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Redessiner la carte de l’énergie

Aliaa Al-Korachi , Jeudi, 24 août 2023

Avec des opportunités d’investissement prometteuses dans le secteur des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert, l’Egypte déploie de plus en plus d’efforts pour passer à un système énergétique propre. Décryptage.

Redessiner la carte de l’énergie

En matière d’énergie renouvelable, l’Egypte avance à pas de géant. Dans le cadre de son plan visant à réaliser la transition vers des sources d’énergie propre, l’Egypte s’active sur plusieurs volets pour diversifier son bouquet énergétique, et ce, en augmentant la production et les investissements dans les énergies renouvelables. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement est actuellement en train d’actualiser la « Stratégie énergétique durable intégrée 2035 » pour l’adapter aux nouveaux changements comme notamment les possibilités de l’augmentation de la contribution des énergies nouvelles et renouvelables, ainsi que l’émergence de l’hydrogène vert comme source d’énergie d’avenir. Ainsi, cette actualisation vise à produire 42 % d’énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2030 au lieu de 2035. En effet, selon un rapport publié par le centre des médias du Conseil des ministres en février dernier, les énergies renouvelables ont multiplié par 7 la productivité de l’électricité en Egypte depuis 2015 jusqu’à nos jours. Outre l’augmentation de la production d’énergie renouvelable, la première phase expérimentale de l’usine d’hydrogène vert, d’une capacité de production de 100 mégawatts, vient d’être lancée dans la zone industrielle d’Al-Aïn Al-Sokhna, dépendant de la zone économique du Canal de Suez. Cette phase doit permettre de produire 15 000 tonnes d’hydrogène vert comme matière première et environ 90 000 tonnes d’ammoniac vert par an.

La nouvelle « Stratégie nationale de l’hydrogène vert », qui verra prochainement le jour, s’est donné pour objectif ambitieux l’exportation de 5,6 millions de tonnes d’hydrogène vert par an, soit 8 % du marché international de l’hydrogène vert. Sur un autre volet, l’Autorité générale de la zone économique du Canal de Suez a annoncé, la semaine dernière, le succès de la première opération d’approvisionnement d’un porte-conteneurs en carburant vert « méthanol » dans le port de l’Est de Port-Saïd. Cette opération, la première de son genre en Egypte et dans la région du Moyen-Orient, s’inscrit dans le cadre du plan visant à faire du Canal de Suez un centre régional pour l’industrie de l’énergie verte d’ici 2030.

L’Egypte, un acteur actif

En effet, l’Egypte regorge de ressources de l’énergie, notamment solaire et éolienne, ce qui lui permet de jouer un rôle actif dans les marchés d’énergies vertes. Selon un rapport publié l’année dernière par l’organisation Global Energy Monitor (GEM), la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord dispose d’énormes capacités pour établir des projets géants de production d’énergie éolienne et solaire, en raison de son climat favorable et de son ensoleillement presque toute l’année. L’Egypte arrive en tête de liste des pays arabes qui produisent le plus d’électricité à partir de l’énergie renouvelable avec une capacité de production de 3,5 GW. En outre, selon la GEM, l’Egypte arrive également en tête de liste des pays arabes en termes de nombre de projets visant à localiser l’industrie de l’hydrogène vert, avec environ 23 projets sur un total d’environ 73 projets dans l’industrie de l’hydrogène au niveau du monde arabe. Selon une autre étude réalisée par le cabinet Deloitte, l’Egypte a les moyens de devenir le principal exportateur d’hydrogène vers l’Europe en 2050 grâce à sa proximité géographique avec le vieux continent et aux pipelines de gaz naturel déjà existants. « Les défis actuels auxquels le monde fait face, ainsi que leurs répercussions économiques, sociales et environnementales, ont posé une question cruciale sur la manière de surmonter ces défis et d’avancer vers un avenir plus durable et prospère. Dans ce contexte, le secteur électrique égyptien n’est pas loin de ces défis et opère dans des circonstances exceptionnelles : les fluctuations des prix de l’énergie, les engagements liés aux émissions de gaz à effet de serre, la crise de la chaîne d’approvisionnement, en plus des défis de financement et de taux d’intérêt élevés », a déclaré Mohamad Chaker, ministre de l’Electricité et des Energies renouvelables, en soulignant que « le secteur de l’électricité ne ménage aucun effort pour maximiser l’utilisation de l’énergie propre autant que possible, en tenant compte de la stabilité du réseau de transport d’électricité ».

Energie propre : Quel avenir ?

L’industrie de l’énergie propre connaît une mutation profonde dans le monde avec l’accélération du passage progressif aux énergies renouvelables comme alternatives aux énergies traditionnelles coûteuses et polluantes. Certes, le chemin pour la transition vers un système énergétique propre est long mais chaque phase a ses avantages. Selon les estimations de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), 90 % de l’électricité mondiale devrait être produite à partir d’énergies renouvelables d’ici 2050. Et chaque dollar investi dans le secteur des énergies renouvelables permet de créer 3 fois plus d’emplois que dans le secteur des combustibles fossiles. En outre, l’hydrogène vert est le meilleur moyen d’investir dans la production d’énergie excédentaire à partir de sources alternatives ou renouvelables, dont la technologie n’a pas réussi à résoudre le problème de stockage.

Quel avenir donc pour les énergies renouvelables en Egypte ? « L’Etat offre de nombreux avantages pour stimuler les investissements dans les énergies renouvelables en Egypte en allouant de vastes étendues de terres pour mettre en place des projets de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables et en fournissant des études d’impact environnemental et des informations aux investisseurs via l’Atlas éolien et solaire, ainsi que des incitations et exonérations douanières », souligne Chaker, avant de conclure que « l’Egypte multiplie les démarches afin de créer un environnement législatif, réglementaire et institutionnel favorable à l’utilisation des énergies renouvelables et l’hydrogène vert ».

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