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Les IED sur une courbe ascendante

Gilane Magdi , Mercredi, 27 mars 2024

Avec de nouveaux projets ainsi que des investissements dans le programme de vente d’entreprises gouvernementales prévus, les IED risquent de connaître un véritable essor.

Les IED sur une courbe ascendante
La banque américaine Goldman Sachs prévoit 5 milliards de dollars des ventes des actifs gouvernementaux tels que les stations Chill Out.

L’adoption d’un taux de change libre pour le dollar, longuement attendue par les investisseurs étrangers, va donner une impulsion aux Investissements Etrangers Directs (IED) au cours de la prochaine période. Au sein des banques d’investissement égyptiennes et étrangères, les analystes prévoient ainsi leur hausse. Une hausse provenant de la vente des actifs gouvernementaux ou de l’investissement dans les différents secteurs économiques. « La présence de deux prix pour le dollar, ces deux dernières années, était vraiment un obstacle majeur entravant l’attraction de nouveaux investissements étrangers. Aujourd’hui, avec l’abondance des ressources en dollar et la disparition prévue du marché noir du billet vert, le chemin est désormais pavé pour attirer de nouveaux investissements étrangers », indique à l’Hebdo Hesham Hamdy, vice-président associé du département des recherches auprès de la banque d’investissement Naeem Holding, en prévoyant l’attraction de nouveaux investissements provenant des pays membres des BRICS+, tels que la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. « Ces pays vont injecter de nouveaux investissements au cours de la période à venir dans les différents secteurs économiques, en particulier les secteurs dans lesquels l’Egypte possède un avantage comparatif tels que les engrais, la logistique, les appareils électriques et le tourisme », prévoit-il.

Une prévision approuvée par Mahmoud Gad, président du département des recherches au sein de la société de courtage Arab African International Securities, qui s’attend de son côté à une reprise des IED avec le retour de la stabilité au marché des changes et les financements en dollar débloqués à l’Egypte par les grandes institutions internationales. « Les craintes des investisseurs concernant l’existence de deux taux pour le dollar en Egypte et la crise de la pénurie du billet vert ont disparu après la signature de l’accord de Ras Al-Hikma et de celui du prêt avec le Fonds Monétaire International (FMI). Le prix actuel du dollar est attractif pour les investisseurs étrangers. » assure-t-il. A noter que depuis l’adoption du taux de change libre, le prix du dollar baisse pour atteindre 46,6 L.E. pour l’achat et 46,7 L.E. pour la vente, selon la Banque Centrale d’Egypte.

Aussi, dans une note publiée une semaine après la libéralisation du taux de change, la banque américaine Goldman Sachs a révisé ses perspectives pour les IED, prévoyant une hausse à 33,5 milliards de dollars au cours de cette année (y compris les investissements de Ras Al-Hikma) contre 9,3 milliards de dollars en 2023. « Sous l’effet de la stabilisation du contexte macroéconomique et de l’apaisement des inquiétudes monétaires, les IED vont atteindre des niveaux élevés au cours des trois prochaines années pour se chiffrer à 12,9 milliards de dollars en 2025, 15,7 milliards de dollars en 2026 et 19 milliards de dollars en 2027 », selon la note de la banque envoyée à l’Hebdo. La banque s’attend aussi à des investissements de 5 milliards de dollars provenant de la vente d’actifs gouvernementaux pendant la période de 2024 à 2027.

Hausse prévue du prix des actifs

Quant aux investissements provenant du programme d’introduction des entreprises gouvernementales en Bourse (IPO), les deux analystes ont souligné que le moment est propice pour les étrangers d’investir dans les actifs gouvernementaux. « Le gouvernement vise à se retirer des grandes entreprises dans des secteurs importants qui représentent vraiment une occasion pour les étrangers d’y investir. Et ce, car le programme IPO a besoin d’un haut niveau de liquidités et d’un seul taux de change au moment de la rentrée des étrangers au marché », souligne Hesham Hamdy.

Le programme IPO, lancé par le gouvernement il y a deux ans, comprend l’émission de 35 entreprises dont les actions sont introduites en Bourse ou à un investisseur stratégique sur une période de 15 mois allant de mars 2023 à juin 2024. Il s’inscrit dans le cadre de la politique actuelle de l’Etat de vente des entreprises gouvernementales au secteur privé. Selon le rapport publié par le Conseil des ministres en novembre dernier, le rapport a indiqué la vente des parts de l’Etat dans sept entreprises au secteur privé, tout en attirant des investissements étrangers s’élevant à environ 2 milliards de dollars. De même, le rapport a aussi indiqué le plan gouvernemental au cours de la prochaine période jusqu’en juin 2024 (voir encadré).

Il est à noter que le gouvernement avait récemment ajouté le secteur des aéroports à la liste des secteurs ciblés par le programme. Le premier ministre, Mostafa Madbouly, a tenu le 4 mars une réunion pour poursuivre les procédures prises pour la mise en application de la stratégie du développement des aéroports par le biais de leur émission au secteur privé.

Mahmoud Gad a indiqué l’impact positif de la libéralisation du taux de change sur la valeur des actifs proposés à la vente dans le cadre du programme. « Théoriquement, la valeur des actifs va augmenter en raison de la libéralisation du taux de change du billet vert entraînant ainsi la hausse du prix officiel du dollar à 46 L.E. actuellement contre 31 L.E. avant la libéralisation », estime Mahmoud Gad, tout en prévoyant la hausse du prix de vente des actifs à la suite du recul des risques d’investissement dans le pays de plus du tiers. « L’indice CDS (Credit, Default, Swap), qui mesure la perception du risque de non-remboursement par les marchés, a diminué de 1 500 points l’année dernière à 500 points après la libéralisation. Le recul de cet indice se reflète notamment sur le prix des actifs car l’investisseur étranger inclut une prime des risques d’investissement dans son offre. En cas du recul du montant de cette prime, le prix d’actif augmente », explique Mahmoud Gad, en notant que le gouvernement va poursuivre la mise en oeuvre de son programme pour compléter son plan de réforme structurelle. « Mais il ne se précipitera pas dans la vente des actifs pour répondre à ses besoins en dollar comme il l’avait fait dans le passé. Et le FMI lui-même a recommandé au gouvernement de ne pas précipiter la vente de ses actifs avant la libéralisation afin qu’ils ne soient pas vendus à bas prix », conclut-il.

 Entreprises et actifs proposés à la vente

Entreprise Wataniya

Stations Chill Out

21 stations de dessalement d’eau

Gabal Al-Zeit

Centrale éolienne de Zaafarana

Centrale électrique Siemens à Béni-Soueif

Source : ministère de la Planification et Conseil des ministres.

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