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Agriculture : Début d’une nouvelle ère

Aliaa Al-Korachi , Mardi, 14 mai 2024

D’Al-Dabaa à Al-Owaïnat, le projet « Avenir de l’Egypte », visant à transformer le désert aride en champs de cultures, progresse. Le projet offre un potentiel économique important, mais le défi consiste à mobiliser les ressources nécessaires pour assurer son succès.

Agriculture : Début d’une nouvelle ère

L’heure de la moisson a sonné. « La croissance agricole ne correspond pas à la croissance démographique. C’est pourquoi l’Etat a mis en place une stratégie multidimensionnelle pour développer le secteur agricole. Cette stratégie vise à mobiliser toutes les ressources disponibles et relever tous les défis, notamment celui ayant trait à l’utilisation optimale de l’eau », a déclaré le président Abdel Fattah Al-Sissi, avant de donner le coup d’envoi de la saison des récoltes dans le cadre du projet « Avenir de l’Egypte pour le développement durable ». Situé à 30 minutes de la ville du 6 Octobre, ce projet s’étend tout au long du nouvel axe routier Rod Al-Farag-Dabaa, d’une longueur de 120 km et d’une profondeur de 60 à 70 km. « Le projet Avenir de l’Egypte est d’une envergure comparable à celle de quatre grands gouvernorats. Il a été mené à bien en un temps record et avec des investissements considérables », a ajouté le président. Lancé en 2017, l’agence Avenir de l’Egypte a bonifié près de 800 000 feddans de terres dans le désert et entend atteindre 4,5 millions de feddans d’ici 2027, soit 45 % de la superficie agricole. De Dabaa à Owaïnat, les projets d’Avenir de l’Egypte se multiplient et s’étendent sur plusieurs régions : Minya, Béni-Soueif, Fayoum, Assouan, Dakhla et Al-Owaïnat. Quelle est donc la viabilité économique de ce projet ?

Investir dans l’agro-industrie

Forage de puits d’eau souterraine, construction de routes, de centrales électriques et de silos de stockage des céréales, le coût total du projet est estimé à 8 milliards de L.E. Dans le domaine de l’agro-industrie, deux zones industrielles ont été mises en place dans le cadre de ce projet.

 La première est la zone industrielle du nouveau Delta sur une superficie de 1 000 feddans et la seconde est le complexe agroalimentaire Qaha et Edfina, dont la production annuelle est d’environ 550 000 tonnes. De même, un marché commercial et une bourse des produits de base ont été créés liant l’ancien au nouveau Delta sur une superficie de 500 feddans. « Le monde est confronté à des déficits alimentaires croissants, exacerbés par les changements climatiques, les guerres et les conflits qui affectent la superficie et la productivité des terres agricoles », explique Bahaa Ghannam, directeur exécutif du projet. Et d’ajouter : « Le rôle de l’agriculture dans la sécurité nationale égyptienne s’est accru avec la hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires due à la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid-19. D’où la nécessité de se tourner vers l’agro-industrie en transformant les matières premières agricoles en produits finis pour réaliser le principe de la valeur ajoutée ».

L’agriculture, un secteur stratégique

En tant que deuxième plus grand générateur de devises étrangères, le secteur agricole est au coeur de l’économie égyptienne. Il représente 15 % du PIB et emploie 23 % de la main-d’oeuvre égyptienne. Les exportations totales de l’Egypte en produits agricoles et agroalimentaires se sont élevées à 9 milliards de dollars en 2023. Toutefois, ce secteur affronte de nombreux défis, dont le plus important est la diminution de la part des terres arables par habitant. Les empiètements sur les terres agricoles et l’expansion des zones urbaines ont grandement réduit la superficie agricole. La situation est également critique, car l’Egypte est classée parmi les pays en situation de stress hydrique. Le morcellement des terres constitue un autre obstacle majeur à la mise en oeuvre de nombreuses politiques agricoles. Comme dans plusieurs pays du monde, le secteur agricole sera de plus en plus affecté par les effets négatifs des changements climatiques, les taux de consommation d’eau et l’augmentation de la salinité des sols. Par ailleurs, l’augmentation constante de la population aggrave les effets de tous ces défis. Il est prévu que la population égyptienne atteigne environ 180 millions d’habitants d’ici 2050.

L’enjeu de l’eau

Toutefois, la gestion durable de l’eau est l’enjeu majeur de ce projet. Le président a insisté dans son discours sur la nécessité d’une gestion durable de l’eau, soulignant que les ressources en eau ne sont pas illimitées. Il a appelé à la modernisation des systèmes d’irrigation et de culture, ainsi qu’à l’utilisation de semences adaptées. « L’Egypte est un pays aride et l’eau est une ressource rare. Le projet doit trouver des moyens d’utiliser l’eau de manière efficiente et durable. C’est une question cruciale pour l’Egypte : nous voulons maximiser la production agricole avec les ressources en eau disponibles », a souligné le président, avant de préciser que le coût des projets de traitement et de dessalement de l’eau dans le projet Avenir de l’Egypte a atteint 190 milliards de L.E. « Nous avons été confrontés aux défis de l’eau et du dollar. Mais nous n’avons pas d’autre choix que de faire en sorte que ce pays survit », a dit le président, avant de lancer une invitation au secteur privé pour participer au projet. « Pour faire réussir ces projets agricoles, la présence du secteur privé est très importante en raison de son expertise et de son efficacité en matière de gestion des projets », a conclu le président.

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