Mena House
En 1869, le khédive Ismaïl a fait ériger son 17e palais au début de la voie ascendante des pyramides. « C’était plutôt un sérail pour accueillir l’impératrice de France, Eugénie », explique Mohamed Hamouda, maître-adjoint des monuments islamiques à l’Université de Minya, et dont le sujet de la thèse de magistère est l’histoire du Mena House. Néanmoins, quelques mois après l’inauguration du Canal de Suez, le khédive a fait remplacer le sérail par un hôtel d’un seul étage nommé « L’Hôtel des pyramides ».
Vu les dettes, le khédive a dû hypothéquer ses biens, y compris l’hôtel, au gouvernement égyptien. Ensuite, le couple anglais Frederick et Jessie Head a acheté l’hôtel et l’a pris comme résidence pour quelques années. Ils l’ont baptisé Mena House, en référence au roi égyptien Mena, l’unificateur de la Haute et de la Basse-Egypte ; ils ont ensuite surmonté l’hôtel d’un 2e étage. Et depuis, la superficie de l’hôtel n’a cessé de croître jusqu’à atteindre 295 acres, 12 carats et 16 parts.
En 1887, l’hôtel est acheté par l’entrepreneur anglais Hugh Fortescue Locke King et son épouse, Ethel, à 15 000 livres sterlings. Le couple transforme la maison en hôtel en l’élargissant. Pour ce faire, l’entrepreneur donne cette mission à l’architecte anglais Henri Favarger, qui se sert des pierres des pyramides. L’architecte ajoute alors « une salle à manger à 4 iwans comme ceux de la mosquée Qaitbey et le précède d’un couloir ressemblant au restaurant anglais d’Holborn », explique Hamouda. Et en 1890 est ouverte la première piscine en Egypte.
En 1905, le nouveau propriétaire de l’hôtel, Georges Nengovitch, le renouvelle et l’étend en ajoutant plusieurs chambres. Pendant et après la Première Guerre mondiale, l’hôtel sert de campus et d’hôpital à des soldats australiens. Ensuite, il devient un spa de classe mondiale vu la découverte des sources d’eau minérale à 40 m de profondeur.
Avec sa nationalisation en 1961, l’hôtel devient l’un des biens de la Société générale égyptienne pour le tourisme et les hôtels. Le Mena House est ensuite soumis à des travaux de restauration au début des années 1970. Le groupe indien d’hôtels de luxe Oberoï tient sa direction pour plus de 35 ans. Il est actuellement dirigé par le groupe Marriott. Notons que le Mena House a vu les réunions des Accords de paix entre l’Egypte et Israël.
La Légende Old Cataract
L’habilité de l’architecte anglais, Henri Favarger, qui parut dans l’extension de l’hôtel Mena House, incite les agents touristiques, renommés à l’époque, Thomas Cook & Son, de lui demander de créer un nouvel hôtel de luxe sur les rives du Nil, afin de répondre au flux des touristes qui visitent la ville d’Assouan, notamment en hiver. L’architecte anglais construit alors une belle maison confortable louée par Sir Bignone, connu à Assouan comme étant le propriétaire des deux hôtels (Old Cataract et Mena House), ainsi que du Grand hôtel. La construction de ce premier débute en 1899 sur 9 acres, pour ouvrir ses portes aux visiteurs en 1900. Construit sur deux étages, le Old Cataract sera initié par 120 chambres dont la plupart sont au sud et sont équipées de vérandas donnant sur le Nil. La même année, l’hôtel est enrichi d’une quarantaine de chambres de plus. Mais l’année suivante, la capacité de l’hôtel ne conviendra pas au nombre considérable des touristes. Les propriétaires doivent alors monter des tentes dans les alentours, afin d’abriter les visiteurs restants. Ainsi, en 1902, avec un coût de 10 000 livres sterlings, l’hôtel est surmonté d’un 3e étage qui comprend 65 nouvelles chambres. Le nombre total des chambres atteint ainsi les 225 pour servir 360 personnes. L’architecte Favarger y crée une nouvelle salle à manger au style architectural arabe, suivant toujours celui du Mena House. Et pour réaliser le confort des clients de l’hôtel, Sir Bignone alimente son établissement d’eau potable suite à l’acceptation du gouvernement égyptien. L’hôtel naît alors avec un style architectural anglais enrichi de touches de style arabo-islamique. « Sofitel Legend Cataract est l’un des plus anciens et fantastiques hôtels historiques qui ont été construits en Haute-Egypte », souligne le professeur Mahmoud Abbas, ex-directeur général des monuments contemporains auprès du ministère du Tourisme et des Antiquités, ajoutant que cet hôtel est visité par les souverains et les princes du monde entier. Il assure que le Cataract était le théâtre des événements du roman policier « Mort sur le Nil » de l’écrivaine Agatha Christie. Pendant les années 1970, l’hôtel accueille l’ensemble des acteurs de l’adaptation cinématographique de Mort sur le Nil, dont Peter Ustinov, David Niven, Mia Farrow et Angela Lansbury. Le réalisateur John Guillermin tournera même quelques scènes dans différentes parties de l’hôtel, comme dans sa brillante salle de bal au thème mauresque.
Marriott et le restaurant Omar Khayyam
C’est sur 62 acres que s’étalent les palais de Guézira et leurs jardins pour accueillir, en 1869, l’impératrice Eugénie et, ultérieurement, l’empereur d’Autriche, Francis Joseph, et d’autres personnalités de renom tel le prince de Wales. OEuvre du planificateur allemand Franz-Bey, le palais de Guézira est composé de deux sérails : le harem, pour les reines et les princesses, et le salamlek. L’architecture des deux bâtiments et leur ornement ressemblent aux anciens édifices arabes. Les maçons locaux réalisent les édifices. L’Autrichien J. Mannstein exécute les meubles et les ornements de bois. Le Grec Bonani de Carrara finalise les oeuvres de marbre. C.V. Diebisch dessine les motifs décoratifs des principales pièces. Ces noms font partie d’une longue liste de spécialistes européens de différents domaines : des architectes, des décorateurs, des botanistes et des vétérinaires qui ont participé à l’édification de ce palais.
La façade du salamlek est décorée de balcons et d’arches de fer importés d’Europe. C’est pourquoi « à cette époque, ce palais était le seul bâtiment de toute l’île. Il renfermait un aquarium, une grotte et un parc zoologiques avec des éléphants, des lions, des tigres et de petits singes, ainsi que des volailles importées des quatre coins du monde », reprend Mohamed Hamouda, citant encore la flore et les lanternes de gaz installées partout dans le jardin qui dégageaient une odeur d’encens naturel. C’est pourquoi le palais de Guézira « est la plus grande oeuvre architecturale du XIXe siècle », souligne l’expert.
Néanmoins, le palais est vendu à plusieurs reprises à partir de 1888. En 1890, le palais et le terrain sont vendus à Paul Drenhut. Les bâtiments sont loués à 150 000 L.E. annuellement à la compagnie des transports de Paris, une filiale de l’International Sleeping Carrige Company, qui opère la transformation du palais en hôtel en 1893. Charles Bahlar le dirige alors puis le vend à la famille Lotf-Allah pacha en 1919. Ce dernier en fait sa demeure privée jusqu’à sa nationalisation en 1960. Un an plus tard, la demeure est transformée en hôtel.
Le célébrissime Winter Palace à Louqsor
Sur la rive du Nil, à Louqsor, se dresse majestueusement l’hôtel Winter Palace, l’un des plus importants hôtels historiques de la Haute-Egypte. Son édification remonte aux premières années du XXe siècle, précisément en 1906. A cette époque, la compagnie des hôtels de la Haute-Egypte demande à l’entrepreneur italien, Giuseppe Garozo, d’ériger un hôtel sur une superficie de 12 acres. L’hôtel sera construit suivant le style architectural de la Renaissance. Il répond aux idées les plus modernes de confort et de propreté, avec des pièces vastes et bien aérées. Les salles communes, larges et hautes, accueillent 200 hôtes, ainsi que 12 pavillons d’appartements. Cet hôtel renferme un pavillon dédié au roi Farouq, nommé « Royal Suite ». « Ce pavillon est toujours fermé et ne s’ouvre que rarement », souligne un guide touristique de Louqsor qui a requis l’anonymat. Des personnalités de renom du monde entier y ont séjourné. En effet, le célèbre Lord Carnarvon considère le Winter Palace comme étant sa deuxième résidence. L’hôtel sera même le théâtre des discussions du Lord Carnarvon et de l’archéologue britannique Howard Carter sur le futur de la découverte de la tombe de Toutankhamon. Parmi les hôtes renommés de Winter Palace, citons à titre d’exemple Georges Clémenceau, alors premier ministre de la France, Winston Churchill, premier ministre du Royaume-Uni, l’écrivaine Agatha Christie, le roi de Belgique Albert Ier et Aga Khan III, 48e imam des Ismaïliens nizârites et président de l’Assemblée de la société des Nations.
Mövenpick Assouan
Sur l’île Eléphantine, située au sein du Nil à Assouan en Haute-Egypte, se dresse l’hôtel Mövenpick. Il remplace un ancien hôtel bâti au cours de l’époque royale. Entouré de l’eau du Nil de ses trois côtés, le Mövenpick d’Assouan est érigé en 1975, cinq ans après la fin de la construction du Haut-Barrage inauguré en 1970. Une période de transformation globale de tout l’Etat égyptien, notamment l’agriculture et la nature de la terre. Mövenpick Assouan acquiert sa beauté et son importance grâce à sa localisation sur un mont. La clientèle jouit d’une vue sur toute la ville d’Assouan, sur les tombes de la nécropole romaine et de celle de Qobbet Al-Hawa. D’ailleurs, l’hôtel offre une vue sur la fameuse île florale d’Assouan. Et ce, sans oublier les promenades fluviales présentées à ses clients. En 2016, l’hôtel est réaménagé avec un coût de 194 millions de L.E. Il renferme 194 chambres et pavillons et est inauguré en février de la même année.
Steigenberger Cecil à Alexandrie
Sur la corniche d’Alexandrie, à 5 minutes du Musée national de la ville, se situe l’hôtel Steigenberger Cecil, dans le quartier des affaires d’Alexandrie. C’est un lieu idéal puisqu’il est proche de plusieurs points d’attraction. Il offre à ses hôtes une double vue panoramique, la mer et le jardin. L’hôtel Cecil est érigé en 1929 par le Français Isidore Metzger, natif d’Egypte, qui prête la conception de l’hôtel à l’architecte italien Ciacomo Alessandro Loria. L’hôtel est alors conçu selon le style vénitien. La nomination de l’hôtel rappelle l’un des plus grands hôtels de Londres inauguré en 1896. Le plus surprenant est que l’hôtel de Londres sera détruit la même année de la construction de celui d’Alexandrie. L’hôtel se compose de 5 étages. L’étage supérieur est équipé de loges et de 4 tours aux 4 coins. Chacune de ces tours est coiffée de motifs inspirés des palais de Florence. Il y a également une salle ronde et élégante équipée d’une véranda tournante. A cette époque, de jeunes Nubiens sont responsables des ascenseurs de fer. « L’installation de l’hôtel Cecil offre alors des séjours luxueux aux familles, aux voyageurs de passage et aux hommes d’affaires, à l’instar des autres hôtels luxueux de la ville. Il joue un rôle essentiel dans la vie sociale de la ville puisqu’il est à la fois le lobby, la salle de danse et le lieu préféré de réunion des riches Alexandrins », souligne Mohammed Hamouda. D’ailleurs, plusieurs chambres de l’hôtel Cecil portent le nom de plusieurs célébrités : la diva Oum Kalsoum, le chanteur Farid Al-Atrache, le doyen de la littérature arabe Taha Hussein, le boxeur mondial Mohamad Ali Clay, le président russe Vladimir Poutine, l’écrivaine Agatha Christie et le grand chanteur américain Elvis Presley.
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