Un vent de renouveau souffle sur le grand port d’Alexandrie. Erigé sur près de 500 000 m2, le terminal polyvalent Tahya Misr au poste d’amarrage 55-62 dans le port d’Alexandrie vient d’être mis en service le 15 juin. En construction depuis plus de 2 ans et demi, le terminal a une capacité globale d’accueillir de 12 à 15 millions de tonnes de marchandises par an et recevoir simultanément de 6 à 7 gros navires. Mise en oeuvre avec un investissement à 100 % égyptien, la station de Tahya Misr jouera également un rôle vital dans le secteur des transports en tant que chaîne de liaisonclé dans la ligne ferroviaire électrique à grande vitesse en cours de construction, qui reliera le port de la mer Rouge d’Al- Aïn Al-Sokhna aux ports méditerranéens d’Alexandrie et de Marsa Matrouh. « Le développement des ports contribuera à placer l’Egypte sur la carte mondiale de la concurrence dans différents domaines et lui permettra de bénéficier de ses capacités et de son emplacement maritime stratégique », a déclaré le président Abdel-Fattah Al- Sissi lors de la cérémonie d’inauguration de la station Tahya Misr. Le président a également levé le drapeau sur le navire Wadi Al-Molouk, le plus grand et plus moderne de la flotte commerciale de l’Egypte, et a inauguré d’autres projets par le biais de visioconférences, notamment le port sec du 6 Octobre, ainsi que les travaux d’aménagement du port terrestre de Salloum et du brise-lames du port de Damiette.
En effet, le secteur portuaire maritime est en pleine évolution. Ce dynamisme s’inscrit dans un plan ambitieux de développement à plusieurs volets des ports tout le long de la mer Rouge et de la Méditerranée. Pour réaliser cet objectif, le ministère du Transport a élaboré une stratégie intégrée à court et moyen termes (2024-2030) qui vise non seulement à améliorer son infrastructure maritime et optimiser ses capacités portuaires, mais aussi à stimuler la compétitivité des ports égyptiens, créer de la valeur ajoutée, attirer les investissements et activer le flux d’importation et d’exportation.
Des enjeux d’envergure
Le projet de développement des ports égyptiens comprend 80 projets d’un coût total de 129 milliards de L.E. Il prévoit la construction de nouveaux quais d’une longueur de 35 km et l’approfondissement des voies de navigation pour que les ports puissent assimiler jusqu’à 370 millions de tonnes au lieu de 185 millions par an, et plus de 22 millions de conteneurs équivalant 20 pieds (EVP) au lieu de 12 millions par an. En effet, les efforts déployés par l’Egypte ces dernières années pour renforcer le secteur de la logistique portuaire commencent à porter leurs fruits. L’indice de performance logistique de l’Egypte pour l’année 2023 publié par la Banque mondiale, qui mesure la capacité des pays à assurer une circulation internationale des marchandises dans des délais rapides et avec fiabilité, a enregistré un bond de 10 degrés. Et ce, malgré 3 années de perturbations sans précédent des chaînes d’approvisionnement pendant la pandémie de Covid-19. L’Egypte occupe maintenant la 7e place de la liste du monde arabe, la 3e en Afrique et la 57e place au niveau du monde.
Quels sont donc les enjeux de développement portuaire ? L’emplacement maritime de l’Egypte, reliant la mer Méditerranée et la mer Rouge via le Canal de Suez, est d’une importance stratégique. « Les ports égyptiens sont l’artère qui relie l’économie égyptienne à l’économie mondiale. Ainsi, l’amélioration des compétences et capacités logistiques des ports est une nécessité nationale, puisque près de 90 % des flux commerciaux internationaux du pays passent par le transport maritime », explique Saber Shaker, expert économique. Et d’ajouter : « La concurrence entre les ports ne cesse de s’évoluer. Elle a dépassé les limites d’attirer des navires et des marchandises vers la concurrence pour gagner un taux de valeur ajoutée et de services logistiques. Autrement dit, le succès des ports maritimes repose aujourd’hui sur la disponibilité d’une capacité hautement compétitive en efficacité et en productivité dans les services liés à l’accueil des navires, à la manutention des marchandises, à la prestation de services logistiques à haute valeur ajoutée. Plus le développement et l’expansion de l’infrastructure et de la superstructure du port sont importants, plus sa capacité à attirer davantage de navires et de trafic de marchandises est grande ».
Une vision intégrée
Quels sont les grands chantiers ? Outre le développement du grand port d’Alexandrie qui gère environ 65 % du commerce de l’Egypte, l’expansion et la modernisation de15 autres ports sont aujourd’hui en cours : les ports de Safaga, Aïn Sokhna, Damiette, Port-Saïd Est, Gargoub et Bérénice. En parallèle, l’Egypte travaille à renforcer son réseau ferroviaire pour relier ces ports aux zones industrielles et centres logistiques.
Sur un autre volet, pour fluidifier les flux de marchandises, de nombreux couloirs logistiques ont été créés. Selon beaucoup d’analystes, ces couloirs jouent un rôle vital dans l’augmentation de la part de l’Egypte dans le commerce de transit. Parmi les corridors les plus importants, on peut citer l’axe logistique Sokhna- Alexandrie, qui s’étend du port d’Al-Aïn Al-Sokhna sur la mer Rouge, en passant par le port sec du 10 du Ramadan et la zone logistique associée, ainsi que la zone industrielle du 10 du Ramadan, pour atteindre Le Caire. En outre, il existe le corridor logistique Arich-Taba, partant du port maritime d’Al-Arich sur la mer Méditerranée et s’étendant jusqu’au port de Taba sur le golfe de Aqaba, en passant par le Sinaï. Enfin, le corridor logistique Gargoub-Salloum qui débute du port maritime de Gargoub et rejoint le port terrestre de Salloum en passant par la zone logistique est du port de Salloum.
Le processus de développement n’est pas seulement une question d’amélioration des infrastructures, des quais et des zones logistiques dans ces ports. Il est aussi lié à la modernisation des systèmes de gestion et douaniers. Afin de simplifier les procédures de dédouanement dans les ports et accroître la compétitivité, le gouvernement a mis en place un nouveau système douanier intitulé Advanced Cargo Information (ACI). Il s’agit d’une technologie basée sur la chaîne de blocs qui permettra de vérifier et de dédouaner les marchandises avant qu’elles n’atteignent les ports égyptiens. Ce processus contribue également à renforcer les systèmes de gestion des risques.
Bref, toutes ces initiatives visent à positionner l’Egypte comme un acteur-clé dans l’industrie maritime mondiale.
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