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La victoire vue par la presse égyptienne

Amira Samir , Jeudi, 05 octobre 2023

La presse égyptienne a rapporté, avec beaucoup d’intensité, le déroulement de la guerre d’Octobre 1973. Extraits du quotidien Al-Ahram.

La victoire vue par la presse égyptienne

Avant et après la victoire d’Octobre, les médias ont mené une bataille parallèle pour rapporter les faits de guerre. Quelques jours avant la traversée du Canal de Suez, la presse égyptienne a joué un grand rôle à préparer l’opinion publique locale et mondiale à la décision de la guerre. Le 29 septembre, le quotidien Al-Ahram, dirigé à cette époque par Mohamad Hassanein Heikal, titrait : « La volonté d’une nation », une citation extraite d’un discours du président Sadate prononcé à l’occasion du troisième anniversaire de la mort du président Gamal Abdel-Nasser.

D’autres manchettes ont suivi : « Libérer les terres occupées est la tâche principale qui nous attend, car c’est la volonté de notre peuple et de notre nation, et la volonté de Dieu pour la vérité, la justice et la paix ». Sur quatre pages, le quotidien fait l’éloge de Nasser et fait référence aux promesses de Sadate de « poursuivre la lutte que Nasser a commencée ». Les numéros d’Al-Ahram publiés les 5 et 6 octobre, quelques heures avant la guerre, parlent de « tension militaire sur le front de guerre » et de « menaces d’explosion à n’importe quel moment ».

Le lendemain de la guerre, l’euphorie

Le 7 octobre, la traversée du Canal de Suez par les forces égyptiennes a fait la une d’Al-Ahram, le journal le plus diffusé en Egypte à cette époque. « Victoire glorieuse », titrait le quotidien qui parle de « combats de chars sur les deux fronts égyptien et syrien ». « La décision … et les hommes » était le titre de l’éditorial d’Al-Ahram le 7 octobre qui évoque deux facteurs-clés pour expliquer la victoire. Le premier est la décision courageuse d’Anouar Al-Sadate, « l’une des plus décisives et des plus dangereuses de sa vie ». Le deuxième facteur est « le courage de ces hommes qui ont exécuté la décision et qui portent sur leurs épaules la responsabilité de l’avenir de l’Egypte, mais aussi de la nation arabe tout entière ».

Durant les jours qui ont suivi la traversée, les unes du quotidien Al-Ahram ont tenté de rapporter les faits avec enthousiasme, en citant les communiqués officiels des armées égyptienne et syrienne et en rapportant des témoignages, des chiffres et des infographies sur le déroulement de la guerre. On pouvait alors lire : « Un jour glorieux pour les forces armées égyptiennes », « Batailles nocturnes d’artillerie dans le Sinaï après la traversée du canal », « Violentes batailles de chars dans le Sinaï et le Golan », « Les forces syriennes sont prêtes à repousser toute attaque israélienne ».

Les titres du journal ont rapporté les pertes dans les rangs d’Israël et les réactions tendues de ses alliés : « Tel-Aviv : la progression des combats durant le deuxième jour est très critique pour les Israéliens », « Le président américain Nixon interrompt ses vacances et demande une réunion immédiate du Conseil de sécurité pour décider de l’arrêt des combats », « Les pertes de l’ennemi hier sur le front égyptien : 30 avions, 32 chars et un grand nombre de véhicules blindés, et les forces syriennes avancent sur 3 axes sur les hauteurs du Golan syrien ». Dans son numéro du 16 octobre, Al-Ahram publie une grande photo de soldats israéliens assis sur le sol et avec le commentaire suivant : « Des soldats israéliens assis par terre dans un camp de prisonniers », évoquant la chute du mythe de la supériorité militaire israélienne.

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