Burkina Faso
Selon le classement annuel du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), le Burkina Faso arrive en tête de liste des pays où les souffrances des populations, dues aux conflits, sont les plus négligées au niveau international. Le déplacement de 2 millions de personnes au Burkina Faso est considéré comme « la crise la plus négligée » au monde. Le Burkina Faso est confronté à une violence croissante et généralisée, alors que l’armée burkinabée lutte pour contenir les groupes armés. Environ la moitié du pays échappe désormais au contrôle du gouvernement. Les groupes armés, dont l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Jamaat Nusrat Al-Islam wal Muslimin (JNIM), bloquent l’accès aux villes et aux villages. Ces milices ont attaqué des sources d’eau et ont forcé la fermeture d’écoles. Les groupes armés contrôlent désormais jusqu’à 40 % du territoire du pays. L’expansion accrue de ces groupes pourrait accroître l’instabilité politique.
Niger
Au Niger, le coup d’Etat de juillet 2023 a provoqué des tensions politiques avec les pays voisins. Les sanctions imposées au pays et les fermetures de frontières ont également considérablement limité la quantité d’aide alimentaire et de fournitures médicales entrant dans le pays. Les dépenses publiques ont diminué de 40 %, fragilisant les services-clés.
7,3 millions de personnes risquent de sombrer dans une insécurité alimentaire aiguë en raison du changement climatique, des conflits et des effets économiques de la fermeture des frontières.
Selon des prévisions pour l’année 2024, les sanctions économiques et financières perturberont encore davantage les services publics déjà mis à rude épreuve.
Mali
Le récent retrait de la force de maintien de la paix des Nations-Unies a soulevé des problèmes de sécurité, notamment en raison de la reprise des combats entre le gouvernement et les groupes armés Touaregs dans le nord du Mali. Ces groupes armés assiègent des villes et coupent l’accès humanitaire, alors que la moitié du pays vit dans la pauvreté.
Les crises sécuritaire et économique ont laissé 6,2 millions de personnes dans le besoin d’une aide humanitaire. 200 000 enfants risquent déjà de mourir si l’aide humanitaire ne leur parvient pas. L’escalade du conflit entre le gouvernement, les groupes armés et les groupes d’opposition Touaregs en 2024 pourrait considérablement aggraver les dégâts causés aux civils.
République centrafricaine
Avec 50 % des habitants ne mangeant pas à leur faim, la République centrafricaine (RCA) compte l’une des plus grandes proportions de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le monde.
Depuis son indépendance de la France en 1960, la RCA est en proie à une instabilité qui a donné lieu à huit coups d’Etat présidentiels au cours de sa courte histoire. De nombreux rapports font état de violences contre les civils, d’arrestations, de détentions illégales et de pillages. Sur une petite population de 4,6 millions d’habitants, rares sont ceux qui n’ont pas été touchés par le conflit. L’aide humanitaire tarde à arriver, car même les travailleurs humanitaires ont été attaqués. Selon un rapport publié par l’ONU le 15 novembre dernier, plus de 400 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et 66 000 autres ont été officiellement enregistrées comme réfugiés dans les pays voisins au cours de l’année écoulée.
Myanmar
Le Myanmar (anciennement Birmanie) est un pays d’Asie du Sud-Est composé de plus de 100 groupes ethniques et est frontalier de l’Inde, du Bangladesh, de la Chine, du Laos et de la Thaïlande. Le conflit au Myanmar s’est considérablement étendu depuis que l’armée a repris le pouvoir politique en 2021. En octobre 2023, trois grands groupes armés ont repris les affrontements avec le gouvernement, mettant les forces militaires de l’Etat sous une pression importante et causant davantage de dégâts civils. 18,6 millions de personnes ont désormais besoin d’une aide humanitaire, soit près de 19 fois plus qu’avant 2021. Plus de 335 000 personnes ont dû fuir leur foyer, laissant plus de 2 millions de personnes déplacées à travers le pays. La sécurité s’est rapidement détériorée, avec de graves conséquences sur les civils et sur leur accès aux services de base et à l’aide humanitaire. En parallèle, les défis économiques, les chocs climatiques et la dégradation des services publics ont augmenté les besoins humanitaires.
Cachemire
Situé entre l’Inde et le Pakistan, le Cachemire est un Etat comprenant une population de 12 millions d’habitants majoritairement musulmans. Le conflit territorial dans la région du Cachemire oppose principalement l’Inde au Pakistan, ainsi que la Chine à l’Inde dans la partie nord-est de la région. Des deux côtés de la frontière, la population est prise dans un conflit qui dure depuis des décennies. Le conflit a commencé en 1947. Il s’agit d’un différend sur la région qui a dégénéré en trois guerres entre l’Inde et le Pakistan et en plusieurs autres escarmouches armées. L’Inde contrôle environ 55 % de la superficie de la région, le Pakistan contrôle environ 30 % du territoire et la Chine contrôle les 15 % restants. Le conflit au Cachemire n’attire pas l’attention des médias parce qu’il n’est peut-être pas de la même importance géopolitique ou économique que d’autres conflits plus célèbres. Mais ses conséquences sont tout aussi dévastatrices pour les populations qui y vivent.
Karabakh
Entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie se déroule l’un des conflits les plus longs au monde. Les Arméniens considèrent le Karabakh (petite enclave du Caucase) comme le berceau de leur civilisation, bien que cette région soit située à l’intérieur des frontières de l’Azerbaïdjan. L’Azerbaïdjan, riche en pétrole et soutenu par la Turquie, a récupéré un tiers du Haut-Karabakh lors d’une guerre de 44 jours en 2020, stoppée uniquement par un cessez-le-feu négocié par la Russie. En raison de l’incapacité persistante de la communauté internationale à parvenir à une solution pacifique, les Azerbaïdjanais ont finalement pris les choses en main, imposant un blocus sur le corridor de Lachine reliant l’Arménie au Haut-Karabakh. Pendant presque une année entière, les Arméniens de la région ont souffert de l’accès limité à la nourriture, aux médicaments et au carburant. La quasi-totalité de la population arménienne du Haut-Karabakh a fui la région, ce qui a créé des problèmes supplémentaires pour le gouvernement arménien. Selon la Banque mondiale, le taux de chômage en Arménie était de 12,6 % en 2022. Alors que 21 % de la population souffrent d’insécurité alimentaire.
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