« Le coronavirus ne constitue plus une urgence sanitaire mondiale », a déclaré l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui a mis fin à son niveau d’alerte le plus élevé après plus de 3 ans de pandémie (celle-ci avait été annoncée le 30 janvier 2020). « Depuis plus d’un an, la pandémie suit une courbe descendante en raison notamment du renforcement de l’immunité de la population mondiale et des efforts de vaccination. Le nombre de décès a nettement baissé et la pression sur les systèmes de santé a été réduite », a expliqué le directeur général de l’OMS, Tedros Ghebreyesu. Cependant, l’annulation du niveau d’alerte le plus élevé ne signifie pas que le danger est passé. « L’état d’urgence peut être appliqué à nouveau, si le statu quo change », a souligné Ghebreyesus. Le nombre de décès dus au coronavirus a nettement diminué comparé à celui des pires moments de la pandémie. Les données de l’OMS indiquent que le taux de mortalité dû à la pandémie a nettement ralenti, passant de 100 000 cas par semaine en janvier 2021 à environ 3 500 cas fin avril 2023. Hossam Abdel-Ghaffar, porte-parole du ministère de la Santé et de la Population, a déclaré que le coronavirus est « fini » en tant que pandémie. Mais en tant que virus, il continue de se propager comme la grippe. « Les nouvelles mutations sont normales et moins graves que les précédentes, comme le variant Delta et Delta Plus. Les vaccinations ont permis de soulager la pression sur les hôpitaux. Les vaccinations continuent, et les citoyens doivent les effectuer pour renforcer l’immunité du corps. La plupart des pays ont franchi la barre des 70 % de vaccination », a ajouté Abdel-Ghaffar.
La pandémie a fait près de 7 millions de morts (chiffre fourni par l’OMS qui ne prend en compte que les morts officiellement déclarés, mais le chiffre réel pourrait dépasser les 20 millions de morts). 65 millions de personnes ont été contaminées par le Covid-19 dans le monde.
La prudence s’impose
En dépit de cette nouvelle réalité, les experts de la santé estiment que la situation épidémiologique est « surveillée », surtout pour les groupes les plus vulnérables comme les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques. « La pire chose qu’un pays pourrait faire maintenant serait de baisser la garde, ou d’envoyer un m e s s a g e à la population disant que le Covid-19 n’a rien d’inquiétant », a déclaré le directeur de l’OMS. Selon le Dr Amgad Al-Haddad, consultant en allergie et en immunologie : « Le virus est toujours là. Il est faible, mais dangereux pour les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques ». Des personnes ayant guéri du Covid continuent de souffrir de symptômes persistants : éruptions cutanées, urticaires, démangeaisons, fibrose pulmonaire, douleurs à la poitrine, inflammation des nerfs et des articulations, explique Al- Haddad. Cet état est appelé « infection post-Covid-19 ». « Le nombre de personnes atteintes de ce syndrome a commencé à augmenter. La raison de ce syndrome est qu’une grande partie de la population n’a pas consulté de médecin et s’est contentée de suivre le protocole, croyant qu’elle allait se remettre du Covid-19. Cependant, de nombreux patients rétablis ont été surpris, deux semaines après leur guérison, par l’apparition de ces symptômes étranges ».
Selon l’OMS, environ 10 à 20 % des patients rétablis subissent divers effets à moyen et à long termes après la récupération initiale. Une étude récemment publiée dans le British Medical Journal (BMJ) affirme que 32 patients sur 100 atteints du coronavirus en 2020 ont présenté des symptômes ayant nécessité des soins médicaux dans les mois qui ont suivi l’infection. Les symptômes les plus courants annoncés par l’OMS sont une fatigue intense, de l’essoufflement et des troubles cognitifs (comme la confusion, la perte de mémoire ou le manque de concentration ou de clarté mentale). Ils peuvent affecter la capacité d’une personne à mener à bien ses activités quotidiennes, comme le travail ou les tâches ménagères. En Egypte, le symptôme le plus courant est la perte de l’odorat et du goût, comme l’a confirmé le porteparole du ministère de la Santé.
« Certaines personnes ont perdu leur odorat même après leur rétablissement, il y a aussi d’autres symptômes comme l’inflammation du muscle cardiaque et les troubles mentaux », a confirmé Abdel-Ghaffar. Existe-t-il un remède à ces infections ? « Les recherches dans ce domaine nécessitent des investissements importants. C’est pourquoi nous avons demandé aux donateurs de soutenir des études de recherche sur les infections post-Covid-19 », souligne Ahmed Al- Mandhari, directeur régional de l’OMS. Al-Haddad estime que les vaccins ont un rôle majeur à cet égard : « Se faire vacciner réduira considérablement la gravité et la force de l’infection. En plus, commencer un bon traitement contre le virus évite grandement les complications. Le respect des gestes barrières est très important pour qu’ils deviennent un mode de vie, car cela protège contre toute infection virale ou respiratoire ».
Quelques leçons
Alors que le monde passe à l’étape de la coexistence avec le virus, un traité international sur les pandémies est en cours de préparation. Il s’agit de tirer les leçons de la pandémie à tous les niveaux en recommandant un échange rapide d’informations entre les pays pour le suivi et la surveillance des agents pathogènes. Dr Mohamed Ahmed, professeur de virologie au Centre national des recherches, estime qu’un système solide de surveillance est nécessaire afin de détecter les agents pathogènes et toute nouvelle mutation du virus qui pourraient modifier sa composition génétique et lui donner de nouvelles caractéristiques. Le projet de traité international propose aussi des dispositions relatives à la distribution équitable des vaccins en soutenant les renonciations temporaires aux droits de propriété intellectuelle pour permettre leur fabrication rapide. Un fait que le Dr Mohamed Ahmed considère comme « positif », car il répond aux principales faiblesses qui ont été détectées pendant la pandémie, notamment l’accès aux vaccins dans les pays à faible revenu par rapport aux pays à revenu élevé. Environ 73 % des personnes ont reçu au moins une dose du vaccin contre le Covid-19 dans les pays riches, tandis que seulement 31 % des personnes dans les pays à faible revenu ont reçu une ou plusieurs doses. Dr Ahmed souligne la nécessité de rechercher des solutions nationales et de ne pas compter uniquement sur les solutions internationales. Il estime que les pays doivent soutenir la recherche scientifique et orienter davantage de financement vers les centres de recherche nationaux en faisant confiance en leurs résultats.
Dr Achraf Hatem, président de la commission de la santé au parlement et membre du comité supérieur sur les virus respiratoires, affilié au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, est du même avis. Selon lui, « l’Egypte a tiré les leçons de la pandémie. Elle a réussi à transférer sur son sol la technologie de fabrication des vaccins, grâce à la production de vaccins chinois contre le Covid-19 par l’Autorité égyptienne des vaccins et des sérums (Vacsera) ». Il souligne la nécessité de modifier les lois sur l’assurance maladie pour inclure la prévention en plus du traitement. « Nous l’avons compris et nous cherchons actuellement à modifier la loi sur l’assurance maladie pour y inclure également la prévention, permettant aux assurés de bénéficier de l’obtention de vaccins contre les maladies virales dans le cadre du système d’assurance », conclut-il.
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