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Les conditions de réussite de la ZLECAf

Ghada Ismaïl, Jeudi, 02 mars 2023

Accélérer l’opérationnalisation de la ZLECAf est l’une des priorités de la présidence égyptienne du NEPAD. Plusieurs conditions doivent être réunies à cet effet.

Les conditions de réussite de la ZLECAf

 « LEgypte tient à accélérer lopérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine ZLECAf et oeuvre à la finalisation des protocoles restants ». C’est ce qu’a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, en marge du 36e Sommet de l’Union Africaine (UA) tenu les 18 et 19 février dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, alors que l’UA tient à « faire de la ZLECAf le levier de lintégration économique ». En octobre 2022, l’Egypte a conclu la première transaction commerciale portant sur l’exportation de produits alimentaires au Ghana, dans le cadre de la ZLECAf. Réussir l’opérationnalisation de cet accord devient aujourd’hui une nécessité urgente pour l’Afrique qui fait face à de nombreux défis en raison de la guerre en Ukraine.

En janvier 2021, tous les pays membres de l’UA, à l’exception de l’Erythrée, ont signé l’accord, et 35 l’ont ratifié. Selon des estimations, l’accord permettrait de créer 18 millions d’emplois supplémentaires et pourrait contribuer à sortir jusqu’à 50 millions de personnes de l’extrême pauvreté d’ici 2035. Le processus de l’opérationnalisation de la ZLECAf passe par plusieurs étapes. La phase I, entrée en vigueur en 2019, a fourni un cadre pour la libération progressive des lignes tarifaires concernant le commerce des marchandises et l’égalité de traitement entre les produits nationaux et les pays originaires des autres pays membres de la ZLECAf. Quant au commerce des services, les pays africains sont convenus de réaliser la libéralisation progressive de 5 secteurs prioritaires : tourisme, services financiers, services aux entreprises, télécommunications et transport. Les négociations de la phase II, qui portent sur les protocoles relatifs à l’investissement, aux droits de propriété intellectuelle, à la concurrence et au commerce électronique sont toujours en cours.

Deux scénarios

« La signature de laccord nest donc quune première étape. Il faudra aller beaucoup plus loin pour recueillir tous les bénéfices potentiels de la ZLECAf en matière de commerce, dinvestissement et demploi », a souligné Mari Elka Pangestu, directrice générale de la Banque Mondiale (BM) pour les politiques de développement et les partenariats, dans une étude publiée la semaine dernière par la BM. Cette étude pose une question importante : « Lintégration commerciale africaine pourrait-elle être un tournant ? ». Les frontières en Afrique sont classées parmi « les plus restrictives au monde », ce qui explique, selon l’étude de la BM, « la faiblesse relative des échanges et des investissements intra-africains ». Ainsi, « lopérationnalisation effective de la ZLECAf dépendra de la réussite des négociations et de la mise en oeuvre de lintégralité des objectifs les plus ambitieux de laccord », souligne l’étude, avant d’ajouter : « La concrétisation effective des engagements de la ZLECAf sur le terrain doit devenir une priorité pour les signataires de laccord, et il faudra pour cela une volonté et une impulsion politiques ».

Autre enjeu : « Le secteur privé africain, notamment les PME qui pourraient bénéficier de la zone de libre-échange, doit mieux maîtriser les différentes dispositions de laccord pour savoir comment cellesci, par exemple la libéralisation du commerce des services, peut être mises à profit pour développer leurs activités ».

La Banque mondiale a élaboré deux scénarios pour montrer les avantages de la libéralisation des échanges, et ceux liés à la hausse des investissements. Le premier scénario rend compte des Investissements Directs Etrangers (IDE) supplémentaires que la ZLECAf devrait attirer, en provenance d’Afrique et d’autres parties du monde. Selon ce scénario, le revenu réel pourrait encore augmenter pour atteindre environ 8 % en 2035, et le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté diminuerait de 45 millions. Le deuxième scénario évalue « limpact de lharmonisation des politiques en matière dinvestissement, de concurrence, de commerce électronique et de droits de propriété intellectuelle ». Selon l’étude, une intégration plus poussée dans ces domaines permettrait de créer des marchés équitables et performants, d’améliorer la compétitivité et d’attirer encore plus d’IDE en limitant les risques liés aux changements de réglementation et de politique. Selon les estimations de la BM, ce scénario permettrait de générer des augmentations de revenus de 9 % d’ici 2035 et de réduire de 50 millions le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté. « Il appartient maintenant aux Etats membres de prendre linitiative, en collaboration avec le secteur privé et la société civile, pour faire en sorte que la promesse de la ZLECAf puisse enfin changer la donne en Afrique, pour le plus grand bien de ses habitants », conclut le rapport.

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