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Travail des femmes : Avancées et enjeux

Racha Darwich , Mercredi, 20 mars 2024

Autonomiser la femme égyptienne et augmenter sa présence dans le marché du travail : l’un des objectifs de l’Etat en vue duquel de nombreuses mesures ont été prises. Si de grands pas ont été franchis, des défis restent encore à relever.

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L’autonomisation économique de la femme représente l’un des principaux piliers de la Stratégie nationale de l’autonomisation de la femme égyptienne 2030. La stratégie vise à la réaliser via le développement de leurs capacités, afin d’élargir leurs options de travail, d’accroître leur participation à la main-d’oeuvre et de réaliser l’égalité des chances en employant des femmes dans tous les secteurs, notamment le secteur privé et l’entrepreneuriat. Il s’agit également de permettre aux femmes d’accéder à des postes-clés dans les organismes publics et les entreprises en abolissant les pratiques qui perpétuent la discrimination. L’autonomisation économique de la femme s’inscrit comme une priorité conformément à la Constitution égyptienne de 2014, qui confirme le principe de non-discrimination et d’égalité des sexes dans l’obtention d’opportunités dans tous les domaines.

Selon un rapport du cabinet de conseil en stratégie Booz & Company sur les femmes et le monde du travail, la participation accrue des femmes à l’économie et au marché du travail va au-delà de l’avantage d’atteindre l’ensemble de la société. Leur participation au marché du travail à un niveau égal à celui des hommes aide à augmenter le produit national brut à 34 %. En plus, des études du Fonds Monétaire International (FMI) indiquent que l’écart entre la participation des hommes et des femmes au marché du travail entraîne des pertes allant jusqu’à 29 % du PIB en Egypte.

Partant, l’Egypte a lancé, dès 2017, la Stratégie nationale pour l’autonomisation de la femme 2030 avec tout un volet sur l’autonomisation économique de la femme. Son objectif est de développer les capacités des femmes afin d’élargir leurs options de travail, d’atteindre l’égalité des chances dans l’emploi des femmes dans tous les secteurs, y compris le secteur privé, d’accroître leur participation aux entreprises, de diffuser la culture de l’entrepreneuriat parmi les femmes, de réduire le pourcentage de femmes soutiens de famille vivant en dessous du seuil de pauvreté à 9 %, d’augmenter le pourcentage de microcrédit destiné aux femmes à 53 % et le pourcentage des petits projets destinés aux femmes à 50 %. D’ici 2030, l’Egypte vise à porter à 35 % la participation des femmes au marché du travail.

Dans ce contexte, de nombreuses mesures ont été adoptées. Au niveau législatif, la loi sur les impôts a reconnu la femme en tant que chef de famille, alors que celle sur le congé de maternité a été amendée pour passer de 3 à 4 mois. Et pour la première fois, le ministre de la Main-d’oeuvre a décidé en 2021 de lever les restrictions quant au travail de nuit des femmes et à leur travail dans certaines professions, tout en garantissant la mise en place de mesures de protection et de sécurité pour les femmes. « Ces décisions s’inscrivent dans le cadre de l’autonomisation économique des femmes, car elles garantissent le droit des femmes à exercer toutes les professions à tout moment tout en tenant compte des principes d’égalité des chances, d’égalité des sexes et de non-discrimination au travail, ainsi que de leur droit aux soins et à la protection. Et ce, en prenant toutes les précautions nécessaires pour écarter les risques, sécuriser l’environnement de travail et fournir des services liés au travail de nuit, tels que des transports sûrs et des soins de santé », a écrit Maya Morsi, secrétaire générale du Conseil national de la femme, en commentant cette décision.

Des obstacles culturels et autres

Cependant, de nombreux obstacles continuent à entraver le travail de la femme, notamment dans les sociétés orientales, avec en tête l’inégalité entre les femmes et les hommes. Un tout récent rapport de la Banque mondiale publié à l’occasion de la Journée internationale de la femme constate que les femmes sont moins bien insérées sur le marché du travail, gagnent moins et sont moins bien protégées par la loi. « Les femmes ont le pouvoir de booster une économie mondiale en berne. La résorption des inégalités pourrait augmenter le PIB mondial de plus de 20 % et doubler le taux de croissance mondial au cours de la prochaine décennie », indique le rapport.

Les principales raisons qui empêchent les femmes d’entrer sur le marché du travail sont leur accès limité à la formation requise par le marché du travail, le coût élevé de la garde des enfants et du travail domestique, les faibles rémunérations qui leur sont accordées, leur travail dans le secteur informel ou irrégulier, l’absence de sécurité sociale, l’accès limité aux ressources (terres, propriétés, financement), ainsi que l’incapacité des marchés du travail à créer des emplois décents pour les femmes.

Dans ce contexte, le Conseil national de la femme a lancé, en collaboration avec le ministère de la Coopération internationale, le « Catalyseur de la réduction de l’écart entre les sexes », selon le modèle du Forum économique mondial qui vise à aider les gouvernements et les entreprises à prendre des mesures décisives pour combler les écarts entre les sexes, accroître la participation des femmes au marché du travail, combler les écarts salariaux entre les sexes et permettre à davantage de femmes d’occuper des postes de direction.

Le Sceau de l’égalité des genres fait également partie des politiques de soutien visant à soutenir le rôle des femmes sur le marché du travail en Egypte. Il s’agit d’un processus d’accréditation guidé par le modèle d’égalité des sexes de la Banque mondiale qui vise à promouvoir l’égalité des sexes, à éliminer la discrimination fondée sur le sexe et à mettre fin aux pratiques qui entravent la promotion des femmes à des postes de direction dans les entreprises.

Les efforts déployés au cours de ces dernières années ont porté leurs fruits. Selon le dernier rapport publié par l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS), le taux de chômage des femmes a atteint 17,7 % en 2023 contre 24,8 % en 2014, alors que son taux de participation au marché du travail a atteint 15,9 % du total de la population active (plus de 15 ans) contre 69,6 % pour les hommes. Par contre, 85,3 % des femmes qui travaillent occupent des emplois à plein-temps contre 60,5 % pour les hommes.

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