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Arthur Katsigazi : Les Africains doivent partager leurs richesses en développant le commerce intra-africain

Nada Al-Hagrassy , Mercredi, 29 mai 2024

Pour monsieur Arthur Katsigazi, conseiller de l’ambassade de l’Ouganda en Egypte, la stabilité est un facteur primordial pour l’avenir de l’Afrique. Le continent doit cesser les luttes intestines et s’unir pour exploiter ses ressources.

Arthur Katsigazi
(Photo : Ahmed Agamy)

L’Afrique fait face à de nombreux défis dont le principal est, en réalité, le sous-développement économique qui se traduit par un retard économique. Ce retard est le résultat de nombreux facteurs. L’Afrique était soumise à la traite des esclaves pendant plusieurs siècles, ce qui a entraîné la déportation d’une grande partie de sa population vers d’autres continents, notamment l’Amérique du Sud et ailleurs. La traite négrière a débuté aux XIVe et XVe siècles et s’est étendue sur près de quatre siècles. Ensuite vint le colonialisme, période marquée par la colonisation de l’Afrique par des puissances européennes, principalement la France, la Grande-Bretagne et le Portugal. La colonisation a également duré plusieurs siècles. Ainsi, le sous-développement de l’Afrique est le résultat de son histoire, marquée par la traite des esclaves menée par des puissances étrangères et des marchands d’esclaves, puis par la colonisation européenne.

Du colonialisme au néocolonialisme

Même après l’indépendance, il y a environ 60 ans, l’Afrique a connu ce qu’on appelle le néocolonialisme, une forme de domination indirecte par les puissances européennes qui l’avaient colonisée auparavant. Ces puissances, après avoir redonné aux Africains leur souveraineté et leur indépendance, ont commencé à saper leur développement économique par des politiques néocolonialistes, qui sont toujours en place.

A cause de cette histoire d’esclavage, de traite négrière et de colonisation, puis du néocolonialisme après l’indépendance, le développement de l’Afrique a été freiné. C’est pourquoi la plupart de ses pays, 50 ou même plus, sont encore classés comme des pays du tiers-monde. Ils font partie des pays les moins développés parmi plus de 200 pays dans le monde. La majeure partie de l’Afrique, sinon la totalité, se trouve encore dans un état de sous-développement. Et bien sûr, la traite négrière et la colonisation ont sapé le moral des Africains et de leurs dirigeants. Ensuite, il y a eu le problème des coups d’Etat militaires et des changements de gouvernement par la force qui se sont produits à maintes reprises pendant deux décennies, dans les années 1960, 70 et 80. Même maintenant, nous avons encore des coups d’Etat militaires dans certaines régions d’Afrique, en particulier en Afrique de l’Ouest. La plupart de notre culture et de nos minerais sont exportés. Ils sont exportés sous leur forme brute et en tant que matières premières. Parce que nous manquons de technologie et de capital. Même si nous disposons de la technologie, nous n’avons pas le capital nécessaire pour transformer et ajouter de la valeur à nos matières premières, à nos produits agricoles et à nos minerais afin de pouvoir les vendre à un prix plus élevé, comme le café et le coton. Pourtant, la question qui se pose est : combien exportons-nous sur le marché mondial ? Comment sortir de ce cycle de dépendance ?

Stabilité et capital : Les facteurs-clés

L’un des éléments-clés est la stabilité. Nous devons être stables avant de pouvoir entreprendre quoi que ce soit. Il faut cesser les luttes intestines et nous unir pour exploiter nos ressources naturelles. Avec la paix et la stabilité, même avec nos maigres ressources, le développement est certain. Il est donc impératif que l’Afrique s’engage sur la voie de la stabilité.

Il est également nécessaire que les Africains partagent leurs richesses en développant le commerce intra-africain. Le commerce entre les pays d’Afrique de l’Est est encore très faible. Nous avons tendance à commercer avec l’Europe et l’Amérique du Nord, négligeant nos voisins. Pourquoi ne pas acheter chez nos voisins ? Prenons l’exemple de l’Ouganda et du Kenya. Que pouvons-nous acheter l’un à l’autre ? Des matières premières ? Des haricots ? Nous en avons tous les deux. Le problème réside dans le manque de technologie. Nos voisins n’ont pas les machines que nous achetons en Europe pour transformer nos matières premières en produits finis. C’est donc ce manque de technologie qui limite également le commerce intra-africain.

Améliorer la connectivité intra-africaine

Deuxièmement, même les déplacements entre l’Ouganda et l’Afrique de l’Ouest posent des problèmes de connectivité en matière de transport. Donc, se déplacer en Afrique du Sud n’est pas non plus facile à cause de la médiocrité du réseau routier. De plus, les vols sont chers. Il est donc crucial d’améliorer la connectivité intra-africaine, à la fois en termes d’infrastructures de transport et de formation des professionnels du secteur.

Comme je l’ai dit, nous manquons de capitaux. C’est pourquoi la Chine s’est fortement implantée sur le continent africain. Les Chinois apportent leurs machines, leur personnel, leur expertise et leurs connaissances. Mais si, par exemple, nous disposions de nos propres capitaux, nous pourrions louer ces machines et les payer, ce que nous ne pouvons pas faire actuellement.

Quel est l’avantage si le projet n’a pas permis de créer des emplois pour la population locale ? Ils viennent réaliser un projet et font venir leurs propres travailleurs. Dans ce cas, quel est l’avantage ? Mais s’ils employaient nos gens, s’ils utilisaient notre main-d’oeuvre, ce serait moins cher. A la fin du projet, nos travailleurs auraient non seulement gagné de l’argent, mais ils auraient également acquis des compétences précieuses. Parce que quand je t’embauche, je te paie et tu apprends. Lorsque vous exportez le café en grains, le chocolat brut ou les minéraux extraits de votre sol vers l’Europe pour les vendre, vous le faites à bas prix. Donc, l’implantation d’usines de transformation locales pour traiter les matières premières sur place constituerait un réel avantage. Pour ce faire, il nous faudra acquérir de la technologie, du capital, du savoir-faire et des connaissances.

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