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Le secteur privé à la croisée des chemins

Gilane Magdi , Mercredi, 13 mars 2024

Les milieux d’affaires ont salué la satisfaction, par les banques, de leurs demandes en dollar pour la première fois depuis deux ans. Ils expriment cependant des réserves concernant la hausse du coût de l’emprunt.

Le secteur privé à la croisée des chemins
Sous l’effet de la hausse du coût de l’emprunt, les entreprises vont reporter leurs plans d’expansion. (Photo : Magdy Abdel-Sayed)

Les milieux d’affaires ont salué la décision de la Banque Centrale d’Egypte (BCE) d’adopter des taux de change flexibles pour le dollar, mais émettent cependant des réserves quant à la hausse des taux d’intérêt bancaires de 6 % la décrivant comme étant « un lourd fardeau pour le secteur privé ». En effet, le flottement de la livre a eu des effets mitigés sur les milieux d’affaires. D’une part, le dollar est enfin disponible vu que la BCE a appelé les banques à répondre aux besoins de leurs clients en devises étrangères. « Les banques ont annoncé, pour la première fois depuis deux ans, leur volonté de répondre aux demandes des entreprises en billet vert », affirme à l’Hebdo Mohamed El-Bahey, membre du conseil d’administration de l’Union des industries égyptiennes. « Les banques ont contacté les entreprises dans différents secteurs industriels pour les informer qu’elles étaient prêtes à financer l’importation des composants de la production en dollar », s’est félicité El-Bahey. Et d’ajouter que le secteur industriel avait connu une période très difficile pendant laquelle les entreprises étaient obligées de recourir au marché noir pour acheter le dollar à des prix élevés, dépassant le double du taux officiel à l’époque. « Malgré la hausse du taux de change officiel du dollar, qui est passé de 30 à 50 L.E., le fait que le billet ait un seul prix entraînera sa disponibilité au sein des banques, ce qui va faciliter l’achat des matières premières », renchérit El-Bahey.

D’autre part, la hausse du taux de change officiel du dollar a poussé de nombreuses usines à arrêter le processus de fixation des prix et à se réapprovisionner en matières premières, afin de recalculer les coûts de production après l’application des nouvelles décisions de la BCE. Le propriétaire d’une usine de plastique ayant requis l’anonymat explique : « Mes fournisseurs ont cessé de livrer les commandes sous prétexte de recalculer les coûts de production après la hausse du prix officiel du dollar dans les banques ».

Un taux exorbitant

L’Union égyptienne des industries et les associations des hommes d’affaires ont exprimé leur inquiétude vis-à-vis de la hausse du coût de l’emprunt, notamment pour les secteurs productifs, et en particulier industriel. « Le secteur industriel se distingue des autres secteurs par la longueur de la période d’investissement, car il faut au moins 3 à 5 ans pour récupérer le coût de l’installation du projet, ce qui nécessite la disponibilité d’un financement avec des taux d’intérêt réduits », souligne El-Bahey, en expliquant que le taux de l’emprunt pourrait atteindre 38 % après la hausse des intérêts bancaires. « Supposons que le taux de l’emprunt soit de 30 %, il faut y ajouter la prime de risque (payée par l’industriel) qui est de 5 à 7 %. Cela fait un taux d’emprunt de 35 à 37 %. C’est vraiment beaucoup, et il sera difficile d’assumer ces coûts exorbitants », assure-t-il, en proposant au gouvernement de consacrer une partie du financement à taux d’intérêt réduits (entre 2 et 3 %) provenant des différents pays du monde et des fonds étrangers à la Banque de développement industriel, pour que ces sommes à des taux d’intérêt modestes soient orientées vers le secteur industriel.

En mars de l’année dernière, la BCE a annoncé une initiative visant à soutenir les secteurs agricole et industriel avec un portefeuille de 150 milliards de L.E. et un rendement décroissant de 11 % fourni par le Conseil des ministres et une garantie du ministère des Finances, mais les banques ont récemment arrêté d’appliquer cette initiative.

L’Association des hommes d’affaires égyptiens a appelé aussi à la nécessité d’introduire de nouvelles initiatives de financement pour les secteurs productifs, notamment les secteurs industriel et agricole, afin de donner à ces secteurs la possibilité d’accroître leurs capacités de production et de couvrir la demande locale.

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