camps : Rafah, Jabalia, Beach Camp, Al-Bureij, Deir Al-Balah, Khan Yunis, Al-Maghazi et Al-Nuseirat. Le camp de Jabalia est le plus grand des huit camps de réfugiés de la bande de Gaza. Il est situé au nord, près du village de Jabalia. Les réfugiés déplacés de force des villages et des villes situés dans le sud de la Palestine s’y sont installés à la fin de la guerre de 1948. Il est aujourd’hui habité par environ 116 011 réfugiés enregistrés auprès de l’UNRWA sur une superficie ne dépassant pas 1,4 km2.
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