« Le rôle de l’Etat face aux perturbations démographiques », tel est le titre d’une étude récemment élaborée par le Conseil national de la population, un organisme chargé d’étudier les enjeux démographiques et de proposer des politiques générales pour y faire face. Composée de 22 pages, cette étude passe en revue les défis et les opportunités de la croissance démographique. Pour l’Egypte, la forte croissance démographique constitue un défi majeur face à la réalisation des objectifs du développement national global. La forte densité de population se trouve au coeur de cette problématique. Puisque 99 % de la population égyptienne vit dans un espace d’environ 6,8 % de la superficie totale, le long de la Vallée du Nil et du Delta. « Cette situation a entraîné une augmentation de la densité en général et dans certaines grandes villes en particulier, ainsi qu’une augmentation du taux d’accroissement de la population dans les zones urbaines en raison du phénomène de migration interne de la campagne vers la ville », note le rapport, qui ajoute : « Afin de faire face à ces défis, il était nécessaire de commencer à construire une série de nouvelles villes loin des endroits surpeuplés et des terres agricoles, près du Delta et autour du Caire, dans les terres désertiques. Le problème démographique ne se limite pas seulement à la croissance de la population, mais aussi à une répartition urbaine inégale ».
Selon le rapport, il existe 3 dimensions du problème démographique qui se chevauchent et s’entrecroisent en Egypte. D’abord, la croissance démographique accélérée. Le nombre d’habitants de l’Egypte a changé au cours du siècle dernier, passant d’environ 13 millions en 1920 à 37 millions en 1970, puis à 100 millions en 2020, avant d’atteindre 104 en mai 2023. La structure démographique en constante évolution constitue une autre dimension du problème démographique. Ensuite, la pyramide des âges de l’Egypte a connu un grand changement entre les recensements de 2006 et de 2017. La base de la pyramide s’est élargie, indiquant une forte proportion des jeunes. Alors que le pourcentage de la population de moins de 5 ans dans le recensement de 2006 était d’environ 10,6 %, ce pourcentage est passé à 13,6 % en 2017, et a baissé à 12,4 % dans les estimations de 2020, ce qui a exercé une pression sur le marché du travail et a accru les disparités sociales et économiques entre les différentes tranches de la société. Enfin, la répartition inégale de la population constitue un autre défi à relever. Le gouvernorat du Caire reste la ville la plus peuplée avec 10,6 % de la population totale, suivi du gouvernorat de Guiza avec 9,1 % des habitants, puis du gouvernorat de Charqiya, avec 7,6 % de la population totale. En revanche, les gouvernorats du Sinaï du Sud, de la Nouvelle Vallée et de la mer Rouge figurent parmi les gouvernorats les moins peuplés, malgré le potentiel important et disponible dans ces villes.
25 % de plus de zones habitées d’ici 20 ans
Selon le rapport, parmi les objectifs de la stratégie du développement durable 2030, il est question d’ouvrir la voie à l’installation de millions de personnes en dehors de la vallée étroite, pour étendre l’espace habité à 25 % d’ici 20 ans, ainsi que d’établir une série de nouveaux villes et villages autour du Delta et de la Vallée, afin qu’ils deviennent des centres de développement qui attirent les habitants, comme la ville d’Al-Alamein, qui s’étend sur environ 75 000 feddans et qui devrait accueillir de 4 à 5 millions d’habitants, ainsi que la Nouvelle Capitale administrative et la ville de Port-Saïd-Est, qui devrait compter environ 1,5 million d’habitants. Dans ce contexte, l’étude a passé en revue des expériences internationales en matière de construction des cités nouvelles, comme par exemple l’expérience de la Grande- Bretagne, de la France et des Etats-Unis, qui visaient à réduire la pression démographique sur leurs capitales, en tenant compte de la sélection appropriée de nouveaux sites, de la nature de la terre et du sol, des services publics tels que l’eau, l’électricité, le gaz, l’assainissement, les moyens de transport et de communication existants, et le développement potentiel de ces sites dans l’avenir.
L’étude a également souligné l’importance d’implanter de nouvelles usines dans les nouvelles villes afin d’attirer la main-d’oeuvre et d’ouvrir surtout de nouveaux axes de développement dans les zones inhabitées qui disposent de ressources naturelles pouvant être exploitées pour reconstruire ces zones et y attirer des habitants. Le développement des moyens de transport figure parmi les recommandations avancées par l’étude, qui souligne également l’importance d’encourager la participation du secteur privé comme un acteur-clé dans le processus de développement.
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